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 Une Étincelle dans le Donjon des Ombres

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Gorborenne
Orion, le Chasseur de Démons
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MessageSujet: Une Étincelle dans le Donjon des Ombres   Une Étincelle dans le Donjon des Ombres Icon_minitimeSam 14 Nov - 0:58

Le Chauve se tient face au Vieux Donjon d'Arquian. Depuis des mois, la tour abandonnée sert de refuge à ses nuits tourmentées. Enfin, sa terrasses exclusivement. La première fois qu'il est venu, il est grimpé au sommet dans l'obscurité, et jamais depuis il n'a chercher à voir de ses yeux ce que renferme l'intérieur du Donjon. La curiosité l'a bien piqué quelques fois, mais il sent qu'il troublerait quelque repos à agiter flambeaux et troches en ces lieux.

Serrant sa Douce contre lui, il hésite un moment. Il sait que ces pierres dissimule un secret et une souffrance. Il les sent transpirer des murs à chaque fois qu'il approche de l'endroit. Il ignore si c'est une bonne chose de laisser Isa rentrer dans le Donjon des Ombres, il craint qu'elles cherchent à lui imprimer leur marque.

Pourtant, quand il plonge son regard dans le sien, tout doute disparait devant l'étincelle qu'il décèle au fond de ses yeux. Pourquoi craindrait-elle l'obscurité, elle, sa source de lumière qui éclaire les pas de sa nuit..... Presque imperceptible, le sourire qui se dessine sur ses lèvres à quelque chose d'apaisé. Il le sent, d'avoir sa Douce près de lui, son cœur se renforce et sa douleur s'apaise peu à peu. Si le Chauve était ce Donjon obscur qui se dresse devant eux, elle en serait les lustres flamboyant de lumière, baignant l'intérieur d'une clarté reposante.

Lentement, il s'approche de la porte et s'appuie dessus pour en faire pivoter le lourd battant. Le grincement des gonds, pour une fois, sonne comme un bienvenue plutôt que comme une malédiction. Et déjà, devant eux se dresse l'ouverture, béante comme une gueule grande ouverte prête à les avaler dans l'obscurité qui règne en dedans.


- On y est ma Chérie, le vieux Dragon de Pierre d'Arquian, perché ici depuis plus loin que remonte les mémoires.

Se retournant vers elle tout sourire, il s'approche de deux pas puis la prends dans ses bras en lui glissant un baiser au coin des lèvres.

- Faut pas avoir peur, il dort..... lui aussi...
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Isa
Cédalia, la lumière céleste
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MessageSujet: Re: Une Étincelle dans le Donjon des Ombres   Une Étincelle dans le Donjon des Ombres Icon_minitimeLun 16 Nov - 1:33

Elle le suit, sans aucune hésitation, sans peur, sa main dans la sienne jusqu'à une porte devant laquelle il s'arrête.
L'atmosphère est particulière. Humide et froide certes, si l'on s'en tient uniquement aux perceptions physiques. Mais quelque chose d'autre, de grand et de ... douloureux est palpable ici. Les murs semblent protéger un secret et l'obscurité renforce encore l'impression de lourdeur et de ... mort ? Gorbo la prend dans ses bras et elle lui sourit, scrutant son regard, sondant son coeur et son esprit. Un frisson soudain la parcourt. Pas un frisson de froid, ni de peur non. Elle n'a pas peur. Plutôt le frisson que provoque une présence avant même que le corps ou les yeux puissent percevoir celle-ci. Il a pris naissance dans sa nuque et irradie rapidement vers le bas du dos. Mais curieusement, celui ci lui insuffle une sensation de plénitude et de calme. Ce n'est pas la première fois qu'Isa perçoit ce genre de frissons. Et elle sait ce que cela signifie, le tout est de découvrir ce qui se manifeste ... Pressée tout contre le géant, elle inspire profondément et reste immobile un instant, les sens en éveil.

Lentement il s'écarte d'elle, pousse la lourde porte et un grincement s'élève dans la nuit. Puis, revenant vers elle, il lui murmure de ne pas avoir peur. Isa lève une main vers son visage et le caresse avec douceur, tout en murmurant :

Je n'ai pas peur. Montons chez toi .


Sans attendre, Isa s'élance vers l'ouverture béante, et gravit les escaliers d'un pas sûr, dont elle est d'ailleurs la première surprise. Gorbo derrière elle lui souffle d'être prudente, de ne pas glisser mais quelque chose l'attire là haut. Au détour d'une volée de marche, la noirceur fait place à un ciel étoilé et Isa gravit les dernières marches au ralenti, subjuguée par la vue qui s'offre à elle. Lentement elle s'avance sur la plateforme, presque jusqu'au bord et ne peut détacher ses yeux du spectacle qu'elle découvre : un ciel, dégagé de tout nuage, dans lequel scintillent des dizaines d'étoiles, certaines plus brillantes que d'autres . En dessous une étendue sombre, la forêt d'Arquian et derrière elle, une vaste plaine dans laquelle serpente un cours d'eau.

Nouveau frisson dans la nuque et ce sont les bras du géant qui l'enveloppent, et ses mains qu'il pose sur son ventre, comme il en a l'habitude maintenant. Passant ses mains sur celle de son ange, elle murmure :


Une telle vue ne peut qu'apaiser les esprits les plus torturés. Quelle paix ...
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Gorborenne
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MessageSujet: Re: Une Étincelle dans le Donjon des Ombres   Une Étincelle dans le Donjon des Ombres Icon_minitimeJeu 19 Nov - 5:58

Passant devant lui tel un feu follet, Isa s'engouffre dans le Donjon et grimpe les marches sans attendre. Le Chauve la suit d'un pas pressé et inquiet, lui connait bien les marches, le nombre de fois qu'il les a déjà parcourues dans un sens et dans l'autre. Mais elle? Il craint à chaque instant de l'entendre chuter au milieu de l'obscurité qui les entoure.

Pourtant, les bruits de pas qui raisonnent semblent si légers et assurés que c'est comme si quelque force les portait vers le sommet de la Tour. La perception qu'il a de cet instant est de courir derrière une étincelle, essayant comme il peut de rester dans son halo de lumière avant que les ombres ténébreuses du Donjon ne l'enveloppe à nouveau.


- Attends-moi....

Puis finalement, le sommet arrive. Sur la terrasse, devant lui, Isa à le regard perdu sur l'horizon, comme lui-même ne peut s'empêcher de laisser le sien s'égarer à chaque fois qu'il monte ici. Pourtant, cette fois ci, la seule chose qui l'attire est ce corps frêle et plein de vie qui se tient devant lui. Quelques pas pour la rejoindre et l'envelopper de ses bras, ses mains posées sur les espoirs à naître... Il ferme les yeux un instant, enivré par le parfum de ses cheveux dans lesquels il plonge le visage avant de se redresser et de contempler la voûte étoilée un long moment.

Près de la barrière de l'horizon, Orion accroche ses lucioles à la couverture obscure de l'éther. Orion, le chasseur aveugle, et Cédalia, qui la lui rendit..... Resserant un peu son étreinte, il glisse un petit baiser dans le cou d'Isa et sourit avant de l'emmener vers le large créneau où il à l'habitude du dormir.


- Quand je suis ici, j'ai l'impression d'être hors d'atteinte, rares sont les endroits où j'arrive à dormir aussi sereinement....

Sortant une large et épaisse couverture d'un sac de cuir rangé sous un petit appentis, il passe celle-ci autour d'Isa avant de démarrer rapidement un petit feu dans le braséro qu'il avait monté jusqu'ici quand les nuits avaient commencé à être plus que fraiches. S'enveloppant d'une seconde couverture, il va s'assoir contre la muraille près du petit feu et d'un geste invite sa Douce à le rejoindre.

- Viens t'assoir près de moi, je vais te raconter une petite histoire avant de dormir....

Assis ainsi, la hauteur des créneaux empêche d'apercevoir autre chose que le ciel étoilé, comme s'il étaient sur un navire perdu dans l'immensité de la nuit....
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Isa
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MessageSujet: Re: Une Étincelle dans le Donjon des Ombres   Une Étincelle dans le Donjon des Ombres Icon_minitimeMar 1 Déc - 16:35

Quelques instants encore en contemplation devant la vue imprenable, Isa laissait monter en elle le chant de paix de son âme. Plusieurs fois déjà, cette paix intérieure l'avait envahie, durant des moments où elle s'y attendait le moins, où tout semblait perdu ou définitivement scellé.
Comme une parenthèse, une bouffée d'air frais. Le temps semblait s'arrêter pour lui permettre de reprendre souffle, d'écouter sa propre profondeur. Petit à petit, elle avait appris à apprivoiser ces moments et était capable à présent de les prolonger par sa seule volonté. Les premières expériences avaient été fugaces, presque imperceptibles, si ce n'est la sensation de bien-être ressentie juste après. Puis petit à petit elle avait pris conscience de la suspension et pour la prolonger, chassait toute pensée spontanée, une seule question en suspens ...
Chaque fois, après cet interlude, force et paix intérieures semblaient décuplées, tous les sens restaient en éveil, capables de percevoir l'imperceptible. Elle était comme ...perméable....

Cependant cette fois, si la paix intérieure était aussi intense que d'habitude, les circonstances semblaient différentes. Jusqu'ici, elle savait toujours quel événement l'avait menée à cette "extrémité". Ici ... rien n'était aussi précis. Seule ... une impression... une vibration inhabituelle qu'elle n'arrivait pas encore à identifier... Surtout ne pas tenter de saisir ...pas de question ... juste ... l'écoute, la perception... Aucune sensation de menace ... juste comme ... un tourment mais qui ne la touche pas elle...ne pas essayer de comprendre encore ....

Les sens en éveil, Isa se tourna vers le géant. Ses dernières paroles résonnaient encore dans sa tête alors qu'elle resserrait la couverture qu'il avait posé sur ses épaules. Elle s'approcha de lui, souriante et douce. Son souffle effleura le visage de Gorbo alors qu'elle se penchait pour l'embrasser. Des regards se croisèrent, juste un bref instant .... et elle sut qu'il avait senti. Peut-être n'en était-il pas conscient, mais quelque chose en lui .... oui.

Isa prit place tout contre Gorbo et attendit qu'il referme ses grands bras sur elle, comme elle aimait désormais. Posant sa tête contre son torse, elle put percevoir les battements de son coeur à lui. En cet instant ils étaient seuls au monde... L'un à l'autre, l'un pour l'autre. Bientôt sa voix résonna dans la nuit et elle se laissa emmener par les images que suscitait son récit.



Dernière édition par Isa le Dim 6 Déc - 0:51, édité 2 fois (Raison : Orthographe)
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MessageSujet: Re: Une Étincelle dans le Donjon des Ombres   Une Étincelle dans le Donjon des Ombres Icon_minitimeLun 21 Déc - 20:23

Assis contre le mur, les bras enveloppant Isa, les mains posées sur la Bulle, Gorborenne se laisse bercer un moment par la lente respiration de cette petite étincelle si chère à son cœur...... Si calme..... comme la nuit qui les enveloppe de son silence imperturbable.......

Il ferme les yeux.... Le nez dans les cheveux de sa Belle, il ferme un instant les yeux et se rappelle parmi les fragrances boisées de sa chevelure, les boucles qui tracent dans ses souvenirs la trame d'une histoire chère à son cœur.... Pas vraiment la sienne, mais quand même effleurée de son empreinte......

Le Chauve redresse la tête un moment, laisse son regard parcourir la voute étoilée, le fixant finalement sur l'horizon bien particulier, cachant l'objet même du récit qui finit par lentement glisser entre ses lêvres...... d'abord comme un murmure..........


Le mieux, je pense, est de d’abord faire un bond plusieurs siècles en arrière, à l’époque ou Rome régnait de toute sa splendeur sur le bassin méditerranéen. Les récits qui nous sont parvenus parlent d’un pays faisant face à l’Hispanie, d’une ville connue sous le nom de Carthago, dont la culture et la science n’avaient rien à envier à l’Empire. Jalouse de son rival, Rome envoya ses armées, et après de longues décennies de guerre, celle-ci parvint aux portes de la Cité. Le siège dura plus de quatre an, mais Rome finit par vaincre. La légende raconte que cette ville, porteuse de sagesse et d’avenir, fut rasée jusque au sol, ses habitants massacrés ou déportés comme esclaves. Puis les romains, déversèrent du sel sur le pays de Carthago, pour qu’à tout jamais rien ne repousse, de la cité à la plus petite plante.
Ainsi disparut au-delà du temps l’âme d’un peuple et d’une civilisation. Ça n’étaient pas les premiers, ce ne seraient pas les derniers.

Remontons maintenant à une quinzaine d’années. Par delà l’Oural, depuis longtemps passé les dernières frontières orientales de la Sainte Russie, s’étendait depuis plusieurs siècles un pays connu sous le nom des Trois Principautés de Sibérie. La Borée était l’une d’elle. Verte terre des hautes futaies et des forêts innombrables, elle étendait son manteau de cimes troué ça et là de clairières, depuis les collines du nord, jusqu’au terres des principautés voisines au sud et à l’ouest.
Ce pays était porteur d’une culture forestière. Les gens savaient tirer de la forêt ce dont ils avaient besoin tout en la préservant. Beaucoup auraient vu en ce peuple des gens primitifs, mais loin de là, ils avaient préféré vivre en harmonie avec leur milieu, plutôt que de chercher à tout prix à le conquérir.
C’est dans les flammes que la principauté de Borée fut effacée de l’histoire des hommes. Un incendie, dont l’origine est une autre histoire, ravagea la contrée pendant plusieurs semaines. Réduisant des lieues de forêts riches et verdoyantes à l’état de souvenir, renvoyant un autre peuple, une autre culture dans l’oubli.

Le Chauve se tait un moment, refoulant quelques images amères de son passé au fond de ses souvenirs, avant de reprendre d'un voix toujours calme, raisonnant à peine dans la pénombre les enveloppant tous les deux........ Sous la couverture, une de ses mains resserrent doucement son étreinte sur le ventre d'Isa alors que l'autre entoure ses épaules en jouant un peu distraitement avec ses cheveux.........


La légende de Cartago me fut contée, celle de Borée, tu le sais, je l’ai vécue... C’est ma croix et mon espoir…
Pourquoi j’évoque tout cela ? Parce que ces deux pays disparus furent réunis. Comment ? Grâce à un de mes plus vieux amis, Antonin de la Botte, janissaire en exil et le plus grand des contrebandier de notre époque, mais je t’ai déjà parlé de lui je crois…

Lors de ses errances, il a pu parcourir tout ce que le monde occidental compte comme villes et routes, comme villages et sentier. Il y a une demi douzaine d’années, l’un deux le mena dans la région du Caucase. Dans une petite bourgade, alors qu’il se promenait sur le marché à l’affut de marchandises pour emplir sa charrette, un marchand de bois attira son attention. Il avait deux chariots pleins d’un bois noir comme la nuit, comme il n’en avait jamais vu avant. Le marchand lui expliqua qu’il venait d’une contrée au nord, que ce bois qui avait brulé en surface, avait séché et atteint une incroyable dureté en son centre. Il ne lui fallu qu’un instant pour comprendre. Le vieux janissaire avait devant lui la dépouille des forêts de Borée. A cet époque, je le connaissais déjà et lui connaissait mon histoire, mais d’en avoir une preuve sous les yeux le retourna. Il a passé une semaine dans la ville, cherchant ce qu’il pourrait faire avec ce bois. Il avait dans l’idée de m’en ramener, mais un morceau de tronc calciné, selon ses dires, ne m’aurait rappelé que de mauvais souvenirs, ce en quoi il n’avait pas tout à fait tort. Il voulait, de ce bois, pouvoir tirer l’âme qu’il avait au temps d’avant l’incendie. L’illumination lui vint un soir, d’une terrasse sur une maison voisine de l’auberge ou il logeait. Sur un banc de pierre, une jeune fille jouait sur une sorte de cithare, et bien que la mélodie fût touchante, c’est l’instrument lui-même qui attira son attention.
Quoi de mieux à faire de ce bois qu’un instrument de musique ? Il avait trouvé ce qu’il cherchait.
Il est repassé aussitôt chez le marchand pour lui acheter ce qu’il faudrait. Puis il a repris la route.

La couverture glisse un peu, il la remonte d'un geste du bras et ramène l'étoffe sur eux, les enveloppants dans un petit cocon de chaleur d'où seul leurs visages émergent....

La scène suivante eu lieue quelques mois plus tard, en Italie. Antonin venait d’enfin trouvé un luthier dont la réputation et le savoir-faire n’étaient plus à défendre. Et il lui amena le bois. Une harpe lui sembla le meilleur choix. Devant le matériau dur et rigide, l’artisan eut le regard brillant. Son art lui commandait d’en sortir un instrument d’une grande qualité, qui par ce bois serait unique en son genre. Il négocia à peine, plus tenté par le défi que par le gagne-pain. Et moins d’un mois plus tard, le vieux contrebandier reçut une missive comme quoi la harpe était terminée.

Seulement, elle était beaucoup trop grande. Le bois était tellement dur que le luthier avait été obligé de considérablement augmenter la taille des pièces pour pouvoir les tailler de manière précise. Il raconta qu’il y avait usé nombreux de ses outils, mais qu’il n’avait jamais été aussi fier d’une de ses œuvres. Seulement, sa taille et son poids démesuré rendait quasiment impossible de jouer dessus.
Après avoir réfléchi à deux à une solution pendant plusieurs semaines, le luthier eu l’idée de reprendre le système mécanique du clavier d’un orgue pour marteler les touches, ce qui devrait permettre de jouer de l’instrument. Il lui fallut encore près de deux mois pour finaliser la mécanique, et quand il eut fini, des touches en bois blanc venaient marteler les cordes de la harpe, avec une précision rigoureuse. Seulement, le son était bien loin de celui attendu. Il manquait quelque chose.
Un peu déçu, Antonin repris sa route, laissant la harpe en exposition chez le luthier, avec interdiction formelle de la vendre.

La pièce manquante lui tomba sous les yeux six mois plus tard, alors qu’il avait traversé la Méditerranée. Il passa par un village de pêcheurs, construit non loin de la où Carthago s’était jadis fièrement dressée et ne put s’empêcher d’aller se promener là où on trouvait encore quelques restes de ruines, usées par le temps. Les pierres et rocailles alentours étaient étrangement blanches, et le sel lui revint en mémoire. Et comme si une muse l’avait effleurée du doigt, il vit immédiatement ces cailloux, imprégnés du sel qui avait effacé Carthago, dansant sur les cordes de la harpe en bois brulé par le feu détruisit la Borée.
Sur le voyage du retour, il trépignait, impatient de remplacer les heurtoirs en bois insipides par cette pierre porteuse de son héritage. De retour chez le luthier, le contrebandier lui expliqua son idée et il comprit immédiatement et se mit au travail sans attendre.

Trois jours plus tard, un courrier vint chercher Antonin à l’auberge. On le mandait chez le luthier. Des gens d’armes se tenaient dans son atelier, lui, était mort. Il avait pu terminer le nouveau clavier, mais dans les ultimes réglages, une corde avait sauté et lui avait tranché la gorge. Pour une fois, la maréchaussée ne retint pas le contrebandier, mais il lui fallut revenir à la faveur de la nuit, avec deux solides gaillards débauchés dans une taverne, pour charger la harpe dans sa carriole et partir comme un voleur. L’instrument était terminé, c’était le principal.

Mais trainer un instrument de cette taille sur les routes pose un réel problème, et il n’osait l’entreposer n’importe où, il avait trop de valeur à ses yeux. Seule une cache sûre et discrète comme il en avait aménagées quelques unes aurait pu la contenir en toute sécurité. C’est ainsi que la Harpe Martelée en Bois de Feu et Pierre de Sel partit pour le Val Carança, perdu dans quelques monts du centre des Royaumes du Lys.

Voilà comment un luthier mit sa vie dans la rencontre de Carthago et de la Borée, comment un Porteur du Petit Sentier cherche destination à ses voyages.

Encore aujourd’hui, si l’on passe par ce petit vallon encaissé, l’on peut entendre une musique cristalline qui du haut de la montagne, chante au ciel l’âme de deux peuples disparus......

Alors que ses derniers mots se perdent dans la nuit, il referment les yeux, se laissant aller un peu plus contre la muraille tout en gardant sa chère et tendre tout contre lui......
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