Visite de nuit au chateau d'Arquian

La nuit était tombée depuis quelques heures déjà, noyant le paysage dans une noirceur intense, effaçant tout relief, toute ombre même. Seul le dernier quartier d'une lune très pâle tentait d'éclairer un peu les alentours, mais les nuages, très nombreux et menaçants tamisaient le faible éclairage. L'ambiance idéale pour le projet qu'ils avaient imaginés.
Tapis dans les fourrés à bonne distance de l'entrée du chateau, le petit groupe observait les allées et venues du garde de faction aux grilles du domaine. D'après leurs informations, c'était le seul obstacle à leur entrée... et en observant longuement l'homme, il était évident que celui-ci n'avait pas l'habitude des visites nocturnes et semblait même relâcher son attention. Ses rondes étaient sommaires, jamais il ne s'écartait longuement des grilles et il n'avait encore détecté aucun de leurs mouvements d'approches.

Après de longues minutes d'attente, Isabeau s'avança enfin vers le garde, d'un air enjoué, jupe relevée, un tantinet provocante, bustier entrouvert, juste de quoi laisser entrevoir ...

Hé là mon brave ! Tu m'as l'air bien seul là dis donc ... c'est pas des manières ça de laisser un pauv' bougre comme toi sans chaleur au milieu de c'te nuit noire ... Hé mon mignon ... j't'ammènes de quoi t'réchauffer un peu là ... regarde moi ça ...

S'approchant du gaillard, battements de cils et voix douce à l'appui, elle fouilla dans sa besace, et en sortit une bouteille de prune qu'elle fit danser sous ses yeux ... L'idiot ne savait plus ou donner de la tête, elle le menait déjà par le bout du nez, et il n'eut même pas le temps de se retourner que déjà, Armand fondait sur lui et l'assommait...

La voie était libre ... Arquian prend garde !

LES POSTS SUIVANTS SONT RECOPIES DE LA GARGOTTE BOURGUIGNONNE - RR où le RP avait été commencé. Merci de votre compréhension

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

--Garde_du_chateau

Il gardait comme chaque soir l'entrée du sublime château d'Arquian, sa lance à la main, son casque sur sa tête droit, et chacun de ses vêtements parfaitement posés sur lui, sans aucune faute de tenue.
Fronçant les sourcils pour se donner l'air fort et sur de lui.
Il n'avait eu que très peu d'interventions à faire et ne croisait presque jamais personne.

Alors qu'il en était à la moitié de son service, il aperçu une femme sortir de nul part, fort séduisante et s'approchant de lui.
Serrant un peu plus sa lance, son regard toujours fixé droit devant lui.
Certes il se devait d'être insensible aux charmes de cette femme, mais il était avant tout un homme et ne put s'empêcher de détourner son regard sur elle.

Il l'écouta sans rien répondre et regarda avec envie la bonne bouteille qu'elle lui tendit.
Totalement perdu, il ne savait plus ou poser son regard, la bouteille, la femme, ou droit devant lui....
A peine eu le temps de réfléchir qu'il s'effondra au sol, net.

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Visite de nuit au chateau d'Arquian Theogn10

Quelque chose le tracassait....Quelque chose d'importance. Depuis ce matin, il n'avait pu le vougier. Non pas qu'il nourrissait une grande amitié pour cet homme plus proche du monde animal que de l'humanité, au contraire....Cette absence l'inquiétait.
Depuis la réapparition de la Dame, il ne tenait plus en place. La journée entière à battre les murailles de son pas métallique, comme un chien en cage. La nuit grinçait de son pas incessant. L'aube le couvrait d'un voile de brume, quand, posté sur le mâchicoulis, il défiait le soleil timide à l'horizon. Au fond de ses prunelles noires, une lueur commençait à danser, une lueur éteinte depuis fort longtemps, depuis qu'on l'avait jeté entre ces pierres noires pour subir le châtiment d'une vie en prison.

Le Baron avait d'autres gardes, évidemment, mais dans ce pays humide, ce pays vigneron, l'ivresse compensait vite l'inaction. Et ces gardes n'avaient pas le pied marin dans l'eau glacée des douves....
Ce n'est pas que Théo craignait les intrusions. La vie ici était plutôt tranquille, aussi une surprise de temps en temps....Sauf les assassins, ca piquent, ces bestioles.

Il était donc attablé devant les restes d'un repas, dans une salle de banquet vide et silencieuse, sauf le crépitement des bûches dans la cheminée. En train de lire un parchemin, pour la huitième fois. Mais les événements de ces derniers jours se bousculaient dans sa tête, sans qu'il ne puisse les chasser de son esprit.

Son complice s'affairait encore à placer le corps du pauvre vigile de telle façon que son attitude ne trahirait pas le sort qui avait été le sien. Mais Isa, impatiente comme à son habitude s'était déjà faufilée dans le chateau, sans attendre les autres.

Le froid y était encore plus saisissant qu'à l'extérieur, renforcé sans doute par l'humidité latente. A certains endroits, l'eau s'accumulait, formant de larges flaques d'un mur à l'autre du sombre couloir. Quelques flambeaux, fixés ça et là dispensaient une faible lueur , bien terne et bien insuffisante pour rendre l'endroit agréable. Tout ici était lugubre, mais Isabeau n'y prêta aucune attention. Concentrée sur son objectif, elle enregistrait chaque bruit, chaque image, chaque détail.
Elle avait l'habitude des missions solo et des rôles d'éclaireur. Son agilité et sa capacité à se faufiler dans les endroits les plus inaccessibles l'avaient sauvée plus d'une fois de situations périlleuses. Mais cette fois-ci, elle agissait pour son propre compte et une certaine excitation la gagnait à l'idée du butin qu'elle allait récolter. Si les autres avaient cru pouvoir compter sur elle, elle au contraire n'avait jamais eu l'intention de partager quoi que ce soit. Elle ne reviendrait pas sur ses pas et elle s'éclipserait par une autre sortie, ni vue ni connue.
Sur le qui-vive, une main sur la poignée de sa dague qu'elle avait glissé comme à son habitude dans son dos elle parcourait les couloirs d'Arquian. Révisant mentalement les plans du chateau, Isabeau poursuivit son chemin jusqu'à un escalier de pierres. Si sa mémoire était bonne, c'est cet escalier qui menait à la grande salle à manger ... et c'est dans cette pièce qu'elle devrait trouver de quoi s'éclairer la nuit ... et de quoi arrondir ses fins de mois difficiles en ce moment....

Le Baron se mit à bailler. L'heure devenait tardive, et il fallait ménager son corps en prévision de la future chevauchée. Bon, c'est certain, il s'autorisait quelques escapades....Mais les Dragons d'Arquian, bien peu nombreux, commençaient à se rassembler, et tout ce petit monde demandait du temps pour bien les diriger.

Théo espérait sans cesse trouver de nouvelles recrues, tentées par l'aventure, l'incertitude du lendemain, et la joie dans les braies, comme aurait dit Pignon.

Ah ce vieux grigou nous manque, tu as bien raison, Erik....

sourit Théo en y repensant. Maintenant, toute la Bourgogne croyait qu'il était Rusé, alors qu'il n'y avait rien de plus faux. On peut aimer un homme, et ne pas adhérer à ses idées.
Il se leva, la bougie à la main, laissant tomber ce parchemin complétement vain à lire à cette heure nocturne. A pas lents, il se dirigea vers la fenêtre, d'où filtrait un courant d'air agréable quand on a rôti comme un poulet au feu de la cheminée.
Son regard sautait de créneaux en merlons, cherchant à reconnaître les formes habituelles de ses remparts cabossés par le temps. Puis il attendit, d'un oeil blasé, que le garde à l'entrée fit sa ronde habituelle, en passant sous les grandes torches de la porte. Personne....La sensation étrange le reprit. Le vougier....La Dame....Instinctivement, Théo porta la main à son épée, mais il décida d'attendre encore que le garde se pointe, histoire d'éviter le ridicule d'une alerte inutile.

Ses pensées vagabondaient, songeant déjà aux joyaux dont seraient sans doute fait son butin. Même si le chateau ne payait pas de mine, elle était persuadée d'y trouver quelques pièces de valeur à monnayer sur les marchés... Elle s'imaginait déjà découvrant la fine vaisselle aux armoiries du domaine, un service à couverts en argent ou des verres finement ciselés ... Elle avait croisé le baron en taverne en matinée et l'homme semblait avoir bon goût, à en juger par la façon dont il était habillé ...

Il lui avait fait forte impression d'ailleurs, même si elle s'était efforcée de cacher son trouble. Un homme prévenant, beaucoup plus que la première fois où elle l'avait croisé en bourgogne, alors qu'elle accompagnait la duchesse Inge dans son tour du duché. Cette fois là il s'était montré distant, peu courtois même et sombre. L'homme de se matin était totalement différent. Il avait ... un certain charme, il fallait bien l'admettre. Sa réputation le précédait ... et elle avait hâte de voir de quoi serait fait l'entrainement dont il lui avait parlé. Quoique si elle réussissait son coup ... ils ne se reverraient peut-être pas ...

Arf ... revenant à la réalité humide des lieux, elle du se forcer à reconnaitre qu'elle avait perdu le fil de sa visite et ne savait plus exactement où elle se trouvait dans le dédale des couloirs et des portes ... Comment faire maintenant ? Sa spécialité, c'était les espaces extérieurs, les longues nuits de veille à guetter le passant ou a approcher le camp ennemi pour surveiller ses activités ... mais là ... entre des murs de pierres froides, elle se sentait de moins en moins à l'aise. Chaque couloir, chaque porte se ressemblait ...
Il fallait entrer dans une des pièces et tenter de repartir de là pour se diriger vers la salle à manger. Jetant un coup d'oeil sous la porte en face d'elle, elle constata qu'aucun raie de lumière ne s'en échappait. La pièce était sans doute vide ... Elle posa la main sur la poignée et la fit tourner en douceur, pénétrant lentement dans la pièce. La chaleur de l'endroit la fit frissonner, le feu terminait de se consumer dans l'âtre ... La froideur des couloirs l'avait envahie et elle ne put résister à l'envie de s'approcher de la source de chaleur pour se réchauffer un peu.

Même sa vigilance semblait engourdie car elle sursauta lorsqu'une main vint se poser sur son épaule ...

Il ne pouvait y croire....Cette apparition....La Dame venait donc lui rendre visite? Non, elle semblait chercher quelque chose. Quel mystère se dissimulait sous le manteau de la cheminée? Un objet, une lettre, une coupe, un trésor? Théo s'avança à pas de loups pour suivre le fantôme.
Certes, en matière spectrale, il n'était pas doué. Une âme égarée a-t-elle besoin d'ouvrir une porte pour entrer dans une pièce? Peut-elle saisir des choses dans sa paume ectoplasmique?
Mais si elle peut crier à faire péter les tympans du Baron à des lieues à la ronde, n'a-t-elle pas besoin de cordes vocales forgées en titane? Peut-être qu'elle prend parfois enveloppe et chair humaine, en un mot qu'elle se matérialise?
Alors, peut-on séduire un fantôme? Accepterait-elle de se laisser glisser sous les draps blancs, pour une nuit d'amour torrentueuse? Cette pensée le hante soudainement.
Nan mais faut vraiment que le Baron soit atteint pour penser pareille chose....Il est simplement fasciné par le détail de la peau blanche de son épaule, où dansent les dernière flammes du brasier en déclin. Alors, il y pose sa main....

Et dès qu'elle se retourne, c'est un bond en arrière, ses doigts sur la fusée, et l'épée tirée au clair! Il la met en garde:

Arrière, malédiction, la lame de mon épée est en argent et mon coeur est pur comme l'or!

Ça, c'est la partie mensonge du discours.

Ne fais plus un geste, ou je te coupe la tête! Dis-moi plutôt, âme sans sommeil, ce que tu viens faire à une heure pareille!

Des airs de mirliton, pour impressionner l'adversaire.

Que veux-tu à ma famille, à mon nom, pourquoi tu me poursuis de tes imprécations? Depuis des années, chaque saison de froid, tu hurles et tu pleures, de haine et de douleur! Que puis-je faire pour t'aider, que tu sortes de cette antichambre mortuaire, pour goûter à la paix du tombeau?

Le visage caché par un voile ténébreux, dans une pièce recouverte par la nuit, la pauvre Isabeau ne doit plus rien comprendre....

Sueur froide qui survient spontanément et déjà coule le long de ses reins .... comment a-t-elle pu être aussi négligente ... distraite et perturbée par de simples pensées ? Heureusement son instinct reprend le dessus et elle se retourne d'un geste vif, main glissée dans son dos, serrant le manche de sa courte dague qu'elle brandit aussitôt face à l'assaillant, le défiant de ses yeux soudain noirs et menaçants, bien campées sur ses jambes écartées, en garde ... et là ...

Les azurs s'arrondissent en entendant les premiers mots ... *argent*... *or ! J'avais vu juste !!*

Couper la tête ? Noméo ça va pas non ? Et puis non j'ai pas sommeil, et j'ai horreur des poètes aussi ... hurler ?? Mais et comment que je vais hurler si ... si tu ...si vous persistez à vouloir m'enfermer dans un tombeau ...d'abord il y fait beaucoup trop froid. *regarde autour d'elle * Comme partout dans ce ... chateau ... d'ailleurs !

Silence soudain ... de part et d'autre ... Un sourcil interrogateur se lève alors qu'elle se rend compte tout à coup que c'est Théo qui est en face d'elle ... ses traits tendus, ce regard si hargneux mais qui trahit aussi une certaine... peur ?? Elle le dévisage un moment, se rendant compte de la situation puis d'une voix plus ...calme mais basse elle articule

THEO !! Files moi le chandelier en argent et je te laisse la vie sauve !

Elle ne sait pas très bien pourquoi elle a dit ça là, maintenant ... mais c'est venu tout seul, instinctivement ... comme une sorte de ... d'évidence ... l'impression de devoir profiter que la situation tourne à son avantage pour ... en tirer parti ...

Ce stratagème, hautement culotté, aurait pu fonctionner si la belle Isabeau ne s'était pas répandu en vitupérations pour répondre au Baron. Puis, un spectre, cela ne vous met pas au défi en se préparant au combat....C'est un défi en lui-même, la simple caresse de ses yeux d'outre-tombe suffisant à vous arracher l'âme...

Alors, Théo se réveille soudain et ne se laisse pas prendre au piège. D'un geste vif, il saisit une torche et la plonge dans les braises rougeoyantes. Elle s'enflamme aussitôt. L'épée dans une main et la torche dans l'autre, il avise la jeune fille qui se tient devant lui. Son regard intrigué cherche à se souvenir de son visage. Qui est-elle donc, pour le nommer Théo? Il l'a déjà vu quelque part....Une chose est sûre, elle n'est pas la Dame....Il se prend à rire soudain.

Vous pensiez vraiment que j'allais vous croire? Vous ne semblez pas idiote, pourtant....Se servir de la légende du fantôme d'Arquian est une idée qui ne s'improvise pas. Même les gamins ont des draps blancs troués aux yeux pour se déguiser, alors que vous....Vous ressemblez davantage à une souris égarée qu'à un spectre menaçant.
Allez, posez votre dague et prenez une coupe de vin avec moi.

dit-il en coulant son regard sur l'épaule de son bras dissimulé.

Encore sous le coup de la surprise de cette arrivée impromptue et de sa propre audace, le geste vif du baron surprend Isa. Elle se retrouve coincée entre d'une part une torche qui s'est allumée sans même qu'elle ait le temps de réaliser ce qui se passait, et de l'autre l'épée que l'homme tient à présent comme ... une menace. Et derrière elle, le feu de l'âtre qui commence à lui chauffer les fesses de dangereuse façon. Prise au piège, voilà l'impression qu'a la jeune femme. Alors que faire ? Tenter une escarmouche en faisant usage de sa dague ? Oh c'est qu'elle sait s'en servir, elle a balafré quelques gueux aux mains baladeuses mais qui manquaient cruellement de ressort.

Ici ... la situation est sensiblement différente. Les objectifs de sa visite sont multiples et le plus important d'entre eux reste présent à l'esprit de la jeune femme : obtenir des informations et peut-être rejoindre le groupe que le jeune baron a le projet de rassembler. Faire sa connaissance est sans doute le meilleur moyen d'arriver à ces fins... quelle que soit l'entrée en matière. Le reste n'étant qu'un petit défi entre amis ... et puis elle l'obtiendrait peut-être autrement que par la force, le fameux chandelier....

Soutenant le regard de Théo, Isa repousse lentement une mèche de boucles noires et esquisse une moue amusée. Détaillant son opposant, elle remarque un changement dans le regard qu'il lui porte à présent . Plus rien à voir avec la lueur quelque peu apeurée qui a traversé celui-ci quelques secondes auparavant. Moui à la réflexion, son charme naturel semble être son principal atout pour l'instant. Et elle sait s'en servir. Après tout à 17 ans, c'est l'âge idéal pour exercer et parfaire ses talents ...non ?
La réputation de l'homme n'est plus à faire. Et si en général, elle préfère se faire elle même son opinion sur les gens, Isa a déjà eu le loisir de l'observer à plusieurs reprises ici à Joinville et dans une autre ville de Bourgogne... L'homme a bien du mal à résister aux charmes de la gente féminine, c'est une évidence. Mieux, il ne s'en cache pas et le regard qu'il jette en ce moment confirme une nouvelle fois cette impression. Alors pourquoi ne pas joindre l'utile à l'agréable ?

Changeant légèrement d'expression, la moue prend une allure moins fière, limite soumise mais juste un peu, histoire de renforcer l'égo du mâle qui lui fait face. Posant un index long et fin sur sa lèvre inférieure, elle répond d'une voix qui reflète la déception - feinte évidemment !

Une coupe de vin, voilà une proposition qui ne se refuse pas ... Même pour une souris égarée.

Puis sans se départir de son sourire, un peu plus franc et soulagé cette fois, elle pose délicatement la main sur l'épée dressée, menaçante et la repousse en ajoutant

Vous n'avez pas peur de moi n'est ce pas Théo ? Alors baissez donc cette arme qui risque de nous blesser et laissez moi ranger la mienne...

Tout en parlant, elle relâche sa pression sur l'épée qui déjà semble vouloir s'écarter spontanément et relève innocemment ses jupes, pour dévoiler sa jambe droite jusqu'au bas de sa cuisse entourée d'un bandeau de cuir, lui même relié à sa taille par un lien de cuir plus souple. Rapidement, Isa glisse sa petite dague dans l'encoche prévue à cet effet, juste à côté d'une seconde dague, plus longue et dont la lame est protégée par un fourreau de cuir.
Puis elle se redresse, surprend son regard mais fait mine de l'ignorer et tend sa main désarmée vers le baron...

L'Eclat de Prométhée Messages : 607 Date d'inscription : 06/11/2007

Lequel s'empresse de jeter la torche sur le sol dallé, et de prendre sa main, pour une bonne clef de bras des familles. Pas d'épée sous la gorge, un incident est si vite arrivé, et Théo n'aime pas trancher de si jolis coups sans une excellente raison. Le Baron n'a pas la réputation de certains de ses ancêtres....

Vous savez ce qu'on faisait aux voleurs, autrefois? On leur coupait les mains, et elles étaient clouées à la porte. Vous avez bien de la chance d'être tombé sur moi....Mais fini de plaisanter. Qui êtes-vous, et que venez-vous faire ici? Me voler, ou m'assassiner? Les deux, peut-être? Comment avez-vous réussi à pénétrer ici? Vous avez un complice? Répondez!

La coupe de vin est loin....Bien qu'il trouve, dans le parfum de ses cheveux, l'odeur du foin sauvage, de l'herbe fraichement coupée. Le jeu de la séduction marche toujours sur le châtelain d'Arquian. Elle ne passera certainement pas par la fenêtre. La tenir enchaînée dans les oubliettes? Elle est jeune, elle ne tiendrait pas une nuit. Que faire d'elle? Une tape sur les fesses, et au lit la donzelle?
Encore une fois, il refuse cette possibilité. Habile, et courageuse, cette dame, d'entrer à Arquian, sans autorisation, de nuit, avec les rumeurs désastreuses qui courent sur le château aux pierres noires. Ils ne sont pas futés, à la garde, mais ce sont des bourrins. Ils chopent, ils tuent. Le vougier, lui, découpe, c'est sa manière.
Bref, il est davantage curieux, que vraiment en colère. La main sur son poignet, la lame froide contre sa cuisse, et le nez collé à son oreille, il attend les réponses à ses questions.

Surprise une fois encore ... elle croyait pourtant pouvoir prévoir la réaction de l'homme et le voilà qui la retient contre lui, sans qu'elle ait aucune possibilité de se dégager sans mal. Elle est sauvage la jeunette, mais pas encore rompue aux pratiques du combat à mains nues. Jusqu'ici, elle ne s'est battue qu'avec ses chatons ! Elle maîtrise certes le fier frison offert par son père et qui pour l'heure l'attend toujours, attaché à un arbre à l'orée de la forêt bordant le chateau. Mais jamais elle n'a fait face à un adversaire tel que le chatelain. Les quelques fois où elle a du se sortir de situations ennuyantes, son agilité et surtout sans doute le manque de souplesse de son adversaire l'avait servie. Mais là ...

Un frisson la parcourt, le souffle du baron est sur elle, courant dans sa nuque et sur le haut de son buste. La froideur de la lame sur sa cuisse la glace littéralement. Elle prend conscience du ridicule de la situation et du pétrin dans lequel elle s'est fourrée. Et intérieurement elle enrage. Cette sensation de vaincu, jamais elle ne l'a éprouvée à ce point. Serrant les dents elle tente de faire face, mais petit à petit une sensation bien connue depuis quelques semaines l'envahit ...

* Il ne manquerait plus que ça ... pitié non ... pas maintenant ... *

Repoussant l'évidence, elle balbutie quelques mots

Je suis Isabeau ... nous nous sommes croisés en taverne ... je ne vous veux aucun mal c'est ... juste un défi ...

Les mots franchissent péniblement ses lèvres, son souffle se fait plus court et ses forces l'abandonnent lentement ... depuis combien de temps n'a-t-elle plus mangé maintenant ? Deux jours, peut-être trois ... La tête tourne, l'envie de vomir la taraude et dans un geste ultime elle place la main sur son estomac, comme pour mieux lui intimer l'ordre de se calmer . Lentement elle se laisse aller contre son hôte inoppiné et balbutie :

J'ai ... besoin de m'asseoir ... je vous en prie Théo ....

L'Eclat de Prométhée Messages : 607 Date d'inscription : 06/11/2007

Méfiance....Elle pourrait bien lui jouer la comédie. C'est même son dernier recours, dans sa position délicate sous la solide emprise des mains de Théo. Le souffle court, les gémissements, les membres mous, une belle femme tombe dans vos bras. Elle vous remercie, vous cajole l'esprit d'un esprit, tout en câlinant votre bourse d'une petite lame. Bien sûr, elle va vite mieux, et vous adresse une œillade à redresser un mort. Légère, elle repart, et léger, vous repartez....
Mais cette méfiance semble de mauvais aloi. Le Baron s'aperçoit que son "invitée" du soir est vraiment en état de faiblesse. Déjà, elle s'agrippe au tissu de son pourpoint et ses jambes ne paraissent plus pouvoir la porter. Théo n'a pas le cœur dur comme les pierres noires de son château, et comment résister à une dame inconnue ou presque, qui le nomme par son diminutif? Il s'empresse donc de la secourir en la portant sur un large fauteuil, ayant desserré au préalable, évidemment, la clé de bras qui la maintenait prisonnière.

Ne bougez pas, surtout!

Avertissement inutile....Il fait l'aller-retour entre la table aussi vite qu'il le peut, apportant une miche de pain et une coupe d'eau. Soupir. Il était loin de s'imaginer ce soir en train de s'occuper d'une jeune cambrioleuse en pleine crise de famine.
Plongeant la mie de pain dans l'eau, il roule une boule de pâte entre ses doigts, puis présente la nourriture à la bouche d'Isa.

Mangez, cela va vous faire du bien.

Juste au moment où ses jambes allaient céder, elle se sent soulevée et se retrouve déposée l'instant d'après dans un fauteuil confortable. Isa lutte contre elle même, contre cette envie de vomir qui la taraude mais ne peut rien contre les cris de famine qui émanent de son estomac. Elle suit du regard le baron qui vole littéralement entre elle et la table et revient ver elle avec un peu de pain et d'eau. Son coeur bat à tout rompre dans ses tempes et c'est sans retenue qu'elle approche les lèvres de la boulette de pain tendue entre les doigts du baron. Sans hésiter elle la saisit, renonçant à l'occasion qui lui est offerte de croquer aussi un bout des doigts de son hôte-malgré-lui . La boulette est rapidement avalée ainsi que celles qui suivent d'ailleurs. Jamais elle n'avait imaginé que cette visite tournerait en dîner improvisé au coin du feu.
Petit à petit, les joues de la jeune femme reprennent des couleurs et ses forces reviennent. Sans rechigner, elle saisit le verre d'eau que lui présente Theognis et boit quelques gorgées sans le quitter des yeux. S'essuyant les lèvres de son index, elle murmure :

Je crois que je vous dois quelques explications ....

Se redressant un peu dans le fauteuil, elle resserre son châle autour d'elle et plongeant à nouveau dans les yeux du baron, elle explique :

Tout a démarré d'un simple pari en taverne... après votre passage l'autre soir. Il y avait là bas un jeune couple et comme j'étais ... plus ou moins contrainte à tenir la chandelle, j'ai annoncé que j'étais prête à m'introduire dans votre château pour y subtiliser un chandelier en argent ...

Isa ne peut retenir un sourire amusé et juvénile en se souvenant de la scène et de la facilité avec laquelle elle a réussi à mettre le vougier hors d'état de nuir. Puis elle poursuit :

D'ailleurs vous devriez être plus sévère avec votre personnel. Un rien leur fait tourner la tête ... pfiou !

L'Eclat de Prométhée Messages : 607 Date d'inscription : 06/11/2007

Il s'attendait à tout sauf à ce motif de visite. Alors, que dire, sinon éclater de rire? Le Baron s'est laissé prendre au piège de la jeunesse, celle dont l'inconscience fait pardonner tout le reste.

Un chandelier en argent? Si vous en trouvez un ici, faites-moi signe...

dit-il en se relevant. Il ne ment qu'à moitié, l'unique chandelier d'argent du château se trouvant dans sa chambre.

Ce couple n'aurait pas du vous laisser partir. L'égoïsme de leur amour, sans doute....Ils voulaient la tranquillité pour se consumer l'un l'autre en toute avidité.

Une lueur d'ironie passe dans les yeux de Théo, signe de son détachement face aux choses de l'amour. Mais aussitôt, il enchaîne, et ses yeux prennent une autre couleur, soudain.

La richesse de ce domaine, c'est le nombre de ses arbres, la profondeur de ses rivières, la beauté de ses vignes. Ces pierres noires retiennent mieux la lumière du soleil que celle des écus, dirait-on! Au moins, nous n'y mourrons pas de faim. Mais vous ne trouverez pas ici de quoi satisfaire l'appétit de votre bourse.

Il devine cependant dans les yeux d'Isa que tout ici, pour elle, est grand, beau et riche. C'est l'avantage du châtelain sur les jeunes paysannes. Si facile d'en profiter à cet instant....Il pourrait cueillir cette joue dans sa main comme on saisit une pomme sur l'arbre, et croquer le fruit charnu de ses lèvres avec délectation.
Elle n'est pas en état de se défendre, ou de résister. Seulement, le Baron n'aime pas profiter de la faiblesse des femmes, quand bien même leurs yeux fondent de désir.
Non pas qu'il ne soit pas attiré, mais il se tient en principe de ne pas céder à cette pulsion.

Le personnel, ici, ce sont les domestiques. Les hommes des remparts ou les Dragons d'Arquian ne sont pas du personnel, mais des gens attachés à ses terres par les solides liens de leur âme. Du moins, j'aime à le croire....L'endroit nécessite des coeurs bien accrochés, ceux qui s'en décrochent finissent par partir, épouvantés.

Il lui décoche un sourire volontairement menaçant, inconsciemment attirant.

Voulez-vous tenter l'expérience de passer une nuit entre ses murs?

Isa écoute le baron. Pas de chandelier en argent donc. Il est vrai que la bâtisse ne semble pas en bon état, pour le peu qu'elle a pu en juger. L'eau s'infiltre en de nombreux endroits, les murs épais ne laissent pénétrer aucune chaleur et les rares fenêtres qu'elle a pu voir ne permettent même pas de laisser entrer la chaleur et la clarté du soleil. Une vraie tombe ce chateau. Difficile sans doute, dans de telles conditions, de garder des objets de valeur sans qu'ils ne se dégradent. En même temps, s'il n' y a pas de chandelier ....

La dernière phrase du baron sort brusquement Isa de ses pensées.

Passer une nuit ... ici ? Dans votre chateau ? Et vous avez des chambres confortables et chauffées ?

Décidémment les événements prenaient une tournure de plus en plus inattendue ... et semblaient tourner en sa faveur. Après tout, tant pis pour le chandelier ... Un sourire coquin éclaira le visage de la jeune femme ... Elle n'avait rien imaginé de tel, mais elle aimait l'imprévu et l'aventure commencée promettait de prendre une tournure intéressante ...

Et bien soit, j'accepte la proposition. Je passerai donc le reste de la nuit ... ici.

» Hohe du chateau
» Les téméraires (suite de la cour du château)
» Un phare dans la nuit.....
» Visite funeste
» Visite de Mallory