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 D'un songe à un autre

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Della

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MessageSujet: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitimeSam 23 Avr - 12:16

La veille, alors qu'elle bavardait avec quelques personnes autour d'un verre, "on" avait évoqué "son" retour possible en Bourgogne. Sur l'instant, cela ne l'avait pas plus émue, saluant seulement les paroles d'un haussement de sourcils si familier.
La soirée avait filé.
Les verres avaient succédé aux verres.
La Blonde avait refusé de trop boire, l'expérience ayant déjà été malheureuse.
Elle était à peine joyeuse et tenait toujours la route en rentrant à Railly.

Son lit l'avait accueillie comme l'aurait fait un époux si seulement l'époux avait été là.
C'était à ce moment précis que Della souffrait le plus de cette solitude, au coucher.
Mais l'habitude reprenant le pas, elle avait sombré dans un sommeil réconfortant.

C'est au réveil qu'une drôle d'impression la perturba.
Comme un grand vide au creux du ventre, entre deux frissons.
Il lui fallut quelques secondes pour en comprendre la raison, lorsque les souvenirs nocturnes lui revinrent...Une foule de détails lui claqua au visage : le souffle dans son cou, la chaleur d'un corps contre le sien, la douceur d'un baiser à peine effleuré...et cette odeur si particulière du chasseur ! Non, l'objet de ses rêves n'avait pas été son époux.
Elle secoua la tête, comme pour se la vider de son contenu !
La simple évocation d'un nom avait rempli sa nuit de rêves complètement ridicules mais si obsédants.
D'un geste nerveux, elle rejeta les couvertures et se leva.

La journée s'écoula, sans rien de particulier d'autre qu'une journée banale dans une vie devenue banale et automatique. Triste ?

C'est vers la fin de l'après-midi qu'elle s'en alla, pour une balade à cheval.
Son palefrenier avait beau lui dire de ne pas s'aventurer seule sur les chemins, elle lui répondait inlassablement par un haussement d'épaules et filait à toute allure loin de toute vie humaine.

Elle n'eut pas l'impression de diriger sa monture vers Arquian.
Pourtant, c'est là qu'elle se retrouva, au milieu de la forêt d'Arquian.

Le soleil passait à travers quelques nouvelles feuilles, les oiseaux saluaient ce printemps par des chants ou des piaillements, l'air était doux et caressant, l'endroit était magnifique.
Elle mit pied à terre, laissa son cheval se reposer et s'en alla un peu plus loin s'asseoir au pied d'un arbre où le regard vers le ciel, elle rêva à nouveau, éveillée, le songe de la nuit.

Il avait suffi d'une parole pour que tout ça revienne comme une vague infatigable qui court se jeter aux pieds du promeneur, inlassablement, jusqu'à s'en épuiser et redevenir océan.
Il avait suffi d'un rêve envoûtant pour qu'elle se retrouve au coeur de cet endroit qui portait la marque de celui qu'elle avait espéré et qui en une nuit venait de lui retourner les sangs.
Suffirait-il d'une promenade pour que le souvenir s'estompe ?
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Aston

Aston


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MessageSujet: Re: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitimeMar 26 Avr - 19:08

Libérée en forêt de Cosne des caresses de sa maîtresse, depuis la bête erre sur les chemins boisés, évitant les hommes et leurs chiens dressés. Loin des chasseurs et des braconniers, le pays d'Arquian, sauvage et giboyeux, est son terrain favori pour se nourrir en toute tranquillité. Lapins, lièvres, ou même cervidés, rien n'échappe à ses crocs redoutables, usant de ses griffes acérés pour attraper les proies véloces ou de son poids pour choper les plus grosses.

Dormant tout le jour, il se mettait en quête au soir tombé, profitant de son pelage couleur d'ébène pour se fondre dans les coins sombres. Sauf l'oeil, animé d'une lueur orange, trahissait sa présence. Pour le reste, ses pattes de velours troublaient à peine le feuillage, comme ses oreilles pointues détectaient tout mouvement à la ronde. Mais, plus que tout, le loup se fiait au vent pour avancer, ce dernier lui offrant sur des lieues des informations en aval ou en amont de sa marche.

Justement, le loup avait repéré des odeurs étranges en provenance de l'ancien château d'Arquian. Des humains séjournaient à nouveau dans ce lieu où les bêtes elles-mêmes ne dormaient jamais très longtemps. Etait-il un ou plusieurs, le loup ne s'en souciait pas. L'homme était un tout, qu'il vous abandonne ou vous chasse, qu'il vous craigne ou vous combatte, l'homme tenait un bon loup pour un loup mort. De son pas souple et rapide, Aston s'éloignait donc de ces odeurs suspectes apportées par le vent.

Soudain, il stoppa net, la démarche en suspens, le corps tout entier tendu vers un endroit précis, les sens en alerte. La brise, complice de ses périples, pouvait le trahir avec la même efficacité. Rien ne l'avait préparé à ce qu'il voyait à présent, entre deux frêles branches de genêt.

Ici, une humaine à la crinière blonde se tenait allongée, entre les racines d'un chêne, sans bouger. Peut-être endormie? Le loup renifla de méfiance, dodelina de la gueule, hésitant sur la conduite à tenir. Tomber à l'improviste sur une si belle tentation, c'était reconsidérer d'un seul coup les principes accrochés à son instinct vital.

C'est pourquoi il osa s'approcher d'une foulée prudente. Voici quelques jours qu'il jeûnait sans gibier à portée de ses crocs. La faim se réveillait en lui. Mélange, certes, de la nécessité et de gourmandise animale. La proie semblait appétissante, bien proportionnée, de surcroît sans défense. Que le loup désire la princesse était dans l'ordre des choses, à Arquian. Certainement qu'elle pouvait le voir, à présent, dans toute sa majestueuse puissance, le poil hérissé en guise d'avertissement, prêt à bondir à tout moment.

Sûr qu'elle ne puisse lui échapper en cas de fuite, il attendait sa réaction, babines retroussées. Les humains sont si imprévisibles qu'avant de frapper, mieux valait savoir ce qu'elle avait dans le ventre. Déjà, il évaluait l'endroit où la prise serait bonne pour la maîtriser, ses crocs, terribles, bavaient d'impatience de la croquer.
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Della

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MessageSujet: Re: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitimeJeu 28 Avr - 15:36

Si Della avait eu les mêmes intérêts que feus son père et son frère pour la chasse, très certainement aurait-elle remarqué les changements qui venaient de s'opérer dans la forêt.
Elle aurait entendu que les chants des oiseaux avaient laissé la place aux cris d'alerte du pinson et de la grive, la fuite de la musaraigne, tout près d'elle, aurait attiré son attention, l'ambiance même de la forêt, suintant la mise à l'abri ne l'aurait pas laissée indifférente.
Mais Della n'avait rien du chasseur et rien n'avait interrompu la caresse machinale que sa main opérait sur la mousse douce et onctueuse qui courait sur les racines de l'arbre.
Della était Diplomate et la seule chasse à laquelle elle s'adonnait était celle des archives et des dossiers.
Oh, elle était pugnace, ça oui. Derrière une façade lisse et policée, elle pouvait se montrer hargneuse et même très vindicative ! L'envoyé du Berry doit encore se souvenir de quelle façon il fut reconduit sur la parvis de la Basilique Saint André avec l'ordre de ne jamais revenir !
Oui, ça, elle savait faire...Il y avait fort peu de chance pour que cela lui soit utile ici.
Il fallut que son cheval, mangeant tranquillement encore quelques secondes auparavant, hénisse pour qu'elle rouvre les yeux et relève la tête.

Du calme, Nergal...
Mais le cheval ne se calma pas, au contraire, on le vit hésiter un instant sur ce qu'il allait faire : rester auprès de sa cavalière ou s'enfuir ? Il cambra, hennit plus fort et...prit ses jambes à son cou !
Sale bête, reviens ici ! Lança la Blonde en se relevant rapidement, elle se voyait déjà rentrer à pied...Une fois sur ses pieds, son intention fut de s'élancer à la course au cheval mais...son geste resta suspendu lorsque son regard croisa celui de la bête.
Oh, mon dieu...Articula-t-elle alors que sa main venait se poser au creux de son cou pour tenter de calmer les battements de son coeur qui rythmaient les sursauts d'une veine au ras de son décolleté.
Combien de temps resta-t-elle ainsi, sans bouger ?
Elle ne saurait jamais le dire.
Elle se força à rester immobile, respirant à peine, maudissant le Très Haut d'avoir un jour permit à ces bestiaux de menacer les Hommes.
Dans sa tête, mille plans s’échafaudèrent qui s'écroulèrent aussitôt, les conseils de son père lui revinrent mais si peu précis qu'ils ne valaient rien, et l'envie subite d'être un homme armé d'une lance ou d'un arc l’étreignit.
Alors que sa bouche était devenue sèche, la seule chose qu'elle se décida à faire fut de porter tout doucement la main à la dague suspendue à sa ceinture. Pas une dague courte et large comme en portent les dames mais une dague longue et fine appelée communément main gauche. L'inconvénient, comme son nom l'indique, était qu'elle se portait à gauche, destinée au support de l'estoc restée accrochée à la selle de Nergal, courageusement envolé.
Merde ! Pensa-t-elle.
Si elle arrivait à rester assez longtemps sans bouger, peut-être le loup se déciderait-il à décamper ?
Mais tiendrait-elle ? Déjà son mollet droit commençait à tirailler, donnant les premiers signes de fatigue...
Mourir au milieu d'une telle forêt, dévorée par un loup...à Arquian...Elle aurait pu y voir un magnifique symbolisme si seulement la peur ne lui coupait pas toutes pensées...
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Aston

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MessageSujet: Re: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitimeJeu 28 Avr - 21:24

Elle ne bougeait pas d'un....cil, mauvais signe pour le loup. Cela signifiait qu'elle se sentait capable de tenir tête à la bête de cent soixante livres. Habitué au contact des hommes, l'animal savait que sous leurs frêles apparences, les bipèdes dissimulaient des ruses et des tours malins. Contre la force brute ils balançaient de loin des armes aux pointes acérées. Leurs pièges fermaient leurs mâchoires d'acier autour des pattes, estropiant leur proie pour l'affaiblir, pour l'abattre ou la laisser mourir en errance. Parfois, ils tentaient d'appâter le loup en lui offrant de la viande empoisonnée, ce qui fonctionnait avec les bêtes affamées. Vraiment, l'homme incarnait le Diable pour le loup. D'ailleurs, ne maîtrisait-il pas le feu, dont les méfaits étaient si puissants?

Aston ne savait pas quoi faire. Il ne pouvait attaquer à l'aveugle une proie si dangereuse. Il se méfiait de surcroît de l'éclat de cette crinière blonde, car ceux qui ne se camouflent pas n'ont, par définition, rien à craindre. Lui pouvait rouler des muscles à l'envie, la couleur de son pelage constituait une protection utile dont il avait conscience, malgré sa faible appréhension des choses. Alors, il continuait à grogner et à montrer ses crocs baveux pour la forme, il grattait la terre de ses griffes sous l'imminence d'une charge brutale, qui tardait bien sûr à venir. Ainsi, tout était jeu de dupes entre Della et le loup, malgré l'évidente inégalité de la confrontation.

Cependant, pareil jeu n'était pas destiné à durer. A chaque respiration, le loup s'enhardissait davantage. Il percevait la peur chez Della, cette odeur grisante qui imprègne les proies avant qu'il frappe. Ce parfum le rendait fou de faim, dans le feu de ses prunelles croissait le désir de viande fraîche. Elle était à portée, si proche et si faible, démunie face à la bête.
Autre signe, de fatigue celui-là, le tremblement de son mollet gauche ne pouvait lui échapper. La tension qui habitait chaque muscle de l'humaine finirait par la trahir. Elle ne pouvait pas s'enfuir. Elle ne pouvait pas lui échapper. Il avança une patte, puis une deuxième, babines retroussées, prêt à frapper....
Quand une nouvelle odeur vint chatouiller son museau. Il stoppa net, humant avec perplexité ce que le vent venait lui apporter. En quelques courts instants, il en reconnut l'origine, et sa faim alors ne connut plus de limites. Un cheval!
Habituellement, les loups ne s'attaquaient pas aux chevaux, dont ils se méfiaient des ruades brutales. Mais Aston, aux côtés de sa maîtresse, jeune et encore dompté, avait eu le loisir de contempler et de comprendre le comportement des équidés. Il connaissait leurs atouts et leurs points faibles, la manière d'éviter leurs coups de sabots et la précision nécessaire pour les abattre. Un long filet de bave coula de sa gueule. Ce cheval, c'était la proie rêvée!
Délaissant Della, il bondit de son allure souple hors de la petite clairière et se mit à la poursuite de la monture, comptant sur sa maîtrise des chemins forestiers pour vite la rattraper.
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Della

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MessageSujet: Re: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitimeVen 29 Avr - 23:29

Loin de s'en aller, l'animal avançait, doucement, comme pour savourer chaque instant de frayeur qu'il imposait à la jeune femme dont le regard maintenant ne quittait plus les crocs acérés qui lui donnaient la chair de poule. Lorsque ces crocs s'enfonceraient dans sa chair, elle hurlerait aussi fort qu'elle pourrait et elle frapperait l'animal, tenterait de toucher ses yeux, lui enverrait des coups de poings et des coups de pieds aussi fort qu'elle le pourrait. Oui, elle lui laisserait peut-être un bon morceau de viande -bras ou jambe- mais elle s'en sortirait !
Non, non...elle ne s'en sortirait pas. Ce loup-là avait dans ses yeux un appétit sans limite et déjà Della imaginait de rencontrer (encore une fois) le Très Haut.
D'ailleurs, il était temps de prier, à l'image des martyrs. Elle allait s'agenouiller et joindre les mains pour livrer dans une dernière prière, son âme au Ciel. L'animal avançait qui l'attaquerait.
Dieu qu'elle crevait de peur...là, au milieu de cette forêt que peu de temps auparavant, elle trouvait idyllique.
Il y avait encore tant de choses qu'elle n'avait pas faites comme...des folies, des bêtises...n'importe quoi ! Et le loup approchait qui la mangerait.
Voilà. Della, le souffle court, le coeur au bord des lèvres, commençait à plier le genou. Et là. Là, un bruit, presque rien, une foulée peut-être et le loup qui contre toute attente fait volte face et s'encourt dans la direction opposée de sa victime blonde qui tombe les genoux dans les feuilles, mains jointes, remerciant le Très Haut en tremblant de tous ses membres. Elle a froid, elle claque des dents sous le doux soleil de printemps. Elle pleure, soulagée, victime épargnée de la bête, secouée de sanglots.

De longues longues minutes, elle resta prostrée, écoutant maintenant les bruits de la forêt, guettant le possible retour du loup, cherchant à rassembler ses dernières forces pour...se relever et constater que doucement, le soleil baissait et qu'elle se trouvait loin de tout village, sans cheval.
Une seule issue...trouver refuge au château d'Arquian.
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Theognis
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MessageSujet: Re: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitimeMer 4 Mai - 18:29

Superbe cheval....

A pas lents il s'approcha de la monture visiblement épuisée par une longue course. Des filets d'écume bavaient de sa gueule entrouverte et elle n'osait pas paître la bonne herbe fraîche du pré en la présence de Théo, le contemplant de son oeil rond. Quelques brins de luzerne dans la main, celui-ci tentait donc de l'amadouer. Après une longue hésitation, elle entreprit de goûter son offrande puis, rassurée, mangea tout avec appétit. Théo lui caressait avec grande douceur les naseaux pendant ce temps, en murmurant quelques bribes de mots apaisants.
Une fois cette main vide et copieusement léchée, le cheval se concentra à nouveau sur son carré d'herbes, ce qui permit à Théo de l'examiner avec attention. Il portait une selle richement ouvragée, sans blason ni symbole. A son flanc battait une courte épée, qu'il identifia sans peine comme étant une "main gauche". Rares étaient les hommes comme Théo qui savaient la manier. Cette arme et le confort doublé de velours de la selle renforcèrent l'opinion du Baron sur son propriétaire: une femme. Impression confirmée par la trouvaille d'une étoffe légère, un châle pour les fraîches soirées du printemps.

Mais que s'est-il passé? Le corps du cheval portait des griffures peu profondes, marques de ronces ou de petites branches cassées. Probablement que cette monture avait dû galoper vite et longtemps à travers les forêts épaisses du domaine d'Arquian. Avec la volonté d'échapper à un grave danger. Mais lequel? Le regard perçant du Baron fouilla les alentours, sans rien trouver d'intéressant.

Lui-même étant venu à pied, il fut tout heureux de pouvoir monter un cheval si beau et si bien charpenté. Un moment encore, il le laissa brouter à son aise, puis d'une tape sur le flanc signala le départ. Docilement, sa nouvelle monture s'ébranla en direction du château. En effet, seul il ne pouvait retrouver la cavalière. Il lui faudrait de l'aide et il avait sa petite idée sur la question.

Soudain surgit d'un bosquet un animal toutes babines dehors, au pelage blanc et roux, qui courut en leur direction en aboyant sauvagement. Surpris et inquiet, le cheval eut un mouvement de fuite, bien vite réprimé par la main ferme du cavalier. Théo, en homme expérimenté, apaisa l'équidé de ses craintes, en l'habituant peu à peu aux démonstrations de joie débonnaire du chien.
Cet épagneul breton et fier de l'être, chasseur devant l'éternel, serait tout à fait utile pour la traque de la femme disparue dans les bois. Ainsi, ils repartirent, cette fois en direction de la vallée profonde, Théo agitant un bout d'étoffe sous la gueule du chien pour l'inciter à chercher. A intervalles réguliers, il lançait à pleins poumons un:


Hého!

vigoureux, sans grande illusion cependant vu l'épaisseur des bois environnants. Le soir tombait, il fallait faire vite. Bientôt, les bêtes hostiles sortiraient de leur tanière pour chasser. Et encore, Théo ne se doutait pas qu'un loup énorme rongeait son amertume à quelques encablures de là.
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Della

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MessageSujet: Re: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitimeJeu 5 Mai - 18:40

Toutes les prières connues y passèrent. Plus encore quelques autres, qu'elle inventa sur le tas, pour remercier le Ciel de l'avoir sauvée du loup.
Ses genoux devinrent douloureux, ce qui la décida à se relever.
Elle frissonna encore et d'un geste protecteur et rassurant, elle frotta ses bras pour se réchauffer.
Son regard se porta tout autour de l'endroit où peu de temps auparavant elle avait cru finir en souper du leu, cherchant un passage, une voie qui la conduirait peut-être à Arquian. Même si plus personne ne vivait là, au moins aurait-elle un toit pour la nuit qui arrivait à grands pas.

Sortant sa dague fine, la tenant serrée au creux de sa main, elle décida d'avancer vers ce qu'elle pensait être la bonne direction. L'avenir lui apprendrait si ça l'était réellement.
Les ronces semblaient avoir poussé plus vite que l'éclair ! Les branches mortes tombées durant l'hiver créaient des obstacles qu'il fallait passer en relevant les jupes et les jambes. Le froid tombait en même temps que la nuit. Les bruits alentour devenaient de plus en plus angoissants, l'engoulevent lançait son cri, au dessus de la forêt glaçant le sang de la Blonde et annonçant sans contrefaçon, l'arrivée proche de l'obscurité. Il serait bientôt temps de paniquer pour de bon !
Mais qu'était-elle venue faire ici ?
La peur du loup revenait, pesante. Tout le monde savait que le loup aimait la pénombre...
Plongée dans l'écoute des battements infernaux de son coeur, elle cru rêver en entendant ce qui lui sembla être une voix humaine.
Semblable à un animal, elle leva la tête, tendit l'oreille dans une direction puis dans l'autre, pareille à une biche apeurée, le regard perçant les taillis.
Un nouvel appel.
Cette fois, elle était persuadée que ce n'était pas son imagination !
Le courage revint.
Un autre mouvement du cou, une main anxieuse qui se pose sur les lèvres tremblantes...
L'espoir !
Une réponse.

Par ici !
Oh douce présence humaine ! Oh espoir ! Oh !
Avançant plus vite vers la voix qui allait répondre, il le fallait, laissant des morceaux de robe aux branches et faisant un barrage de ses bras à celles qui lui griffaient le visage, elle marchait, courait presque à travers la forêt devenue hostile.

Par ici, s'il vous plait !
Aucune pudeur, aucune fierté dans un appel à l'aide, femme faible prenait tout son sens...
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Theognis
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MessageSujet: Re: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitimeLun 9 Mai - 22:30

Les sabots crottés du cheval troublèrent l'onde limpide de la rivière, quand Théo décida, par dépit, de la traverser. Elle formait une barrière d'odeurs pour tout chasseur à quatre pattes. Le chien le suivit à la nage puis s'ébroua avec vigueur sur l'autre rive, l'eau étant d'une fraîcheur glaciale. Le soir tombait. Le soleil éclairait seulement la cime des arbres enchevêtrés et ne tarderait pas à disparaître, au profit de l'ombre nichée au coeur des vallons. D'inquiétante, la forêt deviendrait dangereuse.
Le cheval marquait une légère appréhension, par une tension accrue des puissants muscles de son encolure. Quant au chien, désemparé, il ne cessait de restreindre les cercles de recherche. La vue s'obscurcissait. Les appels ne recevaient aucun écho. Cette traque improbable ne servait à rien. Théo, songeur et triste, s'apprêtait à prendre le chemin du retour bredouille.
Soudain, un cri retentit, suivi d'un autre, plus distinct encore. Un cri humain. Sans attendre l'ordre de son maître, le chien fonça en direction des appels en aboyant avec frénésie. Circonspect, le Baron suivit, la main bien accrochée aux rênes, attentif à chaque mouvement anormal.
Il n'eut pas à attendre longtemps. Des fourrés épineux surgit une femme aux habits déchirés, haletante, visiblement éperdue de fatigue. L'épagneul gambadait avec une férocité joyeuse autour d'elle, surveillant ses chevilles pour les mordre si la vagabonde venait à prendre la fuite.
Mais nulle crainte à avoir de ce côté-là. Elle trébuchait plus qu'elle ne marchait entre les buissons touffus, les habits en lambeaux, les jambes lacérées. Envers le chien, elle n'éprouvait aucune crainte, fonçant vers le cavalier comme si sa vie en dépendait. Pourtant, rien ne bougeait derrière elle, aucun homme, aucune créature ne semblait être à sa poursuite. Chose étrange, Théo devinait en son allure une personne connue, malgré l'obscurité il en avait l'intuition. Perplexe, il sauta à bas de sa monture et s'approcha de cette jeune femme blonde. Découvrir son visage à la faveur d'une flammèche lui causa un choc extraordinaire. Figé, il s'exclama:


Della! Della de Volvent!

Passé l'instant de stupeur, il ouvrit ses bras au maximum d'amplitude et la blottit contre son torse, ému par son allure pitoyable. Ses mains, larges et apaisantes, lui réchauffèrent le dos, parcouru de frissons comme des tremblements non pas de froid, mais de peur. Le nez plongé en ses mèches folles, il perçut des parfums inhabituels chez elle, résine, sève rance, fleurs de ronces. Un florilège de questions défila en son esprit, évidemment. Mais il choisit de n'en poser qu'une:

Comment?

Un grondement sinistre répondit aussitôt. Levant les yeux, Théo vit le loup, énorme dans la nuit, retrousser une babine sanglante. L'apparente sérénité de de sa posture, ainsi que la surprise de cette brusque apparition, fit naître la peur et le désarroi. Le cheval, retrouvant là un vieil ami, se tenait sur le qui-vive, prêt à s'enfuir à tout moment. Le courageux, ou inconscient, épagneul breton se planta entre eux et la bête, le poil hérissé, toutes canines dehors, modulant en sa gorge des menaces inutiles. Le Déchu, tenant fermement Della par le bras gauche enroulé sur sa taille, dégagea sa main droite. Sur un rocher près d'eux trônait une pierre de bonne taille, qu'il saisit entre ses doigts.
Ecartant doucement Della, évitant tout geste brusque, il s'approcha d'un pas du loup. En plein jour, il aurait reconnu Aston, mais en cette semi-pénombre, rien ne le distinguait d'un autre loup affamé par le manque de gibier. Tenant la pierre levée haut au-dessus de sa tête, il s'avança encore, focalisant toute l'attention de l'animal sur son bras dressé. Une flamme aurait été mieux efficace, mais elle s'était éteinte en tombant sous l'élan de l'étreinte. Conscient de sa faiblesse, Théo chuchote à Della:


En ma besace, contre le flanc du cheval, se trouve un briquet, et la torche doit être quelque part à tes pieds...

Disant cela, le Déchu dégaina sa lame. Redoublèrent aussitôt les grognements du loup. Le combat semblait inévitable, vu la détermination de la bête. Théo espérait cependant que le chien n'ait pas la mauvaise idée de s'attaquer à ce prédateur bien trop redoutable. Il tentait, par de fréquents appels à mi-voix, de le détourner de ce but, mais il perdait sa concentration à le surveiller. Bientôt, avec la nuit tombante, il deviendrait aveugle, alors que le loup, plongé dans le noir, était dans son élément naturel....
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Della

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MessageSujet: Re: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitimeMar 10 Mai - 22:15

La silhouette d'un cavalier se dessina sur le fond demi-obscur des arbres aux ombres intrigantes et Della eut soudain l'impression que son coeur arrêtait ses battements.
Elle n'était plus seule aux confins de ce bois, avec peut-être encore le loup à ses trousses, un homme était là, elle ne mourrait pas encore ce soir.
Pas une seconde l'idée que cet homme puisse être aussi dangereux que le loup ne lui effleura l'esprit. Ce ne pouvait être un coupe-jarret ou un tire-laine, ce ne pouvait qu'être que celui que le Ciel lui envoyait, en réponse à ses prières.
C'est pourquoi, elle se jeta tête baissée, sans réfléchir plus avant, vers ce sauveur.
Il lui fallut quelques instants pour reconnaître son cheval d'abord puis seulement le cavalier...


Clash !
La nuit précédente, elle rêvait de ses bras.
Le soir même, elle s'y blottissait.


Vous...Laissa-t-elle échapper d'entre ses lèvres, dans un souffle, sans trop chercher à savoir comment il était arrivé là, quel hasard heureux ou pas, l'avait conduit à Arquian, en même temps qu'elle, pour la sortir d'un mauvais pas, d'un très mauvais pas.
Elle ne résista pas, n'y pensa même pas, se trouva enveloppée des bras de Theognis, fermant les yeux tandis qu'elle posait sa tête sur son épaule, le temps suspendait son cours...Elle tremblait...Il la rassurait, elle lui en était reconnaissante. Le cauchemar prenait fin.

Mais ce fut de courte durée.
Le danger revenait.
Le leu était là !

Della réprima un sanglot de terreur tandis que Theognis la faisait passer derrière lui, elle n'avait plus ses bras où se réfugier et auxquels s'accrocher. Pourtant, ce n'était pas le moment de faire l'enfant ! Elle le savait et elle s'activa à chercher d'abord à ses pieds pour trouver la torche. Accroupie maintenant, paumes étendues, elle fouillait le sol, à tâtons, tout autour d'elle, méthodiquement. Ses doigts rencontrèrent l'objet de sa recherche, elle soupira cette fois de soulagement. Vite, elle se releva, d'un geste machinal, elle remit une mèche derrière son oreille et en caressant le cheval un peu trop nerveux, elle plongea la main dans la besace d'où elle ressortit le linge enveloppant le briquet et les allumettes savamment préparées et enduites de souffre. Un coup d'oeil à l'évolution de la scène entre Montereau et le loup lui apprit que le temps pressait. L'animal lui sembla encore plus menaçant que précédemment alors qu'il l'avait inscrite à son repas du soir. Fébrilement, elle s'activa à allumer la torche mais la première allumette lui échappa des mains et finit sa course dans l'herbe humide de rosée. Elle jura. Le second essai fut plus concluant, la flamme d'abord bleutée s'allongea rapidement dans une lueur orangée et permit de rallumer la torche qui après quelques hésitations s'enflamma à son tour, distillant une belle lumière blanchâtre.
Enfin !
Theognis tenait toujours le loup en respect cependant que l'animal avançait, ne semblant pas craindre l'homme.
C'était à elle de venir au secours de l'homme.
Sans plus réfléchir, elle se posta aux côtés de Théognis, levant la torche devant elle, l'agitant dans l'espoir d'apeurer le loup, de le voir détaler, renoncer à se faire les crocs sur leurs os.


Clash !
Faudra qu'elle y retourne...Le rêve n'avait pas brodé la réalité...


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MessageSujet: Re: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitimeJeu 12 Mai - 17:51

A la lumière de la torche, Théo découvrit en détail la gueule massive du loup, sa taille impressionnante et son pelage noir comme l'ébène. Un doute naquit dans son esprit mais il ne sut pas tout de suite en percevoir l'origine. Cependant, sa main libre toucha le dos de Della en signe de prudence.

Quelque chose cloche....N'essayes pas de lui faire peur, éclaires-moi....

Depuis longtemps déjà, une affection commune le liait à la jeune femme, avec ce petit goût d'inachevé qui rendait leurs rapports délicieux. Comme cette main qui ne se résignait pas à la quitter, préférant sentir sous l'étoffe la chaleur de sa peau.
Malgré son trouble, il se concentra sur l'aspect terrible de la bête en colère. Peu à peu, les souvenirs fluèrent en son esprit, s'assemblèrent en une pensée cohérente avec ce nom venu d'un autre temps qui le frappa comme la foudre:


Aston! Le loup d'Epona!

Il employait encore le nom d'Arquian pour feue-Poupounet, tombée en des circonstances mystérieuses peu après la déchéance du Baron. En fixant la bête dans les yeux, Théo comprit que tout n'avait pas disparu au jour de son départ. Aston, loup né loin d'ici, traqueur implacable de gibier, capable d'avaler quarante lieues sur vingt-quatre heures, était revenu sur ces terres pour s'y établir. Devenir maître de la forêt comme les corbeaux prétendaient à régner sur la citadelle.
Face à eux, il est fort, il est puissant, il a un atout et une faiblesse. Della peut agiter sa torche en vain, il ne craint pas le feu. Mais sa faiblesse, c'est qu'il ne craint pas les hommes. Il n'a pas appris à s'en méfier, c'est pour lui un gibier comme un autre. Il a été chien avant de devenir loup.
Maintenant, le Baron sait à qui il a à faire. Il s'avance dans le cercle de lumière, se projetant comme une ombre sous les pattes d'Aston. L'épagneul à côté continue de grogner, prêt à lui sauter à la gorge. Théo doit le chasser d'un coup de pied.


Della, fais attention au chien, s'il te plaît.

Il n'a pas le loisir de lui sourire. Le loup retient toute son attention. Adoptant une posture hiératique, il le domine de toute sa hauteur et protège d'une lame étincelante sa gorge tendre. Vu l'obstacle tranchant, l'animal n'osera pas sauter pour le mordre. Alors, Théo ose avancer encore d'un pas, sans hésiter, sans trembler. La moindre marque de crainte le condamnerait à subir l'attaque du fauve. Il doit calmer les roulements du coeur en son poitrine, comme ignorer la sueur qui auréole son front. D'un instant à l'autre, Aston peut bondir pour le déchiqueter de ses crocs ou mourir en tentant de le faire.
Seulement, Théo ne veut pas la mort du loup. Il n'est pas un berger, il n'est pas un voyageur isolé, il ne craint pas le diable. La survie du loup l'intéresse. La fascination qu'il exerce est irrésistible. Théo ne peut se résoudre à l'attaquer pour le tuer. Della, oui, a failli mourir. Elle était sur le territoire de la bête, elle n'était pas à sa place, là où le Baron la voit encore, entre les rangs de vignes maîtresse des coteaux.
Ici, dans la forêt sauvage, le loup domine. Mais Théo ne peut le laisser régner. Aston doit accepter, se soumettre. Jamais il ne courbera l'échine ou pliera la patte. Sa soumission sera moins artificielle que celle d'un vassal à son seigneur. Pourtant, le Déchu va imposer la marque des hommes sur cette terre.
Prenant son épée dégainée à deux mains, il la plante brutalement en terre, entre lui et la bête. Il se trouve alors désarmé mais le loup apeuré par cette détermination sans faille recule d'un bon mètre. Rassuré, Théo prend des mains de Della, ô doux contact, ce brandon qui flambe et se décide à éclairer, non plus la gueule de l'animal, mais le glaive enchâssé, faisant miroiter des lueurs enflammées sur la lame. Elle n'a jamais connu tel éclat.
Aston, définitivement apeuré, réduit à l'incompréhension la plus totale, ne parvient même pas à grogner. Que l'homme se débarrasse de sa griffe tranchante est déjà une chose étrange ; que cette griffe se mette à briller sous le contrôle si serein de son ennemi est un prodige. Or, tout prodige signifie danger en langage de loup.
Menace qui serait dérisoire si dans les limbes de mémoire d'Aston ne se trouvait pas le parfum familier du Baron. Il ne saurait réfléchir davantage. Cette particularité le dérange, c'est encore un avertissement, l'avertissement de trop. La force de son instinct est battu en brèche par cette résistance inattendue. Le prédateur n'a plus la confiance qui différencie la proie du chasseur, elle s'est même inversée, c'est lui désormais qui craint d'être traqué. Les babines sur ses crocs retombent comme son museau se baisse pour renifler la terre. Un souffle de vent finit par le convaincre: une lointaine odeur de chevreuil lui chatouille les naseaux, une odeur conventionnelle et rassurante. Alors aussi vite qu'il est venu il disparaît dans la nuit, pas encore soumis, toutefois vaincu.

Théo, épuisé par toute cette tension nerveuse, tombe lourdement à genoux dans la terre meuble. Les yeux mi-clos, il souffle profondément comme pour exhaler tout ce qu'il a retenu en lui pendant cette confrontation. Son bras, tiré en arrière, cherche le contact de Della: savoir qu'elle est là, qu'elle va bien, envie de son contact.
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MessageSujet: Re: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitimeSam 14 Mai - 23:21

Le nom d'Epona évoqua bien des souvenirs...
Mais il n'était pas le temps de s'apitoyer sur le passé, seulement celui de ne pas faillir devant le présent et l'animal rendu à la vie sauvage.
Tout cela semblait tellement irréel.
Elle, le loup et Theo lui tenant tête, bravant l'instinct de chasse de la bête pour les sortir elle et lui de cette forêt, en plein cauchemar.
Que restait-il de ce rêve enivrant responsable de tout ceci ?
Un contact, celui d'une main posée sur elle, protectrice, caressante un peu, prometteuse peut-être.
Voici maintenant qu'elle tremblait non plus pour elle mais en regardant Theognis avancer vers Aston, lame brandie trop près de sa propre gorge, dangereuse puisque au moindre assaut de la bête, l'arme trancherait homme et animal.
Tenant fermement le chien qui grondait, réclamant lui aussi son combat, son heure de gloire ou de mort, Della ne pouvait détacher son regard de Theognis plantant sa lame entre Aston et lui à l'image de celle plantée entre Tristan et Iseult, à l'image de celle plantée entre eux par le destin, un mauvais jour.
Ne pas regretter. Vivre ! Ils vont vivre, le leu ne les tuera pas, Theognis est trop vaillant, il est beau dans ce duel, trop fier, trop sûr de lui, comme toujours, mais tellement beau. Comment ne pas l'admirer, ne pas...l'aimer ?
Le flambeau est élevé, la lame étincelle, la bête s'enfuit et la dame frissonne, libérée de cette menace qui la tenait depuis des heures, promettant ses crocs serrés sur leur chair à tous les deux.

La tension retombe, le vainqueur est las, il semble épuisé.

Le chien fut libéré qui s'élança sans demander son reste mais qui reviendrait bientôt, à l'appel de son maître.
La main de Della saisit celle qui la demandait.
Un pas et elle est près de lui, un peu gauche, un peu trop naïve, un peu trop inexpérimentée aussi. Et peur. Mais plus pour sa vie. Peur de mal faire, de ne pas faire.
Elle doit se libérer du carcan qui l'empêche de respirer, qui l'oppresse, elle lutte contre ses bonnes manières et ses faux-semblants qui l'habillent si bien. Elle est à l'image de ses vêtements, déchirée, en lambeaux...
Et elle laisse monter cette tendresse qu'elle a tant de fois refoulée, elle vit et peu importe le reste, elle a envie et besoin d'enlacer et d'être enlacée pour conjurer la peur et respirer !
Alors, elle avance sa main libre vers le visage marqué par l'épreuve, ses doigts hésitant encore un peu ne font que frôler la joue, le coin des lèvres. Enhardis, les doigts glissent le long du menton et remontent déplacer une mèche de cheveux, se perdent dans la chevelure...Les yeux azurs cherchent un regard où plonger, celui où dansent les flammes...Et la femme tombe à son tour, les genoux au sol, la main toujours liée à la sienne, avec sur les lèvres, un petit sourire presque gêné...
Theognis...
Dans son prénom tout est dit. Le merci, les questions sur sa présence ici, sur le comment il l'a trouvée, les commentaires sur ce qu'il vient de réussir...même ce qu'elle n'oserait jamais dire...
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MessageSujet: Re: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitimeMar 17 Mai - 16:19

Sur ses lèvres se dessine un sourire apaisé et ses bras s'étirent pour envelopper Della dans une chaude étreinte. Le contraste est saisissant entre la brutalité du loup et l'infinie tendresse prodiguée par les caresses de la belle. La nuit semble s'arrêter à la lisière de son regard, sa couronne blonde est un puits de lumière pour son inspiration. Une telle harmonie dans ses gestes timides et élégants donne à Théo l'élan pour la serrer davantage contre lui, encore.

La brise, malgré la vigueur du vent, ne se mélange ni à leurs souffles ni à leurs odeurs. Elle sent bon le muguet fraîchement coupé, il la respire comme elle doit s'imprégner de son parfum un peu fauve de chasseur, il pose son nez contre son cou et s'enivre sans retenue aucune. Il ne pense plus à rien, sa raison est réduite au néant. Affamée de douceur, la pulpe ébréchée de ses lèvres frôlent et caressent le nacre de sa peau. Forêt, faune et flore s'évanouissent à ce contact. Jamais ils ne furent si proches, jamais il n'a senti avec tant d'acuité la pression de ses seins contre son torse, jamais ses mains ne vinrent à s'appuyer si fort contre la cambrure de ses reins. En l'écrin de la nature sylvestre, il se sent enfin libre.

Son nez choque le menton, passe contre la joue, s'enclenche contre le sien. Leurs yeux avec détermination se dévorent mutuellement. Il ne réfléchit pas aux conseils de sa conscience, ni aux conclusions ni aux conséquences. Il voit, il écoute l'appel des sens. Leurs bouches sont déjà si proches. Pourtant, elles hésitent encore, comme si elles s'inquiétaient des réactions d'icelles. Néanmoins, le mouvement est irrésistible. Il happe ses lèvres comme une friandise. Sa langue, conquérante, vient débusquer dans la sienne pour un somptueux baiser, souffle suspendu, caresses en attente. Puis leurs corps lentement se mettent à l'unisson. Se noyant dans le baiser, Théo cherche à prolonger la fusion du moment. Suivant la danse inlassable de leurs langues gourmandes, leurs corps se déhanchent, les premiers soupirs naissent, murmures étouffés de plaisir. Ses doigts, avides du contact de la peau de Della, froissent le tissu et s'insinuent sous la chemise, pendant que son corps se penche sur le sien pour s'allonger ensemble sur la terre fertile. Le loup peut venir les dévorer qu'ils ne sentiront rien.
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MessageSujet: Re: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitimeMar 17 Mai - 22:49

Elle s'en souvient, maintenant, il sentait le sanglier !
Quel étrange souvenir que celui-ci, à ce moment-ci.
Il avait pris un malin plaisir à se présenter en tenue de chasse sans prendre la peine de se changer ni de se rafraîchir.
Elle en avait été vexée mais aussi troublée.

Ce soir, il avait eu chaud, peur sans doute aussi, un peu. Ne le connaitrait-elle jamais que sortant des bois, après une lutte contre la nature animale ?
Pour l'heure, elle n'était pas bien présentable non plus.
Est-ce cela qui lui plut ? Cette sensualité quasi bestiale, leurs sens à fleur de peau, l'émotion, le coeur battant, la peau odorante...quelle agréable alchimie que leurs élans qui se donnent en un baiser. Elle ne l'a pas empêché, ne l'a pas repoussé, au contraire, elle l'a enlacé, a entrouvert les lèvres pour laisser se mêler leur désir, elle a collé son corps au sien, a laissé courir ses mains sur ses épaules, sur ses bras, jusqu'à ses hanches contre lesquelles elle serre son propre corps.

Il l'allonge, elle l'enlace encore pour l'entraîner dans cette délicieuse chute...
Autrefois, elle avait résisté, elle avait renoncé et avait regretté, bien souvent.
Là, elle ne résiste pas.
Ses mains glissent sous le tissu de la chemise de Theognis, se délectent de sa peau, courent le long de son dos, tandis que ses lèvres retiennent les siennes, que sa langue caresse la sienne, que ses sens s'aiguisent, que son appétit augmente, semblant ne pas pouvoir s'arrêter avant d'avoir croqué cette pomme, ce fruit tellement défendu...encore inconnu.
Enlacée à lui, bras et jambes noués aux siens, elle roule, elle est allongée sur lui, lâche un peu ses lèvres pour le regarder, elle l'a toujours trouvé séduisant, il l'a toujours fait frémir rien qu'en la regardant. Alors, elle profite, elle le regarde encore et encore, les lèvres entrouvertes, laissant échapper un souffle rempli de désir, presque des soupirs. Et elle se penche sur lui, embrasse ses lèvres, sa joue, son cou, jusqu'à son épaule, résiste à l'envie de le dévorer...Elle devient louve...Ses veines charrient un sang devenu brûlant, palpitent des battements sourds d'un coeur prêt à imploser...La passion la gagne, le désir de lui devient premier...Et ses doigts délacent la chemise, ouvrant le passage à ses lèvres qui déposent des baisers juste avant le premier mordillement...Elle joue avec lui comme elle a eu l'impression qu'il se jouait d'elle, autrefois...Elle joue et elle se délecte de chaque frisson qui court le long de son échine pour venir mourir au creux de ses reins qui bougent contre l'homme étendu, qu'elle veut...
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MessageSujet: Re: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitimeLun 23 Mai - 20:50

Certaines heures sont plus longues que les autres, certaines sont plus précieuses. Cette heure passée avec Della sur la couche meuble d'une terre de forêt, dans l'obscurité pénétrante d'une soirée sans lune, est à ranger dans le coffre de ses souvenirs dorés. Ce couple, brisé par les errements législatifs d'une justice en papier, consume enfin les désirs enfouis sous la cendre des regrets. Si proches ils furent de s'embraser au moindre contact et si prudes de s'en garder avant le mariage, que la folie prend le dessus sur le destin de leur mariage brisé. C'est à peine s'il étouffe ses cris sous des baisers fougueux quand leurs bassins s'entraînent dans des danses sensuelles.
De la pointe du mamelon jusqu'aux chaleurs suaves de son intimité, il ne laisse rien au secret. Quand elle s'élève au-dessus de lui pour se déhancher, ce sont les pâleurs de la lune conjuguées au vermeil de son sang qui étincellent en son regard complice. Et quand ils s'effondrent dans les bras l'un de l'autre, ce sont leurs souffles qui gratifient leur peau suée d'un merci inarticulé.
Un peu ivres, légèrement chancelants, ils se relèvent après un long moment passé en silence dans le creux de la terre. Théo détache de son cheval une cape chaude pour entourer les épaules de Della. Puis d'un sourire, ose briser le calme retrouvé de la nuit.


Et maintenant?
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MessageSujet: Re: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitimeMar 24 Mai - 18:43

Et maintenant ?

Quelle belle question...Quelle importance...

Elle répondit d'un sourire, levant un peu les épaules, le regard brillant, les lèvres sans doute encore roses de folie.
Le sourire s'agrandit, devint presque un rire avant de l'être tout à fait.
D'une main elle caressa le visage tant rêvé et devenu un autre rêve, plus fou, plus beau, plus fort encore !
Il fallait maintenant, ce fameux maintenant, découvrir les joies du péché, le goût de l'interdit, la saveur de l'aventure, sans faillir mais pas sans crainte.

Mais puisqu'il fallait répondre avec des mots :

Maintenant, tu m'emmènes sur ton cheval.
Elle s'enroula alors dans la cape, les yeux pétillants de malice, attendant qu'il l'enlève pour la conduire dans son château caché dans les brumes où ils vivraient heureux à tout jamais...Sauf que Della n'est pas sotte et qu'elle sait qu'ils ne vivront pas le reste de leurs jours ensemble, d'ailleurs, le veulent-ils ? Sans doute pas...Mais pour l'heure, elle se sentait bien dans ce doux cocon du rêve touchant à la réalité alors qu'enfin libérée de ces regrets qui la hantaient, elle venait de savourer jusqu'à plus soif, le goût du fruit défendu.
Demain arriverait bien assez tôt, elle n'avait pas envie de s'en soucier, préférant se lever un peu sur les pointes de ses pieds pour déposer un baiser sur les lèvres de Theognis avant de lui lancer d'un air taquin :

A moins que tu ne préfères que le loup me dévore.
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MessageSujet: Re: D'un songe à un autre   D'un songe à un autre Icon_minitime

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