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 Une visite d'au revoir

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Sindanarie

Sindanarie


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MessageSujet: Une visite d'au revoir   Une visite d'au revoir Icon_minitimeSam 6 Fév - 2:19

[Demoritur ea te*]

La nouvelle l’avait laissée blême. Plus blême que de coutume, c’était sûr, malgré la pâleur naturelle du teint de la jeune femme. Et, alors qu’elle regagnait, troublée, agitée, l’auberge de Sémur dans laquelle elle séjournait pour quelque temps, hésitant encore à déménager, une solution qui n’en était pas une se présenta à son esprit. Avec un peu de chance il passerait par son domaine avant de partir pour le Sud… Et, après tout, il l’avait invitée, si sa mémoire était bonne, à passer en ses terres si elle venait à fouler le sol de Bourgogne. Elle devait y aller.

Le passage à l’auberge fut court, le temps de déposer la plupart de ses attributs de Licorneuse… C’est-à-dire sa cape azur frappée de l’animal mythique, remise à son entrée dans l’Ordre. Les Licorneux, si l’on en jugeait par sa réaction, devaient être bien mal considérés dans son entourage… Qu’importait. La bâtarde forgée dans les ateliers de Ryes ne quitterait pas sa ceinture, malgré sa marque de fabrique aisément reconnaissable. C’était sa sécurité, sa fidèle protection… Avec ses deux poignards, naturellement. Mais enfin, comme, en journée du moins, l’un ne quittait jamais sa botte et l’autre son avant-bras gauche, la question ne se posait même pas. Bref, passant en hâte un mantel noir sur ses vêtements de voyage, la jeune femme quitta l’auberge d’un pas rapide et enfourcha Vengeance, qu’elle n’avait même pas dessellée, avant de lancer la jument baie au galop.

La poussant sans relâche, si l’on exceptait quelques haltes nécessaires pour demander son chemin aux personnes qu’elle croisa dans la campagne bourguignonne, la jeune femme profitait néanmoins de ces instants de solitude parfaite. Seule sur un chemin, portée par Vengeance, cheveux dénoués volant autour de son visage. Avec le but qu’elle s’était choisi, avec les délais qu’elle s’était choisis. Seule dans un monde entre terre et ciel, petite tache de chaleur et de vie dans un paysage calme. Libre enfin, sans contrainte. Délicieuse sensation… Que l’air glacé lui était doux ! Etait-ce donc l’idée de quitter son Limousin, malgré tout adoré, de déménager, de tourner de longues pages de sa vie ? Qu’importait, après tout… Autant déguster l’instant présent.

Ce fut donc portée par cette impression de légèreté que la jeune femme arriva en vue du château, après avoir traversé une portion du domaine. D’un coup, la réalité de la situation lui revint en pleine face, portée par une rafale de bise coupante. L’heure n’était plus à la légèreté. Il fallait qu’elle lui parle. Il ne voudrait pas l’écouter, certes, mais, là encore, peu importait. Sans y prêter attention, elle poussait davantage Vengeance à mesure que le but se rapprochait. Reprenant ses esprits quand les sabots de sa monture frappèrent un sol mieux pavé que les sentiers qu’elle avait suivis, reprenant conscience de l’endroit où elle était et du fait que, contrairement aux gardes de Viam, ceux d’Arquian n’avait pas l’habitude (et pour cause !) de la voir ainsi débouler au galop, la cavalière fit ralentir la jument, l’amenant, dans un pas paisible, jusqu’au poste de garde. D’une voix calme, enrouée par le silence mais, néanmoins, impérieuse, reste de sa carrière militaire et de sa carrière politique à la fois, la jeune femme prononça à l’attention du garde :


Sindanarie Carsenac, venue voir le Baron Theognis d’Arquian.

Enfin, cette assurance dura juste le temps qu’elle mit à se rendre compte qu’elle n’était pas vraiment en position de donner des ordres à quiconque… D’une, parce qu’elle ressemblait plus à un roturier voyageur, avec son mantel noir et autres braies de voyage (et de même couleur, forcément…) semés de poussière, avec ses cheveux bruns dénoués tombant en longues mèches serpentines autour de son visage, de son cou et sur ses épaules, qu’à la noble compagnie qui devait fréquenter les lieux. De deux, la noblesse qui lui aurait donné un semblant de légitimité à sa visite au Baron n’était en rien inscrite sur son visage. Le sang de la maison d’Elicahre ne laissait pas apparaître son bleu sous sa peau diaphane. Et de trois… Elle n’était pas attendue. Brillante idée, n’est-ce pas ? Et si le Baron n’était pas au domaine, par-dessus le marché ?

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* Plaute, Miles Gloriosus
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Breiz
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Breiz


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MessageSujet: Re: Une visite d'au revoir   Une visite d'au revoir Icon_minitimeLun 8 Fév - 23:32

Un cri dans la cour, une Mathilde qui déboule sans frapper par l'entrée des domestiques, et un léger soupir. Pour une fois qu'elle trouvait le temps de se plonger réellement dans son travail d'intendante, quelqu'un se faisait annoncer à la porte du Château.

Elle jeta un coup d'œil autour d'elle, mal à l'aise. Elle avait toujours l'impression qu'on l'observait. Elle secoua la tête. Fausse impression, surement, légèrement inquiète à l'idée que Théo puisse mettre sa menace à exécution. Elle accepta la cape que Mathilde posa ses épaules et sortit, son fils sur la hanche.

Déjà, les gardes avaient ouvert les portes, et elle arriva sur le perron en même temps que la femme. Elle l'observa, sans s'en cacher. Vêtements noirs. Elle est riche. Cheveux dénoués, comme elle. Elle est veuve, comme elle. Une épée à sa ceinture. Guerrière.
Elle sourit.


Bonjour, dame, bienvenue à Arquian. Je suis au regret de vous annoncer que le Baron n'est pas ici pour l'instant, il guerroie en Provence. Je suis Breiz, son intendante, puis-je vous aider?
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Sindanarie

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MessageSujet: Re: Une visite d'au revoir   Une visite d'au revoir Icon_minitimeMar 9 Fév - 14:17

Quelques instants d'attente, pas grand chose si l'on comparait ce minuscule délai à ceux que l'on rencontrait à l'entrée de bien des châteaux. Et une dame se présenta, un jeune enfant sur la hanche, l'examinant rapidement, lui apprenant l'absence du Baron. Les joues habituellement pâles de la jeune femme lui semblèrent perdre toute trace de couleur. Oui, c'était logique, il avait dû prendre la route depuis quelque temps déjà... Le départ de son armée avait dû suivre de peu le sien, un ou deux jours à peine. Alors oui, il devait être parti, il devait probablement même être en Provence, comme cette dame le disait. Donc elle arrivait trop tard. Beaucoup, beaucoup trop tard.

Mais la moindre des politesses était de répondre à la femme qui s'était présentée comme étant l'intendante du Baron, de ne pas céder à l'impulsion qui lui ordonnait de tourner bride, de retourner à Sémur rassembler ses quelques affaires, et de traverser la France pour porter, plus tardivement encore, le pauvre message qu'elle apportait. Mettant pied à terre, car obliger quelqu'un à lever les yeux vers elle la gênait terriblement, et s'inclinant légèrement, Sindanarie commença :


Enchantée, Dame. Je crains que vous ne puissiez m'aider, à moins que vous ne sachiez comment joindre le Baron...

Emeraudes un instant voilées, baissées une seconde. Après tout, il y avait toutes chances pour qu'elle puisse le joindre, non ? L'intendant de Viam avait bien trouvé le moyen de la faire prévenir que la partie de la toiture qui était partie en fumée un mois plus tôt avait été restaurée et que le château ne prenait plus l'eau... Alors, cette dame pourrait sans doute également passer un message. Relevant le regard pour le fixer sur le visage de l'intendante, esquissant en retour un sourire quelque part entre gêné et timide, elle reprit :

Si... Si vous pouviez lui faire savoir qu'il marche sur cinq armées qui en ont déjà écrasé deux autres, je vous avoue que cela me soulagerait un peu.

D'un coup, une fois ce motif de visite énoncé, elle se sentit assez ridicule. Il le savait sans doute déjà, s'il foulait déjà le sol de Provence... Et quelques mots sortirent tout seuls.

Veuillez m'excusez de vous avoir dérangée...
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Breiz
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Breiz


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MessageSujet: Re: Une visite d'au revoir   Une visite d'au revoir Icon_minitimeSam 13 Fév - 3:08

Vous ne me dérangez pas dame, je ne fais que mon travail.

Elle la dévisage un instant, intriguée. Qui est-elle? Comment connait-elle Théo? A-t-elle été son amante? L'a-t-il trahie comme il sait si bien trahir ses amies?
Elle secoue imperceptiblement la tête, avant de reprendre :


Si je sais comment le contacter? Eh bien oui, je lui écrirais aussitôt que je saurais où exactement envoyer le pigeon... Il me faudra donc attendre qu'il en envoie un.

Elle sourit doucement à la femme inquiète. Étrange, qu'on fasse le déplacement depuis Aristote savait où pour venir le prévenir de quelque chose qu'il savait déjà et qu'il faisait sciemment...

Mais ne vous inquiétez pas, il le sait probablement déjà. C'est une tête brûlée mais pas un fou.

Mal à l'aise à l'idée de ne pouvoir mieux aider la femme, elle conclut

Si vous désirez prendre du repos avant de partir, Mathilde peut vous conduire dans un appartement et vous apporter de quoi vous sustenter et vous reposer.

Elle était venue seule, à cheval, donc elle ne logeait pas loin. Devait-elle tout de même lui proposer de rester pour la nuit? Elle hésitait. Et choisit finalement de n'en rien faire, quitte à passer pour une malotrue. Pourquoi imposer à quelqu'un ces pierres grises et oppressantes?
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Sindanarie

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MessageSujet: Re: Une visite d'au revoir   Une visite d'au revoir Icon_minitimeLun 15 Fév - 17:32

Soutenant le regard de l'intendante, dont l'esprit semblait plein de questions passées sous silence, Sindanarie attendait ses quelques mots comme un condamné attendrait le coup de hache qui le décapiterait. Pourrait l'en informer, ne le pourrait pas ? Ah, tout était affaire de pigeon... Oui, après tout, c'était plus que logique. Mais cela voulait dire que, si le Baron se manifestait, le message passerait, elle n'en doutait pas une seule seconde. Un léger soupir, qui ressemblait vaguement à un soupir de soulagement, échappa à la jeune femme, en même temps qu'un sourire se dessinait vaguement sur ses lèvres en réponse à celui de l'intendante. Il savait sur quoi il marchait... C'était toujours cela de pris.

Tête brûlée mais pas fou, par contre, cela restait à voir. Du moins, elle demeurait sceptique à ce sujet. Il aimait l'aventure, c'était manifeste, qu'il s'agisse de conquérir des terres ou des femmes. mais il ne lui avait pas donné l'impression de savoir s'arrêter... Mais sans doute était-ce une question de point de vue. Et ne pas s'inquiéter... Il était bien trop tard déjà, aussi irrationnel que cela puisse paraître. Avoir là-bas un cousin et une amie était déjà assez pénible, encore que l'incertitude était le pire des maux auxquels elle pouvait se trouver confrontée. C'était d'ailleurs curieux qu'elle se soit ainsi précipitée à Arquian, au lieu d'envoyer un pigeon à l'aventure en Provence, vers ceux qu'elle connaissait réellement... Et cela resterait une incohérence que la jeune femme ne chercherait pas à expliquer, de peur de se heurter à une réponse trop bien connue, laquelle réponse se serait trouvée tempérée par le souvenir de phrases nettes et dénuées de toute ambiguïté.

Mais la femme qui l'avait accueillie continuait déjà, lui proposant de rester quelques instants pour se reposer avant de repartir. Secouant la tête, comme pour chasser le rouge qui lui était quelque peu monté aux joues quand ses pensées sans réponse lui traversaient l'esprit comme autant d'éclairs, Sindanarie reprit :


Je vous remercie, Dame, Sémur n'est pas si loin. Nul besoin de déranger quelqu'un d'autre pour moi...

Avec un sourire légèrement moins gêné (légèrement seulement, car, à leur manière, ils rouvraient bien souvent de vieilles blessures en elle), elle continua, désignant l'enfant qui, jusque là, était resté parfaitement calme sur la hanche de cette dame, qui devait être sa mère :

Vous devriez peut-être rentrer, avant d'attraper quelque chose. Merci en tout cas de m'avoir accueillie...

Il n'y avait, dans sa voix, nulle trace d'une volonté de congédier la femme qui était venue à elle, du moins l'espérait-elle. Rapidement, les émeraudes parcoururent les murs de pierre grise, et un frisson se tailla un chemin le long de l'échine de la jeune femme. Ainsi, c'était là que le revenant se manifestait parfois. Peut-être était-ce en repensant à l'allusion du Baron au fantôme qui hantait les lieux qu'elle trouva ce qu'elle voyait du château quelque peu sinistre. Comment un homme si plein de vie pouvait-il vivre en des murs si sombres ?

Se rapprochant du flanc de sa jument, Sindanarie était prête à remonter en selle et à repartir. Ainsi se terminerait donc sa venue à Arquian... Sur un pincement au coeur pas assez vite contenu. Il lui restait juste à espérer qu'elle avait fait à peu près bonne figure...
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MessageSujet: Re: Une visite d'au revoir   Une visite d'au revoir Icon_minitime

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