Bécasse à Tyran, vous me recevez ?

Messages : 1 Date d'inscription : 07/12/2009

Recluse en ses appartements du Montaneres, dans la plus haute salle de son unique tour, une blonde béarnaise chatouille son nez mutin du bout de sa plume comme un colosse nordique en suçoterait la pointe, en attente des mots, de l‘étincelle teintée qui fera couiner le vélin.
Les tâches de son qui constellent le blase taquin frissonnent et se plissent imperceptiblement sous la caresse duveteuse de l'instrument de travail préféré des pisse-copies.
Epistole son amour, elle retrace l'itinéraire, reprend son habit d'Ingénue, fille de rien et des chemins, étale sa vie comme une carte au grès des mots, pour distancer le deuil. Grimpettes accidentées, grandes avenues aux pavés dorés, chemins de traverse et petites compromissions depuis son arrivée en Béarn et la sédentarisation.

Et ce soir, c'est la grande Dénéré qui lui revient, ses débuts d'ambassadrice, Bourgogne. Traité Maathis, conflit diplomatique, feuilles de chou et chou gras de l’AAP.

Citation :: A vous, Theognis de Montereau, Baron d’Arquian et de Seigneley,

De nous, Eugénie de Varenne, Vicomtesse du Montaneres, Baronne de Domfront et de Monein, jeune oie curieuse,

Il est des jours -pluvieux et maussades- où la curiosité et la fantaisie prennent le pas sur l’ennui.
Il est des jours où un baron bourguignon se voit l’innocente victime de la bizarrerie et de la frivolité d’une jeune javotte résidant à mille lieues d’icelui.
J’ose espérer que vous noterez la recherche dans l’écrit et la rime.

Et ce jour, à l’heure où nous prenons la plume, où nous gâchons vélin et encre chèrement financés à la sueur du front de nos gens, nous vous portons confirmation de notre plus grand intérêt à votre égard.

Vous ne nous connaissez pas, nous ne vous connaissons pas non plus, mais nous avons encore la lointaine souvenance du conflit diplomatique qui opposa Bourgogne et Béarn et fit perdre les sangs (hyperbole, quand tu nous tiens...) à Arielle de Gilraen de Dénéré, première chancelière dont nous fûmes sous tutelle alors que nous entreprenions une "prometteuse" et "enrichissante" carrière d’ambassadrice béarnaise en Bourgogne.

Notre missive n’a pas vraiment de finalité précise donc, si ce n’est celle de connaitre -et s’il le veut bien- celui qui terrorisa (si peu) la diplomatie Béarnaise et que l’on nous avait dépeint comme acrimonieux, cynique, froid et arrogant.

En nous excusant bien de la peine et de l’affliction que nous avons dû vous causer à la lecture de nos mots,

L'Eclat de Prométhée Messages : 607 Date d'inscription : 06/11/2007

C'est au grand matin qu'il reçoit la missive, et le soir qu'il répond. Sous la lumière flottante des chandelles, le Baron réfléchit. Seul à son bureau, il y porte manteau, et gants de laine. Les courants d'air ont investi la place forte.
Puis, soudain, comme un bretteur dégainant son épée, il envoie sa main en avant et enroule des mots autour du calamus.

Citation :: Eugénie de Varenne, Vicomtesse du Montaneres, Baronne de Domfront et de Monein,
Salutations.

Du Béarn, je ne connais personne, ou presque. L'heureuse surprise de savoir que la réciproque n'est pas vraie. Vous avez donc retenu mon nom au cours de cet épisode pénible qui opposa Bourgogne et Béarn pour une histoire de traité.
Je m'excuse par avance de la pauvreté des mots que j'avance sur le papier. Ils grincent lamentablement sous la plume, quand les vôtres chantent au palais. Ils se fatiguent beaucoup à s'élever à votre oreille fine.

Seulement, il est curieux que vous cherchiez à me connaître, sans mieux vous présenter vous-même. Votre nom ne me renseigne guère, et l'allusion à votre existence reste évasive. Sachez que je ne suis pas un homme à me dévoiler facilement, aussi j'attends de vous davantage de révélations avant de me prêter à votre petit jeu.

Cependant, je tiens à rectifier certaines choses. Choses qui ne sont pas nettes dans votre esprit, puisque vous me pensez froid et que vous craignez mon affliction. Je ne suis ni acrimonieux, ni cynique, ni froid, ni arrogant. Mais je suis bourguignon. Mon attitude fut seulement de défendre l'honneur et le prestige de la Bourgogne, quand bien même je fis preuve d'une certaine rigidité dans mes mots. La défense de la terre passe avant toute autre considération, surtout si l'on est investi des lourdes responsabilités de la représenter partout où l'on va. Ce n'était donc pas moi, mais le Chambellan qui s'exprimait dans cette querelle avec votre pays béarnais.

Maintenant, vous trouverez ces écrits étranges, si vous apprenez qu'à la tête de ma compagnie privée, les Dragons d'Arquian, je m'applique à brûler la route, les cœurs et les secrets. Mais, fatigué de me battre au nom d'un idéal trop lointain, piètre politicien, j'ai choisi d'autres voies pour contenter mes rêves, et trouver mon bonheur, peut-être. Je préfère encore les flèches de mes ennemis aux traits de mes adversaires politiques. Au moins, celui en face est sur le même champ de bataille.

Bien à vous,
Theognis d'Arquian et de Seignelay,

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