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 À la grâce de Dieu, tentons le Diable....

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Gorborenne
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MessageSujet: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeMar 15 Sep - 16:13

[Entre Joinville et Argonne]

Gorborenne ouvrait la route. Pour la première fois, il accompagnait le Baron d’Arquian en mission, et pour la première fois aussi, il se rendait en Artois. Pourquoi? Pour se battre. Pour qui? et bien, avant tout pour lui-même, mais c'est quelque chose qu'il ne pouvait dire tout haut, mais aussi pour défendre ceux que les oppresseurs traitent d'hérétique. N'étant pas Aristotélicien lui-même, le Chauve se sentait solidaire du peuple artésien, qui subissaient les assauts pour ses différences.

Ils avaient quitté Joinville la veille et s’étaient arrêtés juste avant la frontière du Duché de Champagne. Étant encore sur les terres de Bourgogne, les deux hommes se permirent d’allumer un feu pour se réchauffer la nuit, car celle-ci se faisait de plus en plus fraîche au fur et à mesure que l’été s’éloignait. Ces flammes seraient les dernières avant Péronne. À partir de là, ils devraient se montrer discrets. Se reposer le jour, et voyager dans les premières lueurs de l’aube, quand le sommeil tient encore le plus grand nombre entre ses mains.

À l’aurore, le Chauve recouvrit les braises encore chaudes de la veille d’une couche de terre pour achever d’étouffer le feu. Puis il alla jusqu’à un méandre du ruisseau qui clapotais non loin pour se rafraîchir le visage et achever de se réveiller. Il frissonna au contact de l’humeur glacée sur son crâne dénudé. Dans les voyages, c’était un moment qu’il affectionnait particulièrement. Où que l’on soit, il y avait toujours ces petits gestes que l’on répétait avant de reprendre la route. Gorborenne retourna vers leurs chevaux attachés à un arbre de la clairière. Les pauvres avaient passés la nuit avec la majeure partie de leur harnachement. Ça n’était pas très élégant de leur part envers ses nobles destriers, mais le Chauve et le Baron devaient se tenir prêts à tracer la route au plus vite s’ils étaient repérés. Cette fois, ils ne faisaient que traverser la Champagne. Plus tard, ils reviendraient pour s’y battre, mais pour l’heure, ce n’était pas le moment de tirer l’épée au clair.

Gorborenne détacha les deux chevaux et les amena par la bride vers le Baron Theognis qui achevait lui-même de se préparer pour le trajet. Aujourd’hui, ils devraient passer Argonne. Ils ne s’arrêteraient qu’une fois les murs de Reims visibles à l’horizon. Le Chauve tendit les rênes de sa monture au Baron et grimpa sur la sienne.


- Il vaut mieux couper à travers champ à l’ouest d’Argonne. Ainsi, nous pourrons directement rejoindre la route de St-Ménéhould sans devoir trop s’approcher de Reims.
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Theognis
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeJeu 17 Sep - 18:01

Le Baron prit les rennes des mains de Gorborenne et se jucha sur sa selle avec grande souplesse. La fraîcheur du matin aurait du lui tétaniser les membres, mais il se souciait peu du froid, de la pluie ou du vent. La perspective de l'Artois, à l'horizon, le réchauffait mieux qu'un brasier de volcan. Au cours de leurs cavalcades, il semblait peu à peu se débarrasser de la rouille de l'oisiveté, comme si chaque lieue parcourue découvrait un homme neuf, libéré.
Aussi dormait-il peu, et se réveillait-il toujours avant l'aurore. Les frères artésiens....Cette pensée manquait d'un peu de force car elle évoquait une alliance usée par le temps, une amitié formelle, sans actes fondateurs. De plus, Théo, malgré son âme pas tout à fait pure, était un fidèle aristotélicien, respectant les hérétiques sans approuver leur combat. Mais, naïf, à son habitude, il pensait balayer tout cela d'un revers de main. Ce n'était qu'un vernis qu'il faudrait gratter, une parure de rébellion envers l'autorité romaine. Le vrai combat, pour Théo, ce n'était pas l'Artois. C'était les Flandres, c'était la Champagne, leurs ennemis, qu'il faudrait affaiblir.
Exalté par leur mission, le Baron croyait se souvenir des leçons de Falco, concernant les armées. Lourdes et désorganisées, on pouvait les surprendre, à condition d'aller vite. Aussi, Théo acquiesça, sans un mot de trop, aux propos de Gorborenne, et s'élança au triple galop sur les chemins.
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Gorborenne
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeJeu 17 Sep - 19:08

[Entre Argonne et St Ménéhould]

Prudence et discrétion étaient les maître mots. Il fallait contourner Reims sans se faire remarquer de l'armée des Loups Sauvages qui y stationnait. Le Baron Théognis d'Arquian et Gorborenne le Chauve menaient leurs chevaux à travers champ, à l'ouest de la cité, coupant au plus court vers leur objectif.

La Lune en était à son premier quart et dispensait une lueur qui permettait à peine de distinguer quelques ombres dans la nuit noire. Pendant plusieurs heures, ils avaient progressé sous le couvert des arbres, pied à terre, tenant leurs montures par la bride. Gorborenne s'orientait, non sans mal, grâce aux étoiles qui apparaissaient parfois entre les feuillages de la forêt. Pour s'éclairer, il avait emporter une lanterne de contrebandier, héritée d'un vieil ami de la profession. La particularité de cette lanterne, est d'être opaque sur les côtés et de n'avoir que le fond d'ouvert. Ainsi, on peut projeter une petite tâche de lumière sur le sol sans pour autant que la lueur de la flamme puisse être perçue par une quelconque sentinelle. Bien que le Chauve ne pensait pas en croiser si loin de Reims, grâce à ce faible éclairage, ils pouvaient avancer rapidement, tout en restant discret et en voyant où ils mettaient les pieds.

Une fois atteinte la lisière des arbres, Gorborenne éteignit la lanterne, s'arrêta un moment pour observer la plaine devant eux. Un large champ de blé étendait ses épis qui sous la lune paraissaient plus argentés que dorés. Dans l'air fleurait le parfum sonnant l'approche de la moisson. Il eut une pensée fugace pour ces paysans, dont les tracas de la vie quotidienne devaient être bien loin des soucis qui agitaient celle de Gorborenne et du Baron.

Tout doucement, ils se remirent en selle et dirigèrent leur montures à travers le champ sur plusieurs lieues. Le passage risqué de la nuit était encore à venir. Le seul pont au alentours qui leur permettrait de traverser la Marne était dans le hameau d'Epernay, droit devant eux.

Une demi lieue avant le village, Gorborenne arrêta son cheval au bord d'un petit taillis qui jouxtait la route. De sa besace, il sortit huit bouts d'étoffe dont il se servit pour envelopper les sabots des chevaux. Ainsi, leur martèlement se ferait plus sourd sur les pavés du village et du pont. Le Chauve n'aimait pas s'engager dans un bourg sans savoir si d'éventuels ennemis s'y trouvaient. Par chance, ils n'avaient encore croisé personnes depuis Joinville, mais cela ne durerait sans doute pas.

Les deux hommes engagèrent leur montures au pas dans le village. Aucun bruit ne troublait la quiétude de la nuit, si ce n'est le lent cliquetis assourdis des sabots sur le sol. Aucune lumière ne vient éclairer la rue, la bourgade semble endormie. Puis soudain, passé le coin d'une maison, une vive lueur issue de plusieurs torches vint l'éblouir légèrement, il eut juste le temps de faire signe au Baron pour que celui-ci arrête son cheval à son tour.

Sur le pont, un poste de garde avec trois sentinelles qui veillaient au grain. Elles ne les avaient pas encore repérer. À dire vrai, les trois soldats semblaient plus préoccupés par leur partie de quartes ou de dés que par le devoir de rester à son poste. Le Chauve rend rapidement compte par quelques signes de la main au Baron qui ne percevait pas la scène de où il était. Sa réponse ne se fit guère attendre. En fait, pour toute réponse, il engagea sa monture au pas, tourna le coin de la rue et se dirigea vers le pont. Gorborenne lui emboita le pas aussitôt. Ils avançaient lentement. Pour quelques toises encore il seraient hors du halo de lumière des torches et les feutres au sabots ramenaient leur claquement sur le pavé en dessous des bruits de conversation des sentinelles.

Puis, un renâcelement de son cheval troubla le silence.


- Hein, quoi!? QUI VA LÀ?

D'un coup, les trois sentinelles se relevèrent, arme au poing, mais pas assez rapidement. À peine la bête avait bruissé que Gorborenne enfonça ses talons dans son flanc, la lançant au galop. À côté de lui, le Baron eut le même réflexe, et ce sont deux bolides déjà en vitesse qui renversèrent les trois soldats médusés.

- C'est le marchand de bosses et de bulles! leur ria le Chauve au visage alors qu'ils traversaient le pont à toute allure.


- Au Nom du ROY! HALTE! Arrêtez vous!

Mais déjà, les voies des sentinelles s'étouffaient dans la nuit. En quelques instants, les deux cavaliers quittèrent le hameau sans encombre et poursuivaient leur route vers le comté d'Artois.

Ils étaient sauf, mais ils avaient été repérés. Gorborenne espérait qu'aucun des gardes n'avaient pu reconnaître ou voir les armoiries du Baron, car il y avait fort à parier que les armées stationnées à Compiègnes soient misent au courant par pigeon voyageur dès l'aube.

À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... 090917060845758094469352

Cela dit, il en faudrait plus pour les empêcher d'arriver à destination....


Dernière édition par Gorborenne le Mar 6 Oct - 0:52, édité 1 fois
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Theognis
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeLun 21 Sep - 18:50

Longtemps, sans prendre le temps du repos, les gourdes vides et les gorges brûlantes, les cavaliers poussèrent leurs montures au grand galop. Téméraires, ils se fiaient au mince filet de lumière lunaire, quand celui-ci n'était pas caché par un arbre un peu plus haut. Ils écartaient ainsi des sabots de leurs bêtes les fondrières et les pierres mortelles, au jugé, au hasard, à l'habileté comme à la chance.
Devant eux, la plaine vallonnée d'arbres était noire comme l'encre. Ils s'en aperçurent quand ils s'arrêtèrent enfin, sous un bosquet d'arbres couronnant un monticule de terre. Aucun feu ne brûlaient à l'horizon, aucune agitation ne peuplait la nuit de bruits inquiétants. Les loups ne hurlaient pas.
Le Baron reprit courage. Probablement ces soldats de l'armée de Reims n'étaient que de mauvais bougres, subissant le guet de nuit comme une punition. Puis, quand bien même ces soudards auraient prévenus leur chef, les feux d'alarme ne seraient pas allumés pour deux hommes. Au matin, cette péripétie serait oubliée. Ces réflexions encouragèrent grandement Théo dans ses résolutions. L'avenir allait lui montrer qu'il se trompait.

Après un rapide conciliabule, ils continuèrent leur chemin au pas. Le danger semblait loin et les chevaux étaient fourbus. En outre, il était bien inutile d'aller vite, à présent. Aux prémices de l'aube, quand souffle la bise pour chasser la nuit, ils chercheraient un endroit où bivouaquer, loin des chaumières et des terres agricoles, une chaude tanière entourée d'arbres touffus. Désormais, la journée se faisait nuit.

Le plan était simple, et répétitif. Contourner les grandes villes, en se jouant des postes de guet dans la campagne, là où les relèves étaient moins fréquentes et la vigilance moindre. Demain, ils passeraient Saint-Ménéhould, l'ancienne ville rebelle de Champagne. Aucune difficulté insurmontable, s'ils se montraient discrets et attentifs. Nulle opération militaire d'envergure ne se déroulait dans la région, et les habitants tournaient volontiers leurs yeux vers le Nord pour surveiller l'Artois.
Non, la prochaine nuit serait tranquille....Ce serait la dernière.
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Le_Petit_Sentier

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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeMar 22 Sep - 1:34

[Quelque part, aux abords de Compiègne]

Adelaïde attendait depuis deux jours maintenant. Elle avait dressé une tente sommaire dans un bosquet d'arbre d'où l'on pouvait observer la route qui venait de St Ménéhould. Un message lui était parvenu une semaine plus tôt. Deux hommes à faire passer par delà la frontière.

Passeur était son gagne pain depuis quelques temps déjà. En fait, presque depuis que la frontière était fermée. En fait, d'une certaine manière, elle avait toujours gagné sa vie ainsi. Mais en tant que contrebandière, elle s'était toujours contenté de faire passer des marchandises sous les yeux des douanier. Là, il s'agissait de faire passer des hommes au travers d'un filet tendu par des soldats professionnels.

Pourtant, Adélaïde, n'avait hésité bien longtemps avant de se recycler. Pourquoi? Pour la Foi. Elle avait du se convertir pour sauver sa vie, alors que la vie de son père se consumait devant ses yeux dans les flammes d'un bûcher. C'était autrefois, il y a bien longtemps. Elle n'était encore qu'une enfant innocente. Mais déjà germaient en elle les graines de la révolte. L'Église était entrée de force dans son existence, mais elle laissa l'eau lui couler sur le front sans que cela lui rafraichisse l'esprit. Non pas qu'elle n'avait pas les idées claires, non, au contraire. Depuis ce jour, elle avait voué sa vie à deux choses: combattre l'oppression du clergé, et ne jamais se faire prendre à le faire. Telle une gangrène, elle rongerait sa victime de l'intérieur.

Ainsi, avait elle choisi de suivre les sentiers sinuant au frontières de la légalité. Ainsi avait-elle rejoint le Petit Sentier, une coalition hétéroclite de quatre contrebandiers, qui plus que le profit cherche dans cette existence les moyens d'atteindre son idéal. En ce qui concerne d'Adélaïde, elle avait consacré chaque journée de sa vie d'adulte à mettre à mal les finance papales par le biais des commerces parallèles d'objets de luxe.

Mais depuis que les Ost Royaux s'étaient mis en branle pour assiéger l'Artois, pour en chasser par la force les hérétiques, elle avait senti son devoir l'appeler dans l'ombre des armées en présence. L'idée, plus que naturelle, lui parut évidente. Elle aiderait les armées d'Artois comme elle le pourrait, en leur faisant passer vivres, armes ou renforts.

Aujourd'hui, c'est justement de renforts dont il s'agissait. Enfin, deux hommes, faudrait vraiment qu'ils soit bâtis comme des taureaux pour que ça fasse une différence, mais c'était toujours ça de plus contre les armées Champenoises. Son contact lui avait dit qu'ils la rejoindraient avant Compiègne. L'un d'eux devrait porter un bouclier arborant blason de sable à l'escarboucle pommetée d'or. Elle ne connaissait pas ce noble-là. D'ailleurs, elle n'en connaissait pas beaucoup. Mais le langage héraldique ne lui était pas inconnu et de la descriptions des armoiries, elle identifierais ses clients de loin.

Alors, elle attendait à l'ombre des arbres, ressassant ses souvenirs les yeux rivés sur l'horizon. Dans sa main, sa gourde ouverte pendait maladroitement au bout de ses doigts...


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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeMar 22 Sep - 3:22

Il fallut partir de jour. Le Baron n'avait pas l'esprit serein en contemplant les riches champs de blés gorgés de l'or du soleil. Certes, ils avaient pris soin de bien choisir l'heure, en plein après-midi, quand les hommes sont aux champs et les femmes au foyer. Bien entendu, leurs vêtements de simples voyageurs n'attireraient pas l'attention, des habits amples pour dissimuler leur corpulence de gens d'armes. Mais deux hommes, montés sur de bons chevaux, sans marchandise à vendre et sans chariot pour les acheter, n'étaient pas les silhouettes typiquement familières des routes de Champagne. De plus, ils ne connaissaient pas la région et risquaient de se perdre en cherchant le lieu du rendez-vous.
"Arborez votre blason", avait-elle écrit dans sa dernière lettre, en caractères grossiers. Le type de manège à l'encontre de toutes les règles élémentaires de discrétion.
Seulement, Gorborenne semblait éloigné de ces préoccupations. Le parfum de l'aventure éveillait son courage, et Théo avait des remords à le brimer tout en l'ayant entraîné à sa suite. Aussi, il ne montra rien, dissimulant ses préoccupations sous le masque du manque de sommeil.
Ils partirent et n'échangèrent pas un mot sur la route. Comme prévu, personne ne se présenta en chemin, et ils en furent encouragés. La journée était belle, malgré de lointains nuages menaçant l'horizon. D'un signe, Théo montra à Gorborenne une chapelle en ruine. Il était temps de bifurquer pour s'éloigner de la route, en prenant un chemin forestier où le soleil ne pénétrait guère. Les indications données, précises et simples, restaient cependant des mots couchés sur le papier.
Aussi, quand ils débouchèrent sur une vaste clairière, au milieu de nul part, le Baron marqua un temps d'hésitation. Était-ce le bon endroit? La contrebandière avait-elle respecté l'heure du rendez-vous? Autant de questions qui rendaient les gestes de Théo un peu ridicule, quand il déroula son oriflamme pour le faire claquer au vent. Ses yeux inquiets fouillaient la lisière ténébreuse de la forêt, sans distinguer de mouvements amis. Était-il possible qu'elle trahisse?


Dernière édition par Theognis le Jeu 24 Sep - 16:00, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeMer 23 Sep - 3:06

Quelques jours plus tôt, alors qu'ils étaient encore à Joinville, Gorborenne profitait du fait que le Baron donnait un cour de tactique militaire à l'université pour mettre au point la leur pour traverser la frontière.

De ses années d'errances, il en avait partagées quelques unes avec des colporteurs de rêves, marchands de denrées aussi introuvables qu'illégales, petits escrocs et charlatans à la sauvette. De cette existence il avait gardé quelques héritages, comme la lanterne des contrebandiers, ainsi qu'une façon secrète de coder les messages, presque introuvable tellement elle peut échapper au regard du profane, et même en ce cas, elle demeure indéchiffrable pour le non-destinataire.
"Le message est autant dans la plume du pigeon que enroulé à sa patte" disaient-ils. Mais selon les cas, les message à la patte de l'oiseau n'était qu'un leurre. Les véritables informations étaient dissimulées dans le plumage du volatile. Pour inscrire celui-ci, le destinateur se limitait à trois plumes contiguës et en arrachait certaines fibres écrivant ainsi son message. Cette technique avait deux gros avantages, le premier était que quiconque intercepterait le pigeon ne pourrait déchiffrer le message sans le code, le second découlant directement du premier, toute trahison ne pouvait être que humaine.

De Joinville, Gorborenne avait envoyé un pigeon vers Compiègne. Le message demandait un passeur pour aller de Champagne en Artois, le leurre demandait des nouvelles de la famille. Il ignorait qui se trouvait de l'autre côté du volatile, mais il avait taillé la plume dans le code classique des pigeonniers, et ceux-ci, de part leur fonction, louchaient plus souvent de réputation que des yeux. D'ailleurs, la réponse ne tarda pas, fixant un lieu et une période de rendez vous. Un bosquet discret, entre St Ménéhould et Compiègne.

Ce bosquet, ils y étaient aujourd'hui. Les indications reçues ne mentaient pas. Sortant de la route, ils avaient pénétré le couvert des arbres. L'obscurité qui y régnait faisait contraste avec la clarté qui régnait en rase campagne. Le Chauve avait réveillé ses sens de chasseur, et tout en alerte, son instinct sentait peser sur lui un regard inquiétant. Il avait la certitude que quelqu'un les épiait, mais ils essayait de se rassurer, se référant à ses impressions qu'il n'y avait qu'une et non plusieurs personnes autre qu'eux dans ce sous-bois.
Ils y étaient, le lieu du rendez-vous. Une clairière qui aux yeux de Gorborenne puait le piège à plein nez. Ou justement pas. Dans le cas d'un passeur recevant des clients inconnus, il aurait surement fait pareil. Car un clairière offre un large périmètre pour voir sans être vu, et le client n'a potentiellement aucune idée d'où l'on pourrait se tenir tout en offrant une grande possibilité de repli.

Le Baron, après un moment d'attente, déroula son oriflamme et le fit claquer au vent, arborant fièrement les armoiries d'Arquian. Gorborenne le sentait, leur passeur n'était pas loin, et il les épiait. En soi, cela ne l'inquiétait guère. Cela se déroule toujours ainsi dans sur les marchés où la demande est supérieure à l'offre. Le marchand à le luxe de pouvoir choisir sa clientèle. Non, ce qui lui chatouillait l'esprit, c'était une vague impression que quelque chose n'allait pas.
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeMer 23 Sep - 22:22

Un après midi de fin d'été. Le soleil dispense ses chauds rayons avec presque trop d'ardeur. Au dessus des champs et des prairies, les insectes et papillons volettent de pâquerette en coquelicots. Au frais, à l'ombre sous les arbres, Adelaïde se laisse bercer par le parfum de sève et d'écorce qui embaume le bosquet. Non loin, un martèlement sec et rapide témoigne d'un pivert en grande activité. Dans l'air, une certaine tension se faisait peu à peu perceptible, même palpable. L'azur n'était encore barré d'aucun nuages, mais ceux-ci ne tarderaient pas à peser. La Blonde le sentait, insidieusement, un orage se préparait. Il éclaterait sans doute à la faveur de la nuit. Ce qui pourrait selon les cas se révéler une aubaine ou un désastre.

- Ces deux idiots se seraient-ils fait prendre?


À cent cinquante toises du bosquet s'étale nonchalamment la route. À part quelques carrioles agricoles, personne ne l'a empruntée depuis le matin. Elle marmonne entre ses dents alors que l'impatience commence à la guetter. Même si de sa cachette elle demeure invisible et que la frontière est juste assez loin pour que les patrouilles soient plus qu'épisodiques, elle abhorre d'ainsi rester dans l'attente sans disposer d'informations fraîches.

Mais quand les silhouette de deux cavaliers pénètrent dans son champ de vision, par réflexe, elle fait silence et se tapit dans l'ombre d'un buisson. Ils quittent la route à l'endroit de la chapelle pour emprunter la sente qui mène droit vers le bosquet. Cela doit donc être ses deux clients.

Elle les observe attentivement alors qu'ils s'approchent de la lisière des arbres. Ces deux-là n'ont pas l'allure de nobles en promenade, ni de paysans au travail. D'ailleurs, même si leurs armures et leurs armes sont habilement dissimulés sous leurs capes, celles-ci sont tellement couvertes de poussière qu'il est flagrant qu'ils n'ont pas fait halte dans un endroit civilisé depuis plusieurs jours. Puis leurs chevaux ont de la terre séchée jusqu'aux épaules, autre indice que ceux-ci n'ont pas vu d'écurie depuis, elle réfléchit un peu, au moins trois jours, si on se réfère à la dernière pluie.

Mais cela ne suffit pas à la convaincre. Deux mercenaires qui la pisteraient arriveraient probablement dans le même état. Mais alors que les deux hommes pénètrent les bois à une quarantaine de pas de sa position, la cape de l'un d'eux glisse pour laisser entrevoir son bouclier. Sous la crasse qui le recouvre, elle distingue le sable et l'escarboucle. Elle seule aurait pu déchiffrer le message contenant cette indication. Voilà sa preuve. Maintenant, reste à connaître leurs intentions. Puis, un détail attire son attention et la perturbe au plus haut point. L'autre silhouette, celle qui n'a pas un poil sur le caillou, elle lui est trop familière pour lui être inconnue, mais ce qu'elle ne comprend pas, c'est ce que ce Chauve fait là à essayer de passer la frontière.

Alors que les deux hommes s'enfoncent plus en avant dans la forêt, la Blonde progresse en parallèle, hors de portée de vue et d'oreille. Lorsque ceux-ci arrivent à la clairière, elle vient discrètement se poster derrière eux et les observe un moment. Vérifié qu'elle ne s'est pas trompé sur l'identité du Chauve, autant que de s'assurer de la bonne volonté potentielle de ses clients.

Quelques instants passent ainsi. Les deux hommes scrutent la lisière de clairière à sa recherche, mais dans la mauvaise direction, alors que elle, elle les épie tapie dans les sous-bois. Mais lorsque celui qui semble être le chef déroule son oriflamme Adelaïde sort de sa cachette et s'approche d'eux dans leurs dos.


- Rangez-moi ça tout de suite! Non mais vous êtes pas bien vous de faire claquer votre bannière au vent ici! Vous voulez vous prendre un carreaux ou quoi? Ça doit être vous le nobliau des deux. C'est quoi cette idée de dérouler votre étendard comme un innocent? Vous vous prenez pour la Pucelle d'Orléans ou quoi? Pour un Bourguignon, ça serait une première tiens!

Les deux hommes ont à peine eu le temps de se retourner qu'elle a déjà fini sa phrase. Un instant elle s'arrête pour les dévisager, et reconnaître le Chauve que déjà elle reprend.

- Mais à voir celui qui vous accompagne, je sais qui je dois blâmer! Gorborenne, SOMBRE IDIOT, je suis sur que cette idée d'étendard vient de toi! Mais tu crois que je suis pas capable de reconnaître des armoiries sur un bouclier ou quoi? T'as vraiment pas plus de jugeote que de cheveux. T'as pas changé d'un poil depuis que tu traçait la route avec ce rêveur d'Antonin!

- Bon, ne trainons pas ici, cette clairière est trop à découvert. Nous allons un peu plus loin à l'abri dans la forêt. Faudra en profiter pour vous reposer, vous avez des têtes de ceux qui ne dorment pas beaucoup. Nous ne partirons pas avant la nuit et il reste cinq heure jusqu'au coucher du soleil, faites en bon usage.


Joignant le geste à la paroles, Adelaïde s'enfonce dans les sous-bois, jetant à peine un regard en arrière pour voir si les deux autres la suivent.


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Theognis
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeJeu 24 Sep - 16:25

Stupéfait, le Baron contemple la silhouette blonde qui s'éloigne, en leur tournant le dos avec ostentation. A ce moment, des milliers de mots dévalent de l'intérieur de son crâne vers sa bouche, mais leur fouillis inextricable empêchent le début d'un commencement de phrase. Théo se contente de regarder Gorborenne avec une incompréhension mêlée de colère. Heureusement, le visage de son compagnon lui offre un appui raisonnable, pour balbutier quelques mots.

Mais....D'où sort cette donzelle? Es-tu sûre que c'est elle? Quels propos insensés! Pas un paysan à la ronde ne reconnaîtrait mes couleurs, mais elle me le reproche....Par contre, elle croit que je vais me balader avec un bouclier orné de mon blason sur les routes de Champagne....C'est absurde.

Dérouté, Théo s'accorde quelques instants de réflexion. Peu lui chaut qu'Adélaïde soit déjà loin. Elle veut son argent, elle reviendra. Mais, eux, peuvent-ils continuer sans elle? Ce serait prendre un trop grand risque, sans guide, dans ce pays inconnu hérissé d'armées. Armoria veut sa tête, et les armées de Champagne lui obéissent au doigt et à l'oeil. Si on l'aperçoit, chacun se précipitera pour la récompense, et Gorborenne serait probablement tué.
Sa main se pose sur l'oriflamme, et ses doigts lentement détache le tissu de sa hampe, une simple branche morte. Sans se presser, il roule en boule ses couleurs chéries, pour les ranger derrière la selle. Il a pris sa décision.


Bon....On ne peut pas faire autrement....On la suivra. Rien ne sert de se dépêcher, le jour est encore bien haut dans le ciel....

Ses yeux d'un bleu de ténèbres fixèrent Gorborenne avec acuité.

Mais j'ai grande méfiance....Elle me semble trop nerveuse, ses propos sont incohérents, elle est tourmentée....Surveillons-la bien, scrutons ses moindres faits et gestes.....Nous dormirons à tour de rôle, à la moindre alerte, soyons prêts à partir.....Entendu?
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Gorborenne
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeJeu 24 Sep - 18:57

Gorborenne tomba des nues. Non pas du fait qu'Adelaïde les tance vertement, elle a toujours agi ainsi mais plutôt juste de la voir devant lui. Voilà plusieurs saisons qu'il n'avait revu la Belle de la contrebande et il n'aurait jamais cru que ce soit elle qui leur servirait de guide. La Blonde était apparu d'un coup, et sans même leur laisser le temps d'en placer une, elle reparti aussi brusquement et disparu sous les arbres. Gorborenne, encore sous le choc de la rencontre n'entendit qu'à moitié les mots d'un Baron.

- Vous savez, dans ce commerce, clients et marchands ne se voient généralement qu'une seule fois, lors de la transaction. Je me suis servi d'un code particulier aux contrebandiers pour demander les services d'un passeur, mais sans pouvoir connaître son identité. Tout ce que je savais c'est que ce serait une blonde. Ce que je peux vous dire par contre, c'est que elle, justement je la connais et qu'en tant que vieille amie, elle a toute ma confiance.

Il s'arrêta un moment, observa la lisière des arbres comme s'il redoutait soudain d'avoir tort. Puis lorsque son regard croisa celui du Baron, mi-inquiet, mi-inquisiteur, il chassa cette idée de son esprit.

- Je ne pourrai croire qu'elle nous trahisse. C'est bien là quelque chose qu'elle abhorre. Cela dit, vous avez raison, je l'ai connue d'un naturel beaucoup plus calme, elle est généralement même taciturne. Gardons l'œil attentif, mais plutôt sur l'ennemi que sur elle. Si la raison qui la met dans cette état là nous concerne directement, je gage qu'elle nous en fera part et nous pourrons agir en conséquences. Dans le cas contraire, soyons prêts à toute éventualité.

Alors qu'il saisissait les rênes de sa monture et la menait par la bride vers l'épaisseur de la forêt, Gorborenne déroula dans son esprit l'éventail des possibilités, des variables et des conséquences de leur décisions, envisagea même ce qu'il refusait de considérer.
Il se décida: si elle ne parlait pas, il irait lui demander ce qui la tourmentait. Pas seulement pour se rassurer, lui et le Baron quand à ses intentions, mais surtout parce qu'elle était comme un sœur à ses yeux.


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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeJeu 24 Sep - 23:54

Adelaïde avança jusqu'à son maigre campement, ou plutôt la toile tendue à la sauvette entre deux branches qui lui servait d'abri. Là elle s'assit sur une branche et commença à fouiller furieusement sa besace en marmonnant entre ses dents. Pas qu'elle cherchait quelque chose en particulier, non, elle cherchait à se distraire l'esprit.

Depuis qu'elle avait reconnu Gorborenne, elle avait senti tout son courage s'envoler, faisant place à une peur panique qu'elle n'arrivait pas à contrôler. Elle avait reçu le matin même des informations de son contact de Compiègne comme quoi ses deux clients avaient été repérés en passant près de Reims. Or pour les armées champenoises, un noble en guerre c'est comme un criminel en fuite, ça attire la curiosité. Ils risquaient d'être fermement attendus par les troupes frontalières. En temps normal, Adelaïde ne se serait pas inquiétée outre mesure, elle connaissait bien la région et en cas de problème, elle savait par où fuir et se cacher, quitte à abandonner ses clients si les risques sont trop grand pour elle.

Mais là il ne s'agissait plus de clients mais d'un ami, dont elle ne voulait risquer stupidement la vie. Et comme elle connaissait le Chauve, s'il était arrivé jusqu'ici, ça ne serait pas pour faire demi-tour juste sur une hypothèse. Et son compagnon n'avait pas l'air vraiment moins décidé. Elle ne savait quoi dire ou faire pour qu'ils renoncent à leur entreprise. Ce dont elle était par contre convaincue, c'est que leur faire changer d'avis semblait aussi perdu d'avance que de réussir à leur faire traverser cette frontière.

Des petits craquements de branches indiquaient que quelqu'un approchait. Elle releva à peine la tête et voyant apparaître Gorborenne, elle cacha son désarroi en plongeant son regard sur la carte qu'elle venait d'étaler devant elle.



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Theognis
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeVen 25 Sep - 19:16

Le Baron ôta le pied de l'étrier et descendit de cheval, suivant Gorborenne sur l'étroit sentier de la forêt, où la lumière pleuvait par intermittence. Cette femme avait su choisir un endroit à l'abri des regards indiscrets, un lieu rassurant après les démonstrations héraldiques et les éclats de voix.
Mais Théo n'avait pas confiance en elle. Une intuition de malaise et d'étrangeté. Gorborenne avait beau s'employer pour protéger son amie des soupçons, le pas et les yeux de Théo étaient méfiants. Prenant soin d'éviter au possible les branches mortes et les tas de feuilles bruissantes, il progressait lentement, quelques mètres derrière son compagnon d'aventure. Sa main gauche tenait les rênes et sa main droite la fusée de l'épée, contre le flanc du cheval accrochée.
Gorborenne est peut-être naïf, pensait Théo. Comment se fier à une vagabonde, qui n'a, certainement, jamais tenue en sa main plus de dix pièces d'or? Ils n'ont pas plus d'idéal que de château, ces gens-là. On peut facilement les acheter, sur les chemins ils oublient vite et meurent jeunes. Ou alors, capturée et interrogée, elle avait négocié sa vie contre les deux fous qui voulaient traverser les lignes de deux armées champenoises. Derrière le prochain bosquet, des miliciens les attendaient peut-être....
En passant le bosquet, le Baron vit que Gorborenne s'était arrêté près de la jeune femme blonde, accroupie, les yeux rivés sur une carte. Théo se mordit la langue. Elle avait besoin d'une carte....Mais il ne dit rien, et se tint un peu à l'écart, dans la limite de cette trouée d'arbres où les oiseaux ne chantaient pas.
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeDim 27 Sep - 1:03

Le Chauve vint s’assoir près de la Blonde. L’un dans l’autre, il était heureux de la revoir. Il avait peu d’amis qu’il considérait comme des frères. Il y avait bien un Tavernier d’Auvergne dont il avait éclusé la réserve pendant les quelques mois avant de rejoindre la Bourgogne, Il y avait bien aussi une Douce Enfant de Bretagne qui était pour lui une petite sœur. Mais les quatre du Petit Sentier étaient pour lui comme la famille dans lequel il avait pu renaître après son exil. D’ailleurs, il n’avait revu la Blonde depuis la dernière fois qu’ils avaient été réunis au grand complet. Comme à chaque bissextile, ils se retrouvaient à la fonte des neiges dans un petit val, perdu dans les monts d’Auvergne. Un campement sommaire, en étoile autour du feu, Antonin, Medhi, Duncan et Adelaïde, les « Contrebandiers des Quatre Vents » et Gorborenne, le « Carrefour des Sentiers ». Titres pompeux pour des gens de la route dormant le plus souvent à la belle étoile, mais ainsi fait, leurs confort et trésors de ces instants étaient dans leurs histoires et récits.

Gorborenne dévisageait Adelaïde. Pour eux toujours en chemin qui ne se donnaient rendez vous que tous les quatre ans, se croiser gré du hasard sur les routes avaient toujours force de bonne augure. Mais pas cette fois-ci. La Blonde fuyait le regard interrogateur du Chauve en plongeant le sien sur une carte qui, il en était sur, elle devait connaître par cœur. D’ailleurs, il la connaissait cette carte. Il l’avait reconnue au premier coup d’œil pour s’être penché plus d’une fois dessus. On y reconnaissait quelques duchés du royaume et des pays voisins. Les cités, routes bourgades et chemins les plus importants y figuraient clairement. Mais ce qui faisait toute sa valeur, c’était les petites indications, griffonnées ça et là, qui permettaient aux contrebandiers de retrouver leur chemin en pleine nature à l’aide de quelques points de repères. Nul chemin tracé, juste quelques symboles indéchiffrables ça et là. Gorborenne le savait, ce genre de carte était, avec la lanterne à fond troué, des accessoires fréquents de ceux qui commercent dans l’ombre des marchés officiels.

Ce qui inquiétait le Chauve, ce n’était pas les compétences de leur passeur, mais plutôt de savoir ce qui avait l’air de la ronger à ce point. Il posa une main amicale sur son épaule et lui parla à voix basse.

- Moi aussi, je suis content de te revoir……..
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeDim 27 Sep - 1:48

Lorsqu’elle ne peut se retenir de croiser le regard de Gorborenne, Adelaïde sent les larmes lui monter. Le timbre chaud de sa voix rappelle en avalanches les souvenirs des instants partagés. Ses yeux ont toujours cette flamme qu’elle leur connaît, pleine de l’innocente de celui qui croit pouvoir attraper une étoile juste en tendant son bras vers le ciel. Mais la silhouette du Baron qui se découpait derrière le Chauve l’empêche de se laisser aller. Son regard aussi est rivé sur elle, et le feu qui l’anime semble plus du genre à brûler que réchauffer. Alors elle se reprend, esquisse un timide sourire à son vieil ami, puis fuit à nouveau son regard en replongeant sur la carte.

Je suis contente aussi, mais j’aurais préféré d’autres circonstances……..

Tiens, regarde, ici, c’est Compiègne, là, la frontière. Le long de la frontière elle-même, il y a des patrouilles et des post de guet, mais ceux-là sont encore relativement faciles à éviter. Par contre, avant-ça, il y à l’Oise à traverser. La plupart des ponts aux abords de la ville sont étroitement gardés, mais on peut espérer qu’avec les quelques troubles qui ont agités les deux armées ces derniers jours, les extérieurs se soient un peu dégarnis.

Tu vois, ici, dans la forêt, nous essayerons de passer par là. Il y a un pont étroit qui traverse le fleuve et il n’y a plus personne en poste depuis quelques temps. Au plus, l’une ou l’autre patrouille. Et si le passage est fermé, il reste toujours un gué moins d’une lieue en aval.


Tout en parlant, elle s’efforce de chasser son trouble, de ne plus se concentrer que sur la mission. Elle a lu dans leurs regards que jamais elle ne les ferait changer d’avis, alors elle ferait tout ce qu’elle peut pour les amener à bon port. En suivant les étapes sur la carte, elle visualise mentalement cette route qu’elle a déjà parcourue à maintes reprises. Le pont ou le gué ? Elle ne sait toujours pas. L’un et l’autre présente autant de risques. Mais si la peur ne s’efface pas totalement, elle sent peu à peu le courage lui revenir.


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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeDim 27 Sep - 12:09

De nouveau, son regard avait fui. Gorborenne la connaissait bien, elle ne s’ouvrirait pas facilement. Plus tard, peut être. Pour l’instant, il l’écoute qui lui explique leur trajet de la nuit prochaine. Il suit ses doigts sur la carte.

C’est toi qui connais le chemin. Pour le reste, ne t’en fais pas. Tu me connais, je suis solide, et le Baron, ben, guerroyer, ça le connaît…

Puis, lui murmurant doucement à l’oreille.

Concentre-toi sur la route, nous on s’occupe du reste.

Gorborenne se leva, alla installer plus confortablement sa monture qui attendait toujours entre deux arbres. La pauvre bête commençait à accuser les fatigues de la route. Cette nuit, il lui faudrait encore faire un ultime effort, et puis le Chauve se jura qu’une fois à Péronne, il la bichonnerait lui-même avec le plus grand soin. Il lui aurait bien ôté son harnachement, mais dans leur situation, il n’en était pas question. Tout ce qu’il se permit, c’est de desserrer d’un cran les sangles de la selle pour permettre au cheval de respirer plus librement.

Il prit dans son paquetage une couverture et décrocha son outre qui pendait à la selle. Il revint s’installer près de la Blonde, pris quelques gorgées de vin clair, tendit la gourde à Adelaïde puis s’enveloppa dans le large tissu de laine rugueuse et odorante. Le Baron n’avait toujours pas bougé. Il était adossé à un arbre, fixant tour à tour l’horizon, son cheval, le Chauve et la Blonde. Gorborenne voyait bien que Adelaïde lui inspirait de nombreux soupçons, et en soi, cela n’avait rien d’étonnant. Il n’aurait pas connu son passeur qu’il aurait agi de même. Mais il avait toute confiance et son amie, et trouvant sans doute dans sa présence quelque réconfort, il sentait peu à peu le manque de sommeil le ratrapper.


Monsieur le Baron, si vous le permettez, je vais prendre une heure ou deux de repos. La nuit prochaine risque d’être éprouvante et je tiens à être au mieux de ma forme.
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeLun 28 Sep - 18:52

Le divin chauve ne tarda pas à s'endormir du sommeil des Justes, et le Baron le regardait avec une secrète envie. Rien ne lui semblait plus éloigné que l'idée du sommeil, à l'heure où le danger rôdait sur la plaine champenoise. Par-delà l'épaule du dormeur, Théo voyait leur guide lui tourner le dos, ses cheveux blonds aux pointes épaisses agités par de mystérieux mouvements.
Il renonça bientôt à deviner ce qu'elle faisait. S'adossant au tronc blanc d'un bouleau, il contemplait le ciel par la trouée des cimes. Un gros gâteau de nuages gris avalait l'espace, et bientôt le gris vira au noir, et la chaleur du jour à l'humidité du soir. D'une lointaine rumeur, les roulements de tonnerre s'amplifièrent soudain, Théo vit les premiers éclairs craquer le ciel et de lourdes gouttes de pluie envahir la forêt. Le fracas réveilla Gorborenne, mais le Baron était déjà debout, casqué, prêt à partir. Il n'attendait plus que le signal de cette femme, il avait déjà trop attendu, il était impatient de tenter sa chance, comme un joueur de ramponneau qui brûle de d'envoyer son tapis.
Il pensait à cette lettre de refus essuyée comme une gifle. Il se voyait, déjà, écrire au Conseil ducal de Bourgogne que l'action n'était pas impossible. Deux armées bien entraînées tenaient la région de Compiègne d'une main de fer. Personne n'entrait, ni ne sortait de la ville sans autorisation. Cette dernière, parfois, ne suffisait pas. Munis de laisser-passer, des voyageurs avaient été attaqués et férocement brutalisés, dans la plus implacable logique militaire, alors qu'ils tenaient pathétiquement des morceaux de parchemins que personne ne savait lire..... Toute la Champagne bruissait des exactions commises par les soudards de la Grand Maître de France et de la Duchesse de Champagne. Ils étaient impitoyables avec les étrangers.

Mais, au-delà de Compiègne, s'étendait les vastes prairies de l'Artois. D'autres armées, mais des épées alliées, des visages amis. Qu'importe s'il trouvait le Comte d'Artois grossier, et sa Chancelière intrigante et manipulatrice. La perfection n'était pas de ce monde. Théo avait l'impression, par son action, d'élever la Bourgogne au niveau de son rang historique. Il serra le pommeau de son épée, et regarda avec une acuité nouvelle cette dame qui se prétendait guide, puis Gorborenne. Magnifique compagnon! Il était déjà, aux yeux du Baron, bien plus précieux qu'un simple coustilleur.
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeMar 29 Sep - 4:44

Plic ploc....

Quelques gouttes d'eau facétieuses et glaciales s'amusaient à lui titiller le front pour couleur le long de sa joue jusque dans son cou. Cela ne l'empêchait pourtant pas de continuer à dormir comme un loir. S'il avait senti le sommeil venir, sa chape de plomb lui était tombé dessus avant même qu'il ne reçoive l'aval du Baron. C'est que ni l'un ni l'autre n'avait pu s'offrir le luxe d'une véritable nuit de repos depuis qu'ils avaient quitté Joinville. Gorborenne le savait inconsciemment, ces quelques heures de repos seraient les dernières avant longtemps, alors son corps tira un maximum de forces de ce court répit.

Il ne le vit pas mais un éclair barra l'horizon au delà des arbres dans un éclat aveuglant. Quelques instants suffirent au tonnerre pour les rejoindre et
CRRRRAAAAACK.

- Hein? quoi?

Le Chauve sursauta, réveillé brusquement par le fracas qui raisonna à ses oreilles. En temps normal, il lui aurait fallu quelques minutes pour rassembler ses esprits, mais ce dernier, même pendant le sommeil était resté tendu vers la mission. Devant lui le Baron le toisait, ses yeux luisant sous son casque. Non loin, Adelaïde bricolait toujours quelque chose. Autour d'eux, la forêt avait gagné en obscurité. Au travers des frondaisons, le ciel était d'encre, par instants illuminé de quelques reflets blafards accompagnés de cris de rage céleste. L'éther déversait sur eux son humeur avec encore une certaine retenue, mais Gorborenne le sentit tout de suite au senteurs humides qui baignaient l'atmosphère, ça n'allait pas tarder à tomber dru. Il s'extirpa de la couverture et se releva dans le même mouvement. Sa dague était toujours serrée dans son poing. Par mesure de précautions, quand il dormait dans des endroits peux surs, elle ne quittait jamais sa main. Machinalement, il la rangea à sa ceinture puis ramassa la couverture. En quelques instants, l'étoffe était repliée et rangée derrière la selle. Il vérifia une dernière fois son épée, prit une ultime gorgée à sa gourde et il était prêt à partir.
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeMar 29 Sep - 18:22

Elle attend quelque chose. Peu à peu, elle a pu retrouver son calme. Dans son dos, le Chauve qui dort et le Baron dont elle sent par moment peser le regard inquisiteur. Il n'a pas confiance, elle le sent. D'ailleurs elle même ne sait pas que trop penser de cet homme. La noblesse ne lui attire que rarement un sentiment de sympathie. En fait, la seule chose qui les lie, c'est ce bienheureux de Gorborenne qui roupille comme un loir. Comment fait il pour avoir l'esprit à se point tranquille celui-là? Se rend-il compte au devant de quels dangers ils vont? Sans doute oui, se dit-elle. Elle connaît bien le Chauve et son passé. Elle sait qu'il a déjà vécu bien pire. Puis, plus d'une fois elle avait pu le voir affronter l'adversité avec calme et sérénité. Pour quelqu'un qui avait passé toute son enfance sans sortir des vastes forêts de son pays, elle n'a pas fini de s'étonner de sa façon à toujours s'adapter, à plier comme le roseau dans le vent, sans jamais rompre, à se laisser porter par le courant, sans jamais être emporté.

Tout à ses pensées elle attend toujours. Elle s'occupe les mains en tressant quelques lanières de cuir. Bientôt, elles formeront un petit bracelet grossier qui trouvera bien l'un où l'autre poignet où se nouer.

Dans les arbres, depuis un moment les oiseaux se sont tus. En fait, la forêt entière est plongée dans le silence, dans l'attente. Pas une rumeur n'échappe des sous-bois. Seul un murmure, soufflé par un courant d'air léger et insistant vient se faire sentir plus qu'entendre. Un parfum mouillé rafraichit brusquement l'atmosphère alors que dans le ciel, la nuit tombe sournoisement avant l'heure. Les masses lourdes et noires de nuages chargés de pluies qui faisaient route depuis l'horizon les ont rejoint. Déjà les grondements du tonnerre se font entendre alors que quelques flashs lumineux jettent leurs ombres sordides par intermittences sur la forêt.

Enfin, il est l'heure. Celui qu'elle attendait enfin est arrivé. Un orage de fin d'été. Aucun n'a éclaté depuis déjà une bonne semaine, si ce n'est une petite averse ça et là. Depuis tout ce temps, l'air s'est chargé d'électricité et ce soir, la tension en est presque palpable. L'orage sera violent. Pas encore une tempête, mais presque. Les nuages sont déjà sur eux, mais elle préfère attendre encore un peu, le temps de terminer le bracelet. Alors qu'elle l'a presque fini, les premières gouttes se mettent à tomber, puis un éclair, plus proche que les autres, le tonnerre plus assourdissant qu'avant leur témoigne que l'orage est là, prêt à déverser ses flots d'un instant à l'autre. Si elle attendait l'orage pour partir, c'est que si avec la pluie chuterait la visibilité de leur petit groupe, il en était de même pour celle de leurs poursuivants. De plus, l'eau brouillerait les traces et les rendrait plus difficile à pister. Adelaïde espère qu'ils pourront passer sans encombre cachés sous l'orage.

Derrière elle, le Chauve se réveille, et alors qu'elle n'a pas encore eu le temps de nouer la fin du bracelet de le ranger dans sa besace, il est déjà prêt à parti, le cheval à la bride. Le Baron était prêt depuis un moment déjà. En fait, depuis que le ciel s'est assombri, Adelaïde a commencé à ressentir les signes de son impatiente, mais comme il n'avait rien dit, elle n'avait pas réagit non plus.

Mais là, il est l'heure de se mettre en route. Elle n'a pas besoin de le leur dire, elle se contente de replier rapidement sa toile de tente et de la charger sur son cheval qui attend à quelques pas de là. Quand elle revient avec sa monture, elle s'arrête un instant face au Chauve et au Baron qui la regarde, attendant ses directives. Brièvement, quelques rappels, quelques indications sur leur trajet.


- À cent toises d'ici il y a une piste un peu plus large ou nous pourront monter nos chevaux. Le sentier file vers l'Oise à travers la forêt et débouche non loin du pont. La nous serons à découvert un petit moment, le temps de la traversée. Une fois de l'autre côté, nous nous enfonceront à nouveaux dans les bois pour éviter les patrouilles. Quand nous traverserons, quoi qu'il arrive, nous devrons le faire au grand galop et ne jamais ralentir. Gorborenne, tu fermeras la marche.


Entre les taillis serrés, elle mène son cheval jusqu'à la piste puis grimpe en selle, attends quelques instants que ses compagnons la rejoigne puis se met en route. Dans moins d'une heure, il seront au berges du fleuve.



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Snell

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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeJeu 1 Oct - 4:55

Nous devons presser le pas si nous ne voulons pas perdre la piste!

Les gouttes tombaient avec de plus en plus de force et commençait à modifier les traces que suivait le groupe dont l'infâme Borgne de Bourgogne faisait partie. Se retrouver sur la frontière d'un autre conflit lui avait fait du bien. Snell était un guerrier dans l'âme et croiser de nouveau le fer avec un ennemi, Artésien de plus, lui avait fait du bien. Mais surtout, il était heureux de ne pas être le meneur du groupe. Le rôle de simple bagarreur lui allait parfaitement en ce moment.

Bien entendu, il aurait préféré être un bagarreur dans un groupe qui n'était pas surtout composé de Champenois, mais il n'avait eu guère le choix. Ses compagnons d'armes s'étaient montrés dignes, mais ils ne valaient pas des Bourguignons.


Allons, au galop! Ils ne peuvent être bien loin!

Le Borgne pressa sa monture alors que la pluie lui fouettait de visage avec de plus en plus de force.

L'orage qui s'annonçait allait être particulièrement violent.
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeVen 2 Oct - 2:25

Sans se douter qu'ils étaient poursuivis, mais avec de fermes appréhensions sur la réussite de leur coup, Théo chevauchait aux cotés de Gorborenne et d'Adélaïde. La pluie battait leurs visages, noyait leurs yeux, cachait les ornières sous de grosses flaques, de sorte qu'ils avançaient le dos courbé, la tête proche de l'encolure de leurs chevaux. Sans se presser, au petit trot, comme des renards cherchant l'entrée du poulailler. Autour, les arbres formaient une sinistre barrière, des deux côtés de la route. La protection qu'elle offrait contre l'orage était balayée par le vent, des rideaux de pluie mêlés de feuilles et d'épines s'abattaient sur les épaules des Dragons et de leur guide.
A un moment, Adélaïde leur cria quelque chose qu'il ne comprit pas. Elle s'arrêta, face à eux, son cheval pommelée barrant le chemin. Elle cria plus fort, mais Théo ne comprenait toujours pas, rendu sourd par le fracas de la pluie et du tonnerre. Un éclair illumina soudain l'espace, tout devint blanc l'espace d'un instant, figé par la violence du coup. Une explosion puissante ébranla le ciel et la terre, comme un coup de bombarde, suivi d'un craquement bref, comme une poutre qui s'effondre.
Ce fut un arbre, la cime foudroyée, le tronc brisé, qui tomba de toute sa masse sur ses voisins, pulvérisant leurs branches, jusqu'à s'affaler dans un bruit sourd sur le sol boueux, tué d'un coup net.
Les compagnons, effrayés, mais dépourvus d'abri sûr, furent obligés de continuer, de contourner la dépouille de l'arbre fumant, à pas lents et attentifs, contre les ennemis, contre les éléments. Alors, après de longues minutes d'une laborieuse progression, ils se réfugièrent, au mépris de la prudence, mais parce qu'ils n'avaient pas le choix, sous un bosquet d'arbres bordant un coude du chemin. Ils virent alors ce qu'Adélaïde avait tenté de leur indiquer, la fin de la forêt, le pont de bois, l'Oise, et la plaine au loin. Théo s'écria:


Passer par le gué serait de la folie, nous sommes obligés de passer par là! Seuls les démons sortent par ce temps, nous ne croiserons pas les Champenois!

Ils attendirent alors un moment que la pluie se calme enfin, en silence, chacun scrutant l'orage.... Puis, d'un geste, d'un commun accord, ils piquèrent leurs chevaux et s'enhardirent sur le sentier à découvert.
Une sensation de froid....Aspiration du vent, suspension du souffle....Un formidable éclair s'abattit sur le bosquet d'arbres où ils venaient de se reposer. Des flammes embrasèrent les branches, et leurs chevaux, affolés par le bruit et le feu, cabrèrent subitement. Théo lui-même manqua de tomber à la renverse. Sa capuche tomba sur ses épaules....
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeVen 2 Oct - 20:26

Armoria a écrit:
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Patrouille par une nuit d'orage... Sa pèlerine de cuir avait été soigneusement graissée pour laisser passer le moins possible de pluie, et cette nuit-là, Dieu savait qu'elle était torrentielle. Elle aimait l'orage, qui bien loin de lui inspirer des peurs superstitieuses, représentait à ses yeux une manifestation de la puissance divine.

Cette nuit, pourtant, elle le goûtait déjà beaucoup moins, pour les difficultés accrues dans leur rôle de surveillance de la frontière du domaine royal. Enfin, la pluie au moins avait décru, permettant une meilleure visibilité - si tant est que l'on puisse parler de visibilité la nuit par ce temps. Là-haut, cependant, le ciel continuait à exprimer sa rage, et tonnerre et éclairs se répondaient en une symphonie bruyante et lumineuse.

Tout se déroula vite. Et cela dura quelques éternités.

La patrouille dont elle faisait partie s'approcha d'un pont aux abords boisés ; leur attention fut attirée - volonté divine ? - par un bosquet s'embrasant soudain. Si proche d'eux que dans son sursaut, la capuche de sa pèlerine glissa, révélant la blondeur où les flammes du bosquet accrochaient des reflets dansants. Trois silhouettes ; l'une d'entre elle, par sa familiarité, captura son regard.

Un autre orage. La Bourgogne, en plein jour, au sortir d'un moulin. Une sagesse tellement décidée, une dispute, une poursuite, et deux corps se mêlant dans la boue, s'offrant l'un à l'autre comme ils s'offraient à la pluie faisant torrent sur eux. Une dague sur une gorge masculine, y faisant perler le sang, sans parvenir à aller jusqu'au bout de la menace, et la passion pour dévorer le tout et les consumer.


Theo...

L'un de ses compagnons de patrouille entendit ce murmure.

Theo ? Theognis, le Bourguignon ?

La voix la ramena au présent. Ce n'était pas le même orage. Etait-ce le même homme ? Elle ne le savait plus ; et une fois de plus, son devoir se dressa entre eux tandis qu'elle confirmait la condamnation d'un hochement de tête.

Les hommes se ruèrent, mais elle resta sur place, interdite, sa main n'esquissant même pas un geste vers son fourreau, les yeux braqués vers l'homme, et se souvenant, Seigneur, se souvenant des moindres détails, son visage se faisant miroir de cette déchirure qu'elle était en train de subir.
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Le_Petit_Sentier

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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeDim 4 Oct - 19:38

L'orage se fait de plus en plus violent, les éclairs tombent de plus en plus proches. Heureusement, la forêt alentours les protège plus ou moins de la foudre, mais certainement pas de la pluie qui leur fouette le visage et le corps, changeant sans cesse de direction dans le vent soufflant plein de rage. Trempés, il n'y a pas d'autres mots. Toutes les couches plus ou moins imperméables qu'elle porte ont cédé l'une après l'autre et Adelaïde commence à sentir le froid et l'humidité lui prendre les sangs.

Devant eux, l'orée de la forêt et les tumultes de l'Oise. L'orage l'a gonflée plus que la Blonde ne l'aurait cru. Qu'ils ne puissent passer par le gué, ça elle est bien d'accord, mais qu'il ne croisent aucun Champenois? Elle n'en est pas aussi sûre que le Baron. Mais finalement, ils finissent par se frayer en dehors de leur abri pour piquer vers le pont.

Puis un grand fracas, une lueur comme en plein jour, et derrière eux, des flammes qui commencent déjà à grésiller et s'embraser alors que la foudre est à peine tombée. Il s'en est fallu de peu pour qu'ils se retrouvent coincés au milieu de la fournaise, mais Adelaïde, dans cet instant présent, se soucie plutôt de récupérer le contrôle de sa monture affolée qui part dans un galop effréné. Tant bien que mal, elle parvient à le diriger sur le pont et bientôt les sabots claquent sur les pavés, raisonnant à l'unisson avec la pluie qui tombe sur le fleuve.

Derrière elle, il lui semble que ses deux compagnons la suivent, mais elle n'est pas sur, elle arrive à peine à tenir ses rênes et fait tout pour ne pas se faire désarçonner par son cheval paniqué.

Puis à son épaule droite, une brusque douleur se fait ressentir accompagnée du claquement sec du métal sur l'os. Sa chair lui brûle jusqu'au plus profond. Elle connaît bien cette sensation de l'acier pénétrant le corps pour avoir déjà pris quelques flèches dans sa vie. Sa pire crainte se confirme, ils ont été repérés. Elle ne sait pas où, mais les Champenois sont tout près, du moins, à portée de tir.

D'un coup, l'affolement de son cheval la gagne aussi et elle le presse vers l'autre rive, plus vite, toujours plus vite. Déjà elle est presque au bout du pont. Mais de nouveau la foudre frappe tout près, son cheval se cabre et la jette à terre avant de repartir dans sa course frénétique. Pour Adelaïde, sa conscience s'enveloppe d'une brume épaisse quand sa tête heurte violemment le sol, et elle ne sent même pas que sa monture l'entraîne au loin dans la nuit, le pieds toujours coincé dans l'étrier...



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Gorborenne
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeDim 4 Oct - 20:26

[Oiseaux Oiseux sur l’Oise – Faisans Farcis au Fer]

Quel temps de chien !

Rien d’autre ne lui vient à l’esprit, sinon que même un chien galeux, par un temps pareil on lui accorde de rester au chaud près du feu. Mais eux, non, ils sont là, sur leurs chevaux, sous la pluie. Ou plutôt sous la rivière. Le jour est tombé plus tôt que prévu quand des nuages plus noirs que l’âme d’un précepteur d’impôts sont venus recouvrir le ciel. Ceux-ci ont eu la merveilleuse idée de ne pas s’éterniser à lâcher tout leur jus et depuis deux heures, ils pataugent dans la boue, leurs montures menaçant de glisser ou de s’enliser à chaque pas, et eux, de se noyer à chaque respiration. La Drache… Le Chauve se souvient de cette expression entendue dans la bouche d’un marchand Flandrien, qualifiant tout spécialement se genre de pluie implacable, inévitable, où les flots abondent tellement qu’on à l’impression qu’il pleut même d’en dessous.

Gorborenne déteste ça. Mais il n’a pas le temps de se plaindre, car brusquement la foudre embrase le bosquet qu’ils viennent de quitter. Dans la lueur de l’éclair, il distingue les montures d’Adelaïde et du Baron qui se cabrent tout comme la sienne, l’un et l’autre ne restant en selle au prix de leurs réflexes. Le cheval de la blonde, paniqué, part au triple galop vers le pont et celui du Baron et le sien ne se firent pas prier pour lui emboiter le pas. D’ailleurs, ils ne leur ont pour ainsi dire pas demandé leur avis, affolés comme ils le sont par l’orage et la foudre.


Déjà, ils arrivent au bord des berges de l’Oise. Les trois cavaliers s’engagent à pleine vitesse sur le pont étroit. Toujours à l’arrière, le Chauve commence à sentir autre chose qui lui martèle le crâne. Son instinct cherche à le prévenir à coup de maillets d’un danger imminent et raisonne dans sa tête comme une trompe d’alarme.

Trop tard ! Alors qu’ils ont presque franchi la rivière, le sifflement caractéristique d’une volée de flèche fendant les airs les frôle dans un souffle. Enfin, pas tous. Devant Gorborenne, un « tac » violent se fait entendre de la poitrine d’Adelaïde. Les choses vont trop vite, dans son esprit, milles pensées se bousculent. Les flèches viennent de leur droite, sur la rive opposée. Non loin d’eux, la foudre fend un arbre par son milieu qui éclate dans un grands fracas. Dans la vive lueur, Gorborenne à juste le temps de distinguer un carreau planté dans la poitrine de la Blonde alors que son cheval affolé se cabre, la faisant chuter à terre et l’entraine dans la nuit, la tirant comme un vulgaire sac de patates. Et avant que la lumière électrique ait disparue dans la nuit, il a encore le temps de voir surgir une masse étincelante d’un taillis sur la berge.


- ATTENTION !!!

Pas assez rapide. Une horde de naseaux écumants prolongés par quatre paires d’yeux animés de folie et de rage leur fond dessus telle une nuée de démons. Souffle rauque des chevaux, grincement des armures, vaste gerbes d’eau des sabots claquant dans les flaques !
Les flèches étaient les hors d’œuvre. Pour l’entrée, leurs hôtes champenois leurs servent en place de douzaine d’huitres, une demi de lances effilées comme autant de dards mortels. Le choc est d’une rare violence, la pauvre monture devant lui n’a même pas le temps de sentir la froide couverture du trépas l’envelopper alors qu’elle se fait transpercée par trois harpons pendant que le quatrième vient se ficher sans grâce dans l’épaule de du Baron. Cet à peu près à cet instant que le Baron sort de champ de perception du Chauve. Son cheval vient de se prendre une dose plus diluée mais non moins mortelle d’acier, droit dans le ventre. Il le sait parce que au passage, la lance lui à sournoisement glissé sur le mollet, lui estaffilant violemment la chair. Ce qui lui sauve la vie car le brusque accès de douleur tend son épine dorsale et lui fait esquiver la dernière lance qui à peu de chose près aurait emporté sa tête en brochettes en d’autres circonstances.

Pourquoi il attrape d’un geste vif le manche qui lui passe sous le nez ? Lui-même n’a pas la réponse, ni le temps de la chercher, car le mouvement de retour du lancier le projette sur la rive, au milieu de leurs assaillants. Comme quoi un âne peut buter deux fois sur la même pierre, c’est la sur la jambe qu’il vient de se faire entailler qu’il choisit de se vautrer. Mais là, ce n’est pas comme à l’entrainement, il n’a pas vraiment le contrôle absolu de son vol plané, il ne l’a pour ainsi dire même pas du tout. Lourdement, il se reçoit dans la boue. Des orteils à la cuisse, la douleur crie « Bonjour » comme jamais, mais il parvient quand même à se redresser et dégainer son épée. Entre ses genoux, le courant rapide manque de le déstabiliser à chaque mouvement, la pluie lui martèle la face si bien qu’il y voit à peine sous le déluge, dans son dos, des éclats de voix et de fer témoignent que le Baron est déjà tout à son œuvre. Face à lui, deux visages d’acier au souffle rauque laissent deviner derrière les fentes des visières des regards haineux. Gorborenne met son arme en garde, à ses lèvres, le sourire de celui qui serait déjà content d’en sortir vivant, mais dont la peur s’est effacée devant l’issue inéluctable. Il le sent, il va y rester, ses adversaires ont l’air d’en savoir bien plus long que lui sur l’art de la guerre, et le Chauve sent bien aussi que l’épée entre ses mains est plus un poids que le prolongement de son bras. Il manque cruellement d’entraînement, mais il ne se laissera pas faire pour autant !

Alors qu’il part du mieux qu’il peut les coups qui déjà volent en sa direction, il sent dans chacune des frappes de ses ennemis la sombre faux de la mort, prête à trancher le fil de son existence. Avec des yeux à demi fous, luisant comme des charbons ardents, il fait tournoyer son épée en fustigeant ses adversaires d’une autre arme, bien moins mortelle : le verbe piquant…



Ô Muse des poètes, inspire moi donc quelques vers
Avant que je les rejoigne, par six pieds sous terre

Approchez donc, pantins sonnants et trébuchants
Goutez l’acier avant de répandre le sang

Si ici vous faites mur, têtes affreuses du cerbère
N’ayez craintes! Je vous garderai place en Enfer!


Mais alors qu’il recule sous les assauts répétés de ses adversaires, l’obligeant à se taire un instant, il sent sous ses pieds les pavés du pont. Il est entrain de se faire repousser et cela, il ne peut l’accepter. D’un bond maladroit, il arrive à se placer sur le parapet du pont et arrive à frapper d’estoc et de taille vers les deux assaillants, prenant pour un très court moment l’avantage, sans pour autant parvenir à les toucher.
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Snell

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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeLun 5 Oct - 23:28


Les ordres avaient été formels. Personne ne devait entrer ni sortir du Duché d'Artois. Général de Bourgogne lors de certains problèmes avec des mercenaires, Snell avait déjà eu à donner des ordres semblables et l'avait regretté. Par contre, la situation présente était bien différente et le Borgne le savait bien. Il y avait un état de guerre et tous savaient que la frontière était fermée.

Ils en étaient donc ici à poursuivre un groupe tentant de venir en renfort à l'Artois. Pour sa part, Snell aurait préféré commencer à interpeller le groupe mais les Champenois qui constituaient le gros de la patrouille ne voulaient pas en démordre. Aussi, lorsque les intrus furent aperçus près de la rivière, ils chargèrent sans hésiter et le Borgne ne put que suivre.

Il n'était pas fâché de se retrouver dans une mélée. Voilà longtemps qu'il était stationné à Compiègne et le divertissement d'une bonne bagarre était la bienvenue. Aussi il laissa les lanciers terminer leur charge avant de se lancer au galop à son tour.

Il fut surpris de voir les sombres formes de leur adversaires encore debouts après la charge. Blessés, certes, mais debout tout de même. Ils étaient soit chanceux, soit très habiles.

Sautant de son cheval, car il préférait le combat rapproché lorsqu'il bénéficiait de l'avantage du nombre, Snell se dirigea vers les fourrés où il avait vu l'un des intrus tomber, touché à l'épaule.
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Theognis
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MessageSujet: Re: À la grâce de Dieu, tentons le Diable....   À la grâce de Dieu, tentons le Diable.... Icon_minitimeMar 6 Oct - 19:09

Poussant un cri de douleur mêlée de rage, il arracha d'un coup sec la lance de son épaule. Par chance, elle ne l'avait pas méchamment blessée. Aussitôt, roulant sur le côté pour récupérer son épée, il se releva pour faire face à ses adversaires. Nombreux, bien trop nombreux. Il fallait à présent se battre non pour rejoindre l'Artois, mais pour sauver sa vie.
Un homme se présenta devant lui, en position de combat. Sans se jeter sur lui, avec le sang-froid et l'expérience des vieux loups de guerre. Théo brandissait sa bâtarde devant lui, à la hauteur de la poitrine. Il ne pouvait plus la lever à cause de sa blessure, mais il était décidé à vendre chèrement sa peau. A peine entendait-il les rumeurs de combat sur le pont, Adelaïde qui s'enfuit, comme il l'aurait prévu, Gorborenne qui chante face à la tempête des coups.
Non, le Baron ne regarde que son adversaire. Il cherche à deviner ses yeux, sous l'ombre du casque gris. Il veut anticiper ses mouvements. Mais que voit-il, courant sur ce visage buriné, une cicatrice qui barre l'oeil. Et l'autre, ouvert, qui ne peut pas tromper. Cet oeil fermé, cet oeil ouvert, c'est....


Snell!

Dans la fureur du combat, il aperçoit donc son avantage, il s'élance, ignorant la douleur, il frappe, serrant les mâchoires, les narines pincées. Les gouttes de pluie giclent de son épée et le choc des métaux produit un bruit terrible. Il frappe, du bon côté de son oeil absent, pour l'obliger à tourner la tête, et ensuite, il se propulse contre lui et le bouscule d'un violent coup d'épaules.
Mais le gaillard est solide, il ne tombe pas. Et le bras de Théo est en flammes. Mais l'attaquer toujours, car il n'y a plus ni amitié ni compassion sous le ciel des batailles. Prendre l'initiative du coup et ne pas le lâcher, tel un chien enragé. Il avance de plusieurs pas, ils atteignent le pont, autour d'eux l'eau gronde, le tonnerre se déchaîne. Frapper, encore, avant qu'il ne frappe. La bâtarde, tenue à plat, dessine un arc de cercle pour l'attaquer sur le flanc, comme une faux sur les blés mûrs de la moisson. De toutes ses forces.
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