Arrivée de Sadnezz

Sadnezz arriva tard dans la matinée. Les yeux rivés sur les remparts du château elle avait guetté le vouguier et avait pu rentrer sans encombre... Drôle de bonhomme que celui ci, avec son regard si dérangeant. Sa monture lui fut confiée et elle la Corleone put enfin rejoindre l'édifice sombre, à la recherche du maître des lieux. Elle se fit annoncer et monta paisiblement les grandes marches jusqu'à trouver la chaleur d'un foyer qui n'était pas toujours aussi vigoureux pour réchauffer les pierres d'Arquian de ce qu'elle avait pu en voir par le passé. Sa nuit avait été courte, entre discussions et réflexion, Sadnezz n'avait pour ainsi dire presque pas fermé l'oeil de la nuit. Elle affichait un tient un peu pâle et des traits visiblement tirés, mais son attitude laissait percevoir un calme plat.

Elle s'assit près du feu pour attendre Theognis, comme il le lui avait demandé la veille... Ce jour était spécial pour la brune, c'était jour de serment, jour de toucher du doigt la vie des dragons bourguignons qu'elle n'avait fait qu'effleurer jusqu'ici. Ho bien sur elle avait eut bien des idées pour refaire sa vie, mais jamais elle n'aurait pensé atterrir ici, dans ce château, dans cette espèce de famille à laquelle elle ne pouvait cacher s'être attachée au fil du temps.

Theo lui avait proposé d'être des leurs, elle avait demandé le temps de la réflexion, et n'avait pas dissimulé son hésitation. C'est qu'on l'avait demandée ailleurs, là ou elle disait ne jamais vouloir mettre les pieds, et que chose encore plus inédite: elle avait hésité. La nuit avait donc joué son rôle et apporté ses conseils, et elle avait retenu un argument de choix parmi tous ceux que son ami lui avait avancé: la liberté. Dans le passé, le mercenariat l'avait bercée, d'abord chez les LB, puis les immortels. Elle avait longtemps trainé ses bottes auprès de frères d'armes qu'elle avait pour beaucoup, perdu de vue. La camaraderie, les entrainements et les allégeances, elle connaissait comme une vieille musique... Mais la liberté manquait. Sadnezz arrivait donc sur les terres du baron ce matin, libre de toutes idées d'engagement désuet, confiante quand à son futur en bourgogne.

L'Eclat de Prométhée Messages : 607 Date d'inscription : 06/11/2007

Il rentrait d'une tournée d'inspection de son domaine. Une poignée de collets en bordure des chemins, signe que la loi sur les privilèges de la chasse seigneuriale n'était guère crainte dans les parages. Et pour cause, le Baron n'aimait pas la chasse. Le souvenir de Gaborn? Théo y réfléchissait tout en franchissant la grille d'entrée du château. Il lui semblait qu'un jour, il prendrait gout à ce loisir, comme son ami Erik, le faucon au poing. Sa silhouette hiératique avait produit une forte impression sur lui, et il songeait sérieusement à doter ces vieilles pierres d'une fauconnerie. Mais, pour l'heure, les braconniers, comme le Vétéran, coulaient des jours paisibles sur les Terres d'Arquian.

En mettant pied à terre, il apprit la venue de Sadnezz. Enchanté, il se rendit directement dans le Grand Salon, la pièce la mieux ameublée du château, avec ses tapisseries vénitiennes couvrant les murs. Mais il savait que Sad n'était pas venue ici pour admirer l'architecture ou la décoration de la forteresse. Parcourant rapidement les couloirs si souvent arpentés, il franchit d'un pas égal le seuil de la porte du Salon, et, portant ses mains vers elle, il cueillit les siennes avec un sourire amical éclairant son visage. Chacune s'offrit au soupir de ses lèvres, avant que le Baron ne se relève pour lui parler:

Bienvenue sur les Terres d'Arquian! Ou plutôt, rebienvenue.... En cette saison, la route n'est pas facile, et les buissons pleins de dangers, mais ce n'est pas ces broutilles qui peuvent t'arrêter, n'est ce pas,bella donna?

Lui présentant son bras, il l'invita à le suivre:

Comme tu es une femme qui n'aime guère les paroles inutiles, je vais te conduire aux bâtiments dédiés à l'entraînement, aux repas, et au repos des Dragons. Mais c'est plutôt un lieu de rassemblement, pour recruter du monde ou avant les grandes chevauchées.

L'endroit n'était pas loin. Surtout que Sad et Théo prenaient beaucoup de plaisir à converser ensemble. Une fois sur place, il lui désigna un rocher blanc ancré dans la terre.

Avant que les murs n'entourent cet endroit, se tenait ici, en observation de la route en contrebas, une des plus célèbres brigandes de la région. On disait que quiconque croisait son regard de feu sentait son cœur brûler, et ses forces l'abandonnaient aussitôt. Insaisissable, elle régnait sur la région, et son rire résonnait loin dans la vallée. Mais le curé du village, en croisant sa route lors d'une funeste soirée, tomba éperdument amoureux d'elle. Il lui offrit tout ses biens, et promit de quitter son habit religieux si elle voulait bien être sa compagne pour l'éternité. Elle refusa tout net, en se moquant de lui.
Alors, le prêtre, le cœur dévoré de haine, rassembla ses ouailles et, lors d'une cérémonie solennelle, maudit le nom de la brigande. Peu après, il arriva qu'elle rata une embuscade, perdant un de ses compagnons dans l'échauffourée. Ses autres acolytes murmurèrent alors qu'elle était devenue maudite, et peu à peu, ils s'en persuadèrent....
La brigande, abandonnée, seule, le cœur empli de rage, alla trouver le curé en pleine messe, et le tua d'un coup de poignard dans la gorge. Elle fut maîtrisée par les fidèles, et enfermée dans la petite église. Quelques jours après, des sergents d'armes venaient la chercher pour la conduire à son procès, en ville. Elle fut condamnée aux galères pour vingt ans....
Les villageois disent maintenant que, certains jours de vent, on entend le curé se lamenter sur son sort. Et qu'elle lui répond, venant d'une autre vallée, et ils se rejoignent sous la frondaison d'un grand chêne, pour mêler leurs souffles en se demandant pardon.
Jolie histoire, n'est ce pas?

Se tournant vers elle, il lui demanda simplement:

Veux-tu être des Dragons?

Il arriva enfin, son air était des plus radieux et Sad lut dans ses yeux le regard des bons jours... Les lèvres de son ami vinrent chatouiller ses mains et lui rappela combien il était bon de le quitter souvent pour mieux le retrouver. Sadnezz qui était peu conventionnelle lui rendit un baise main digne de ceux qui savent faire les meilleures courbettes, la sincérité en plus.

Bienvenue sur les Terres d'Arquian! Ou plutôt, rebienvenue.... En cette saison, la route n'est pas facile, et les buissons pleins de dangers, mais ce n'est pas ces broutilles qui peuvent t'arrêter, n'est ce pas, bella donna?

Je ne peux que te confirmer ces dires Theo...

Elle saisit le bras de Théognis et se laissa guider tout en l'écoutant, un imperceptible sourire naissant au coin de ses lèvres.

Comme tu es une femme qui n'aime guère les paroles inutiles, je vais te conduire aux bâtiments dédiés à l'entraînement, aux repas, et au repos des Dragons. Mais c'est plutôt un lieu de rassemblement, pour recruter du monde ou avant les grandes chevauchées.

Elle hocha la tête chemin faisant, plongée dans un silence de méditation. Leurs pas les menèrent vers un rocher ou Théo lui raconta une histoire tout a fait intéressante, elle y crut même devoir lire entre les lignes mais s'abstint, passionnée par ce genre d'histoires tourmentées.

Jolie histoire...

Ses yeux s'attardèrent sur la pierre claire et Sad entendait encore les rumeurs de cette fameuse brigande dans son esprit. ceux de theognis se tournèrent vers elle et il lui manda simplement

Veux-tu être des Dragons?

Sadnezz plissa un peu les yeux, observa le faciès de son hôte. Amis, Amant, Confident. Qu'importait la nature de leur relation, elle avait décidé de lui offrir plus que tout cela. Sa confiance sur un plateau, avec un couteau dessous. Elle ne se sentirai pas asservie à la Baronnie d'Arquian si elle n'avait jamais à se servir de la lame...C'était une image bien entendu, sa confiance contre son dévouement, c'est tout ce qu'elle pouvait donner. Ainsi elle prit un air moins évasif et acquiesca .

Oui Theo, j'en serais. Tu peux compter sur mes talents, je les mettrais à ton service et à ceux d'Arquian.

Il avait choisit de la surnommer Bella donna, petit hommage à la Belladonne, cette plante aux fleurs et baies hautement toxique et a son nom italien... L'idée lui avait plu.

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