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 À la grâce de Dieu, tentons le Diable....

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Le_Petit_Sentier

Le_Petit_Sentier


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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... - Page 2 Icon_minitimeMer 7 Oct - 0:57

[Ailleurs, plus tard, quelque part, tout près de la frontière, vraiment tout près]


Des visions étranges, son esprit flotte au milieu d'arabesques de lumière, exécutant dans ses yeux une folle sarabande. Parfois, comme dans un rêve, des visages se dessinent dans les filaments lumineux. Un visage revient plus fréquemment que les autres, souvent souriant, parfois grave. Son esprit inconscient fouille les remous agités de sa mémoire, quand un nom finit par percer les troubles. Gorborenne, son vieil ami, elle se souvient, ils galopent, il est juste derrière elle. Elle se retourne pour le chercher du regard, mais il n'y a que son rêve qui réagit, et déjà le visage du Chauve s'efface dans le néant. Non!.....


- AIE!


Son corps aussi a réagi. Gisant au sol, une jambe toujours coincée dans l'étrier, le soubresaut amène sa hanche à percuter un caillou pointu. La douleur se fait d'un coup plus forte que le sommeil et son esprit émerge peu à peu. Doucement, elle ouvre les yeux, de peur d'être éblouie, mais il fait nuit. Le froid qui lui enveloppe tout le corps lui donne l'impression d'être morte, mais les rappels lancinants de sa jambe, de son épaule et de son crâne lui prouvent le contraire. En plus, il pleut!

Reprenant conscience, elle perçoit de plus en plus distinctement le martèlement de la pluie sur son visage. Une fois qu'elle sent à nouveau ses doigts au bout de ses bras, elle se contorsionne pour libérer son pied entravé dans l'étrier. Puis, péniblement, elle se relève. Dans sa tête, les évènements commencent à retrouver un semblant d'ordre. Le Chauve, le Baron, l'Oise, le Pont, la flèche. D'un coup, le dard mortel planté dans son épaule se rappelle à son bon souvenir. Un carreau d'arbalète. Elle vérifie, assez haut pour ne pas avoir perforé un poumon, mais suffisamment profonde pour lui arracher les tissus et lui faire perdre une partie de l'usage de son bras. il faudra l'enlever en la poussant sinon ses muscles de l'épaule seront définitivement déchirés. Mais elle ne peut le faire là. La plaie ouverte pisserait le sang et elle n'a pas vraiment sous la main de quoi la cautériser, ni de faire une compresse efficace. Alors elle se contente de verser dessus un peu d'eau de vie qu'elle trimballe dans sa besace toujours accrochée à son cheval.

Elle se souvient de la panique qui l'a pris, mais là, sous le bosquets d'arbres où il l'a trainée, il semble avoir lui aussi repris ses esprits. Mais.... combien de temps l'a-t-il trimballée en fait? Elle regarde, l'écume de sueur qui perle sur sa robe est encore chaude, ce qui veut dire qu'il à du galoper très vite, ou très longtemps. Dans un cas comme dans l'autre, elle doit être bien loin du pont à présent. Elle se dit surtout que c'est un miracle qu'elle soit encore en vie. Remorquée ainsi sans doute sur plusieurs lieues, elle aurait du se briser la nuque, mais la boue de l'orage a du amortir les chocs, ne lui laissant qu'un furieux mal de crâne, bien pire que celui de la pire des beuveries.

Où est-elle? D'un regard, elle scrute l'horizon. Elle perçoit bien au loin quelques lueurs qui semblent percer à travers les rideaux de l'onde, mais cela ne l'aide pas vraiment. Puis, dans un éclair, se dessine au loin l'ombre caractéristique de deux clochers. Elle les reconnait immédiatement. Le premier est celui d'une petite église, le second, d'un chapelle à peine à trois lieu de là. Au pied des clocher, deux hameaux dont les noms ne lui reviennent pas mais qui pour elle ne signifient qu'une chose. La frontière! Au delà de ces deux minuscules villages, à peine une lieue plus loin, s'étendent les plaines de l'Artois. Un autre éclair, une autre direction, ce sont les tours de Compiègne qu'elle perçoit dans la lueur blafarde.

Compiègne, et l'Oise, sa mission! La Blonde n'est pas du genre à hésiter longtemps. Dans des cas comme celui-ci, elle sait très bien les choix qu'elle a à faire. Faire passer la frontière à des gens. En cas de pépin, que ce soit une patrouille ou une embuscade, si elle considère que la mission en est irréalisable, elle préfère faire passer sa propre vie avant celle de ses clients et là, elle aurait directement filé vers l'Artois sans demander son reste, tant pis pour eux. Ils sont au courant des risques après tout.

Mais ici, ça ne sont pas des clients ordinaires. Le premier, elle ne le connaît pas. Même si elle n'a pu qu'apprécier le feu passionné et décidé qui brûlait dans ses yeux, elle n'aurait pas risqué sa vie pour lui pour autant. Le second par contre est un vieil ami. Elle a partagé avec le Chauve de nombreux instants de sa vie. Pour lui, elle risquerait sa vie sans hésiter non plus.

Alors, péniblement, elle se remet sur ses pieds, essuie les monceaux de boue qui lui collent aux vêtements et à la cape, puis se remet tout doucement en selle. L'orage s'est calmé. Un moment à du passer depuis le choc sur le pont. Ont-ils été fait prisonniers? Sont-ils morts? Elle ne se leurre pas, s'ils sont tombés sur une patrouille au grand complet, il y a peu de chances qu'ils aient réussi à s'en sortir indemnes.

Elle ramène son cheval sur la route. Elle a mal de partout, mais tout ses sens sont focalisés sur les alentours. Il ne faut surtout pas qu'elle se fasse attraper elle aussi, pas avant de les avoir retrouvé en tout cas. Ignorant la douleur qui lui fusille l'épaule, elle tient de la main les rênes de sa monture. Dans l'autre, elle serre fermement l'épée qu'elle n'avait même pas eu le temps de dégainer. D'un coup de talons, elle envoie son palefroi au petit trot, vers les berges du fleuve, à quelques lieues de là.



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Dernière édition par Le_Petit_Sentier le Mer 14 Oct - 22:24, édité 1 fois
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Theognis
L'Eclat de Prométhée
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Theognis


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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... - Page 2 Icon_minitimeMar 13 Oct - 1:43

Étincelles stridentes, les coups pleuvent, de part et d'autre des gestes déchaînés, des cris couverts par le fracas du tonnerre, Théo envoie son bras en avant et repousse Snell, manquant de le faire tomber.
Profitant de son avantage, il l'accule contre la barrière du pont en le martelant de coups. Ceux qui tentent de lui venir en aide sont repoussés par l'amplitude de ses assauts, il ne laisse personne d'autre s'approcher, car il est en fureur. Snell, vieille connaissance, vieille canaille, un ami, un adversaire, Snell veut l'empêcher de se battre avec honneur sur le champ de bataille artésien, en le provoquant dans un combat stupide d'arrière-garde, sur un pont de bois branlant sur l'Oise, dans la forêt de Compiègne. Théo est enragé comme un dragon.
Il voit l'ouverture, par le gorgerin enfoncé, un peu de sang se mêle à l'eau ruisselante. Sous la peau bat la veine, qu'il doit trancher d'un coup net et précis. Il lève son épée au dessus de sa tête....Et lève les yeux un instant....Armoria! Elle se tient là, sur son cheval, et le fixe de son regard profond....Un éclair, soudain, blanchit la campagne. L'orage, la pluie battante, leurs corps emmêlés, la dague sous sa peau, la douleur à sa gorge....Tout revient au souvenir de Théo, l'amour qu'il avait pour elle et la fin désordonnée de cette passion vaine. La pluie soudain est froide sur son visage, ses membres sont de pierre, il reste comme hypnotisé un long instant...Et quand il baisse les yeux à nouveau...Il est trop tard.
Snell donne un coup rageur du pommeau de son arme vers son plastron, un coup si puissant qu'il a le souffle coupé et titube en reculant. Des mains inconnues tentent de subtiliser son épée, il résiste, il se débat, mais ils sont trop nombreux....Soudain, Un craquement sinistre se fait entendre...La barrière du pont a cédé sous leurs poids! Snell retient ses camarades, mais Théo ne peut se raccrocher à rien et plonge dans les flots tourbillonnants de l'Oise en crue. Il est vite emporté par le courant, l'eau le recouvre de son boueux linceul, il ne voit et il n'entend plus rien.
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Gorborenne
Orion, le Chasseur de Démons
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Localisation : Lui est là, son esprit, ça dépend...

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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... - Page 2 Icon_minitimeMar 13 Oct - 17:37

Un parapet, dessus, un Chauve en équilibre précaire, devant, des Champenois écumants. Gorborenne pare et esquive comme il peut mais les coups pleuvent. Bientôt, l'un d'eux passera sa garde, il le sait. Son bras commence à fatiguer et déjà ses pieds se font plus maladroits.

- Qu'attendez vous? marmites de guerre professionelles
Vos coups sont aussi mous que le jus de la treille

Vous ne méritez guère l'honneur des combattants
Si pour en vaincre deux il vous faut être cent


Un éclair éclate au dessus d'eux. Devant le Chauve brille soudain le lourd tranchant d'acier d'une hache d'armes fondant sur lui. Dans un réflexe désespéré, il tente la parade mais son épée vient se ficher dans le bois de la balustre et vole en éclat sous l'impact de la cognée qui conserve encore assez d'inertie pour venir lui briser le tibia.
Un coup de tonnerre, dans le ciel et dans sa jambe. Le cri de l'homme couvre presque celui de l'orage.

Avec ses ultimes force, il arrive à se redresser sur son autre jambe, son moignon d'épée tendu devant lui. Dans ses yeux brillent des flammes de folie et de rage.


-Mais pourquoi donc sur mes bottes vous acharnez vous?
Visez donc au cœur, tentez d'atteindre mon cou

Ayez au moins assez de courage pour m'achever
Sinon, croyez moi, je reviendrai vous hanter!

Finissons en là, lâches, par ici, approchez
Ne m'obligez donc pas à venir vous chercher!


Une dernière provocation, un dernier coup qu'il ne cherche pas vraiment à parer. Une longue balafre s'ouvre sur son flanc tout en le repoussant en arrière.

Alors que ses yeux se referment sur la nuit, il tombe. Son esprit s'assombrit, mais il sent encore les froides humeurs de l'Achéron envelopper son corps et l'emporter au gré des flots...
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Le_Petit_Sentier

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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... - Page 2 Icon_minitimeMar 27 Oct - 3:15

[Le long de l'Oise, combien de temps après la bataille?]

Il a fallu plus d'un heure à Adélaïde pour atteindre les berges de l'Oise. Elle n'a croisé personne sur la route. Aucune trace de la patrouille. Peu à peu, l'orage se calme mais la pluie est toujours là, perçante et glacée. La Blonde est trempée de partout, mais elle ne s'en rend même plus compte. D'ailleurs, elle ne se rend plus compte de grand chose. La douleur lancinante de son épaule et le sang qui s'en écoule à petits flots lui brouillent peu à peu l'esprit si bien qu'elle ne voit plus que la danse des ombres qui s'agitent dans la nuit. En fait, elle ne voit presque rien à travers les rideaux de pluie et l'obscurité. Mais à demi-consciente, elle se fie à son instinct et à sa chance.

Puis là voilà au bord du fleuve, au bord du pont. Son cheval s'arrête brusquement dans un hennissement nerveux. Là, étonnamment, son esprit redevient clair et doucement, elle se laisse glisser au bas de sa monture pour accrocher celle-ci à un arbre et observer les traces du combat. Déjà les deux carcasses des chevaux du Baron et de Gorborenne ne présagent rien de bon. Mais pourtant, elle se refuse à penser au pire. Quand elle remarque la balustrade brisée, elle se prend même à espérer. Puis ce qui transforme cet espoir en certitude, c'est de voir que les traces de la patrouille se divisent. Une partie semble avoir traversé le pont alors que l'autre a poursuivi en longeant la berge. Ce qui lui confirme qu'au moins l'un des deux est tombé à l'eau que leurs assaillants sont partis à sa recherche. Elle s'approche un moment des carcasses. Les paquetages sont toujours en place. Personne n'a l'air d'y avoir touché, ce qui lui apporté également la preuve que la patrouille est repartie en hâte. Dans les fontes du Chauve, elle récupère la petite lanterne de contre-bande, ainsi qu'une pochette qu'elle reconnaît pour l'avoir souvent vue entre les mains de Gorborenne. Dedans quelques préparations médicinales dont il avait le secret. et quelques bandelettes de tissu propre. Elle sent qu'elle en aura besoin. Des paquets du Baron, elle sort surtout une bouteille de bonne taille, dont elle arrache le bouchon avec les dents, pour en humer le contenu. Elle est trop étourdie pour reconnaître l'alcool, mais le piquant à son nez lui signal qu'il est du genre à tordre les boyaux plutôt qu'à glisser sous la lange. Elle en bois une rasade dont elle sent la chaleur se disperser dans tout son corps, en verse une autre partie sur sa blessure puis referme la bouteille avant d'aller ranger tout ça dans son propre paquetage. Mais avant de repartir, dans un élan sur lequel elle n'aurait elle-même pu mettre un mot, elle retourne auprès du cheval qui avait porté le Baron et sorti de sous la selle l'étendard détrempé d'Arquian, et fourra la boule de tissus au même endroit sur sa propre monture.

Le temps de remonter en selle au prix de grands efforts et d'une tripotée de grimaces, elle se mets à son tour à suivre le courant depuis la berge. Et là, elle se met à réfléchir et à observer. La vitesse du courant, le niveau de l'eau, le temps qu'elle estime être restée inconsciente depuis qu'elle s'est prise là flèche. Elle ne connaît pas très bien l'Oise en soi, mais elle connaît le comportement des rivières pour en avoir franchie des centaines et des centaines, sur des ponts, à gué, voire à la nage, avec ce qu'elle en voit, elle estime plus où moins la distance sur laquelle ils auraient pût être trainés.

Alertée par un bruit, elle s'arrête net, et dirige d'un coup sec sa monture vers les taillis sombres des sous-bois. A une trentaine de toises, l'obscurité s'écarte peu à peu, grignotée par les tâches lumineuses de quelques torches qui se découpent entre les arbres le long du fleuve.

Quelques éclats de voix lui parviennent.


-.............. rien trouvé................. on rentre ................. reviendra quand il fait jour..............

Dans l'ombre, un sourire que personne ne verra jamais mais qui doit être un des plus larges jamais esquissé par une personne vient se dessiner sur les lèvres de la Blonde alors qu'elle contemple la patrouille qui leur est tombée dessus faire demi-tour après avoir cherché en vain leurs deux victimes. Elle attend qu'ils s'éloignent pour sortir de sa cachette et reprendre la piste, en pressant un peu le pas de sa monture.

Bien sûr qu'il n'auront rien trouvé, il ne sont pas aller voir assez loin! Le courant est plus fort qu'il n'en à l'air, et avec les eaux gonflées par l'orage, elle estime qu'ils ont dû être trimballés sur encore au moins une demi-lieu.

Dans la nuit, elle avance toujours, scrutant l'obscurité, cherchant à percevoir parmi le martèlement de l'onde des bruits d'être vivants, quand son cheval s'agite à nouveau, ralentissant le pas, avançant comme à contre-cœur. L'odeur du sang, pour l'avoir sentie à tant de reprises, elle reconnaît son effluve acre qui se glisse subtilement au travers des senteurs terreuses de la pluie. Elle met pied à terre et observe comme elle peut les alentours, sans bouger. Elle sent qu'il y a quelque chose pas loin, elle se doute bien qu'il doit s'agir du Baron ou du Chauve, mais elle n'arrive pas à trouver où. Pourtant, c'est tout près, vraiment tout près, elle en est sûre.

Un éclair, une lumière qui barre le ciel jetant un instant d'intense clarté sur la scène, et avant même le tonnerre, un hurlement, de surprise mêlée de terreur. Elle n'aurait pas cru près à ce point. Sous ses yeux, pratiquement à ses pieds, le Baron gît sur le dos, dans une large flaque de sang. Elle à le temps d'apercevoir la vilaine plaie béante à son épaule, et elle refuse de chercher à comprendre comment en étant blessé et après avoir parcouru toute cette distance charrié par les flots, le Baron a réussi à ne pas couler malgré son armure, et encore plus, à se trainer hors de l'eau.

Elle s'écarte un moment pour accrocher son cheval à un arbre, puis prend le risque d'allumer la petite lanterne récupérée plus tôt dans les affaires du Chauve, avec la seule ouverture dans le fond. Au sol, une petite tache de lumière rassurante vient se dessiner, comme un havre de paix dans la nuit effrayante. Pourtant, sous la lueur des flammes, c'est un homme à demi mort que la Blonde vient trainer à grande peine. La plaie est plus grave qu'elle n'en avait eu l'impression sous la lueur de l'éclair et elle réprime un haut le cœur, avant de se reprendre pour lui apporter les premiers sons comme elle peut. Elle déchire le tissus qui recouvre l'armure et dessangle le gorgerin et les spallières qui recouvrent en partie la plaie. Puis elle récupère le nécessaire de soins du Chauve, en sort ce qu'elle reconnaît pour être la poudre cicatrisante à laquelle elle-même doit la guérison d'une vieille blessure. Elle en recouvre les lèvres de la blessure béante puis écrase celle-ci d'une compresse de tissu, qu'elle noue tant bien que mal autour du torse du Baron.

Sa propre blessure à elle la fait atrocement souffrir, mais elle préfère ne pas y penser. Elle s'en occupera plus tard. Là il lui faut charger le Baron sur le cheval, et ça risque de poser problème, vu que le bonhomme n'est pas léger et qu'elle n'a qu'un seul bras en état de soulever un paquet pareil. Heureusement que le noble ne la voit pas faire, car se faire charger comme un vulgaire sac de blé aurait sûrement entaché son orgueil ou son honneur, mais bon, on fait avec se qu'on à. La Blonde accrocha une corde au ceinturon du Baron, la jeta par dessus le Cheval et alla ensuite la nouer au tronc d'un arbre. Puis en faisant bouger le cheval de côté, la corde glisse sur la selle jusqu'à y hisser Théognis toujours inconscient, qui pend maintenant avec ses bras et ses jambes de part et d'autre de la monture. Adelaïde décroche la corde mais sans la ranger. Elle se doute déjà qu'il lui faudra charger le Chauve de la même manière.

Dans la nuit qui avance, elle continue à descendre les berges de l'Oise. Quelques méandres plus loin, c'est un râlement rauque qui attire son attention. Tout de suite elle reconnait le timbre grave de Gorborenne et elle saute à terre, se précipitant vers un arbre gisant en travers le la rivière, ses branchages coincés sur les rives. Elle entend les gémissement du Chauve, et à la faible lueur de la lanterne, elle finit par trouver son crâne, brillant entre les branches. Marchant dans l'eau jusqu'au cuisses, tenant la lanterne de sa main blessée et se frayant un passage à l'aide de son épée dans l'autre, elle mets quelques instants à le rejoindre.


- Gorbo? Tu m'entends? Réponds moi!

Mais sa réponse lui montre bien qu'il n'a aucune conscience de sa présence, ni même de la sienne sans doute. Elle le traine hors de l'eau, manquant à plusieurs reprises de s'étaler, mais fini par réussir à le ramener sur la berge. Seulement, dans la foulée, la lanterne s'est éteinte quand elle l'a plongée dans l'eau en essayant de ne pas tomber, et c'est dans l'obscurité qu'elle répète non sans mal la manoeuvre pour charger le Chauve à côté du Baron sur le cheval. Sans lumière, elle ne se rends pas compte de la blessure qui lui barre le flanc à lui aussi, ni de l'angle curieux que fait sa jambe en dessous du genoux.

D'un côté, elle est contente de ne plus pouvoir remonter en selle car son bras gauche refuse tout net d'encore faire quoi que ce soit sans se plaindre vigoureusement par une douleur insoutenable. Elle est à bout de souffle, et des étoiles commencent à s'agiter devant ses yeux. Elle sent sa conscience lui échapper et après s'être mise quelques claques de sa main valide, elle boit quelques longues rasades du tord boyaux du Baron avant de se remettre en route. Elle ne tiendra plus très longtemps....

D'abord, où est-elle? Elle visualise le trajet fait depuis le pont. Plus en aval, elle sait trouver le gué par où ils auraient traversé si le temps avait été plus clément. Elle réfléchit. Il lui faut trouver un endroit ou s'arrêter à l'abri au moins une heure. Puis elle se rappelle d'un petit amas de baraques de bucherons qui pourrait déjà presque prétendre à l'appellation de hameau. Un peu plus loin, dans les bois, à l'écart de la route principale. Et dans le hameau, si il y est toujours, elle croit bien connaître quelqu'un.

Au bout d'une demi-heure pénible, elle arrive devant les premières maisons de bois. Aucune lumière nulle-part, vu l'heure, rien d'étonnant. Elle scrute quelques instants, avant de reconnaitre la baraque qu'elle cherche et de mener le cheval sous l'auvent bordant la bâtisse et de frapper doucement au volet. Une fois, deux fois, trois fois. Un grognement se fait entendre de l'intérieur.


- Qui est là?

- S'il vous plaît, j'ai besoin d'aide, ouvrez moi.

Elle a presque murmuré sa réponse, mais elle entend le bruits d'une couche qui grince, et d'une paire de pieds qui frappent le sol d'un pas lourd. Puis une lame de lumière se dessine dans l'obscurité, la porte entre-baillée laisse voire une haute silhouette à la figure couverte d'autant de cheveux que de barbe, en une épaisse toison d'encre.

- Qu'est-ce que tu fous ici toi? Je croyais qu'on était supposé ne jamais se revoir?

L'homme est bien celui qu'elle cherche. Il y a quelque mois, elle a fait passer la même frontière à certains membres de la famille du bûcheron. En tout cas, c'est ce qu'elle imaginait, puisque l'homme avait commandité et réglé les frais du voyage.

- S'il te plait, aide-nous,....., les deux, dehors..... dans un sale état..... on s'est fait avoir......

N'y tenant plus, la Blonde tourne de l'œil, s'affalant contre la porte massive qui s'ouvre sous son poids et s'affale à terre dans une dernière plainte. Coma bienheureux, elle se laisse glisser dans l'inconscience, sa volonté abdiquant face à son corps, elle se sent trainée sur le sol, puis ne perçoit plus rien.

Quand elle revient à elle, la première chose qui lui traverse l'esprit est la sensation bienfaisante de chaleur, la deuxième est un relent de chair brûlé flottant dans l'air. Lentement, elle ouvre les yeux sur un plafond ou dansent les ombres agitées par le feu qui brûle dans la cheminée. Elle est allongée par terre. À coté d'elle, aperçoit avec soulagement le visage de Gorborenne, les yeux clos, mais elle entends sa respiration siffler légèrement et cela la rassure plus qu'elle ne veut bien se l'admettre. Lentement, elle se redresse sur son bras valide quand la voix du bûcheron la fait sursauter. Le timbre est grave, et calme, mais elle sent bouillir la colère derrière les mots.


- Alors, tu te réveilles? Pas honte de m'apporter des ennuis sans prévenir?

- Désolée...., j'avais vraiment pas le choix. Je savais pas où aller d'autre...

- Mouais.... la bonne excuse. Enfin, vrai que vous êtes dans un sale état. Z'auriez pas été bien loin, surtout le nobliau. L'est tellement pâlichon qu'on dirait qu'il est d'jà mort, mais il vit, rassure toi. J'ai cautérisé sa plaie, et la tienne aussi d'ailleurs, j'ai réussi à enlever la flèche, mais je te conseille de plus bouger ton bras avant plusieurs jours au moins. Le tondu à une vilaine estafilade, mais ça devrait aller, c'est plutôt sa jambe qui m'inquiète. Elle avait une drôle de forme quand je l'ai rentré tout à l'heure, je lui ai mise une attelle, mais il faut qu'il se fasse soigner par quelqu'un de compétent. Tous les trois d'ailleurs! Franchement, j'ai une tête d'infirmier moi? Non mais quelles idée!

Lentement, la Blonde se remet sur ses jambes. De fait, Gorborenne allongé par terre à son flanc couvert de bandage et sa jambe coincée entre deux bouts de bois. Le Baron, couché sur la table à l'épaule emmaillotée et d'autres pansements sur le corps. Elle même à son bras en écharpe, et elle sent que de ne plus y avoir un morceau d'acier planté soulage la douleur qui y est toujours présente. Elle se tourne à nouveau vers le Barbu, en parlant d'un voix gênée.

- Merci, j'ai une dette envers toi maintenant.....

- Rassure toi, le noble sire ici s'en est déjà largement acquitté. J'ai trouvé sur lui pour deux mois de salaires en écus sonnants et trébuchants, ça sera largement suffisant.

- Écoute, tu ne peux pas garder cet argent, si les soldats Champenois trouvent ses écus chez toi, tu risques de gros ennuis!

Les yeux du vieux bûcheron lancent quelques brefs éclairs de colère et de reproche sur Adelaïde.

- Bien sur qu'ils les trouveront. En fait, je vais en cacher la moitié et leur dire que tu m'as payée avec l'autre. Car crois moi, il vont venir. S'ils cherchent après vous, il ne manqueront pas de venir tout retourner ici, et je n'aurai pas le temps de faire disparaitre vos traces d'ici l'aube. Avec tout le sang que vous m'avez répandu partout!

- Mais quoi?......

[color=green]- Toi écoute-moi, tu sais comme moi qu'ils vont venir, et qu'ils poseront des questions, alors je leur dirai la vérité. Je leur refilerai la moitié des écus pour avoir la paix et je m'en sortirai au pire avec une ou deux baffes, mais ils prendront pas le risque de se mettre les autre bûcherons à dos. Seulement, personne ici n'ira non plus se sacrifier pour vous, alors si vous voulez pas vous faire capturer ou pire, maintenant que t'es réveillée, tu les embarques et vous disparaissez.


- Mais comment tu veux que je les trimballes avec mon cheval à moitié épuisé?!

- Parlons en, justement, de ton cheval! On à pas honte d'infliger de tels traitements à une pauvre bête! Je préfère même pas savoir ce que sont advenu ceux de ces deux idiots. Et t'inquiète pas, je lui ai filé à boire et à manger, et je lui ai attelé ma charriote et chargé tout votre barda dedans. De toute façon, j'ai de quoi m'en repayer quinze maintenant, je peux bien te la laisser. Mais fini de parler, je t'aide à charger tes blessés et tu décampes.

Joignant le mot au geste, le Bucheron se lève de son siège et vient ramasser Gorborenne en le jetant sur son épaule comme un paquet de bidoche, prend une lanterne dans l'autre main et sort de chez lui. Adélaïde remet tant bien que mal sa cape sur ses épaules et sort à sa suite. Déjà, le Chauve est allongé à l'arrière de la charrette qui est venu s'accrocher derrière son cheval sous l'auvent.

- Mets lui une couverture, je vais chercher l'autre.

Sans réfléchir, elle s'exécute, couvrant Gorborenne de l'étoffe que le Bûcheron avait laissé à côté de leurs affaires, et se hisse sur le siège pour prendre le rênes en main. Le Barbu, déjà ramène le Baron et le jette mollement à côté du Chauve, le recouvrant à son tour.

- Allez, filez maintenant!

- Merci pour tout encore, au revoir....

- Mouais, j'aime autant pas.....

Sur ces derniers mots, la Blonde imprime dans les rênes l'ordre au cheval de se mettre en route, et dirige la charrette sur les chemins.



[Epiloge]

Par les petits sentiers, évitant les bourgades et les villages, elle traverse la Champagne jusqu'à enfin rejoindre la Bourgogne, ramenant chez eux deux téméraires qui avaient tenté le Diable à la grâce de Dieu, et dont ni l'un ni l'autre ne voulut.....



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