La Mathilde est (re)venue...

Messages : 13 Date d'inscription : 26/08/2009

-Asseyez vous là et ne bougez avant que dame Aelyce ne vous accueille elle est prévenue de votre arrivée!

Avait aboyé le vougier au visage de la pauvre Mathilde.
Timide elle avait baissé les yeux, les joues écarlates. Du haut de ses 18 printemps elle n'avait jamais côtoyé d'hommes, ses cousines étaient mariées jeunes, mais elle, ainée d'une famille nombreuse, que des filles comme soeurs et une mère non voyante, elle gérait la petite demeure qui les abritait d'une main de femme.
Ses soeurs quoique plus jeunes travaillaient au champs, partaient au village vendre, mais elle, trop timide, elle préférait soigner tout ce monde, les voyant se marier presque toutes, les unes après les autres.
Puis sa mère mourut, les plus petites de ses soeurs partirent habiter chez celles qui avaient un foyer marital, elle, la Mathilde demeurait seule et la solitude lui rappelait qu'elle était vieille fille..
Un soupir déchira le silence qui régnait dans la cuisine, propre, rangée, dos contre la fenêtre, à contre-jour, elle se retourna un instant pour vérifier qu'elle était présentable, scrutant son propre reflet dans la vitre.
Boulotte, les joues rondes rose tendre, elle avait la tête de la petite paysanne du coin, ni belle ni laide, elle passait totalement inaperçue.
Seule les mimiques sur son faciès, une lueur fragile dans ses yeux attiraient parfois l'oeil.
Sur sa tête un bonnet en toile rose, pour qu'il n'y ait pas de cheveux dans la nourriture, cachait une chevelure rousse, des petites tâches de rousseurs la rendaient pétillante.
Soudain, elle se releva aussi vite qu'elle peut, tirant sur les plis de sa robe usée, d'un noir grisé, la tête baissée, les mains jointes et ballantes sous son ventre, et le coeur battant à tout rompre, des pas approchaient..

Messages : 4 Date d'inscription : 10/05/2008

Galopant aussi vite que ses petites pattes pouvaient le porter, le lapin aux cuisses dodues déboula dans la cuisine. Le lourd pas du Baron l'avait fait fuir, mais il n'avait pas perdu le Nord pour autant en choisissant la salle aux trésors pour destination. La vision des chausses en toile grossière de la jeune cuisinière changea brusquement sa route. Glissant sur les pavés gras, il parvint non sans coups de griffes à se poster dans un coin de la pièce, de l'autre côté de la table.
Se levant sur ses pattes arrières, son petit museau reniflait toutes les odeurs, suspectes ou délicieuses, alors que son grand oeil rond et noir scrutait un horizon bien rétréci.
Souvent, il y avait des navets ou de bottes de carotte à dénicher par ici. Cependant, la jeune femme était présente et ne le laisserait pas grignoter à sa guise. Certes, elle avait une belle chevelure carotte que le lapin aimait beaucoup, mais il doutait qu'elle se laisse volontiers grimper dessus.

Messages : 13 Date d'inscription : 26/08/2009

Les pas approchaient..la personne venait elle en courant où cette précipitation n'était elle que le fruit de son imagination...Elle releva soudain les yeux sentant un regard sur elle mais nulle voix pour l'accueillir. Le cadre de la porte demeurait désespérément vide. Petit soupir qui s'échappe d'entre ses jolies lèvres et elle s'apprête à se rassoir, or quelque chose la gênait, un reniflement continu et un regard qu'elle sentait sur elle. Sans bouger son corps d'un poil, elle pencha doucement le buste élargissant son champs de vision, la personne était peut être tout simplement un peu plus loin..oui mais non, personne.

Il ne restait plus que se rassoir et ne plus boire au réveil cette piquette qui l'épargnait de boire l'eau trouble et porteuse de maladie, et qui la rendait un brin pompette souvent dès le matin.
Mais là sous la table, deux yeux hypnotisant la fixent, un lapin dodu la regardait intensément, c'en était..oui gênant, mais amusant en même temps.
Elle pencha la tête, ravie d'avoir de la compagnie en attendant qu'on daigne de la recevoir, et fronça son nez plein de tâches de rousseur pour imiter celui du lapin aussi.

-Tu sais que tu es mignon toi? tellement mignon qu'on a même pas envie de te croquer

Elle parlait d'une voix douce, se mettant lentement à quatre pattes pour l'approcher la main se tendant doucement

-Approches je ne vais pas te faire du mal, je veux juste te caresser

Messages : 4 Date d'inscription : 10/05/2008

Méfiance. L'humaine-carotte se replie sur elle-même, semblant encore plus massive que dans sa forme allongée, debout. Du sourire de Mathilde, le lapin ne voit que les dents. Réaction de sécurité, recul jusqu'au mur, mais Grandenoreilles est alors acculé. Sa cervelle de léporidé baigne dans l'ignorance de sa situation privilégiée, cadeau de mariage d'une amie de la Comtesse Macricri. Depuis longtemps le ruban mauve autour de son cou a disparu, mais il a gardé son statut d'animal favori de la basse-Cour.
Mais, pour l'heure, une main pleine de longs doigts s'agite devant son oeil noir. Le lapin replie son oreille gauche, signe équivalent au fameux haussement de sourcils humain. Son petit nez s'agite, renifle plus fort. Petit lapin a un défaut: il est curieux. Irrémédiablement curieux. Alors, il tend son museau et hume la peau des doigts de Mathilde. Y-a-t-il à manger?

Messages : 13 Date d'inscription : 26/08/2009

Gros petit lapin ou petit gros lapin, elle ne savait guère quelle version utiliser pour définir la boule de poil qui la regardait à présent de ses grand yeux avec méfiance.
-Tu ne me connais pas je m'appelle Mathilde! Ma..Thilde, tu peux m'appeler Thilde..ou Ma, ou ce que tu veux..

Puis voyant ses petites oreilles frémir, et l'une d'elle absorber ses mots, les miniscules narines frétillant en même temps, elle sut que ne pas lui faire peur est un succès en soit.
-Tu peux aussi ne pas m'appeler du tout, si je travaille ici on se rencontrera souvent et je te donnerai des carottes ou des caresses, ou les deux..
l'impatience du lapin dont les mouvement de nez devinrent de plus en plus fréquents, se fit ressentir. Elle avança légèrement son buste, ne se souciant guère de la vue plongeante sur son décolleté, elle pourtant si pudique.
-Tu as faim je parie, et j'ai vu des carottes dans le panier d'osier sur la table..mais si on me trouve la main au panier alors que je ne travaille même pas ici, je serai bonne pour la potence! tu comprends?
C'était lui qui tapait de la patte en signe acquiescement ou était ce une personne qui approche?
Ses grands yeux effarés à la Mathilde regardaient à présent entre les pieds de la table en direction de la porte et c'est l'affolement!.
Deux pieds chaussés étaient là alignés devant elle tandis qu'elle se trouvait dans une position délicate.
Elle tenta immédiatement de se relever ce qui lui valut un coup des plus rudes contre la table qui se souleva bruyamment malgré son poids, un "Aoutch" s'échappant malgré elle de ses lèvres tandis qu'elle se relevait enfin en se frottant énergiquement le crâne.

L'Eclat de Prométhée Messages : 607 Date d'inscription : 06/11/2007

Les mains sur les hanches, le Baron contemple avec les sourcils levés l'étrange posture de la cuisinière. Mais sa maladresse ne tarde pas à le faire rire, un rire un peu condescendant qu'il ne peut retenir.
Voyant que la jeune femme retient ses larmes, penaude, Théo se prend soudain d'affection pour elle et décide de mouiller un chiffon propre.

Allez...Tournez-vous vers moi....Tête baissée....Mais allez, approchez-vous! Je ne vais pas vous manger!

Légèrement agacé par cette extrême timidité, il s'avance vers elle d'un pas franc, et pose le linge mouillé sur sa tête.

Voilà, ca va mieux, non?

Avec un sourire, il tente de la rassurer. Non pas qu'il soit aussi aimable avec tout le personnel du château. Le rapport du maître aux serviteurs suppose une certaine distance que le Baron a fini par connaître, avant que son château ne tombe définitivement en ruine. Des serviteurs trop proches finissent par inviter leurs amies au château, quand ce ne sont pas leurs familles. Mais Théo éprouve le plus grand mal à résister à la beauté, et cette Mathilde est bien aguichante.
Soudain, des petits bruits se font entendre. C'est Grandenoreilles qui s'échappe dans un placard ouvert, n'appréciant pas la proximité de ces grandes pattes effrayantes. Théo rit à nouveau.

Ah, tu as fait connaissance avec notre petit protégé! C'est le lapin qui me fut offert comme cadeau de mariage par l'amie de mon ancienne épouse. C'est bien le seul que tu ne pourras cuisiner en civet....Alors ca va mieux?

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