Quand les hommes parlent de femmes - Boeuf contre Mouton

Un Géant grognant qui descend..... Il est où le Baron? Au cuisines?...... Soupir....... Des escaliers qui semblent plus longs et plus glissants que d'habitude...... "Non mais j'me suis pas engagé pour ça moi.....".......

- grmmblemblmble ces deux là......

Orion avait laissé aux bons soins d'Epona une Rusée épatée - dans le sens patte folle, comme édenté - pour partir à la recherche d'un Prométhée visiblement un peu enflammé..... Prométhée qui avait offert le secret du feu aux hommes semblait à grand renfort de buches, essayer d'activer celui du foyer des cuisines à peu près inoccupées à cette heure du jour......

Le Chauve entre, s'approcha du Baron, l'œil curieux, se demandant s'il s'apprête à préparer quelque chose ou s'il a juste froid.....

- Baron? Puis-je vous parler un moment je vous prie?

Sa voix s'étrangle un peu, prise par la gène de se retrouver malgré lui emporté dans des affaires qui ne le concerne pas vraiment.......

L'Eclat de Prométhée Messages : 607 Date d'inscription : 06/11/2007

Théo hausse les épaules et continue d'empiler les buches. De quoi se mêle-t-il, celui-là? Prométhée répond d'un air bourru.

Va me chercher une flammèche.

Le jour décline lentement dans les forêts d'Arquian. Il fait un peu froid. En attendant le retour de son ami, Théo découpe lentement une carotte sous les yeux intéressés du Lapin d'Arquian, Grandenoreilles le bien nommé. L'hiver venant, celui-ci ne quitte plus les cuisines et se gave des douceurs du logis.
Cependant, il faut bien plus qu'un pelage doux sous sa main caressante pour lui faire oublier son courroux. Gorborenne revenant avec le feu demandé, il le remercie sans un mot. Il s'accroupit et s'occupe avec précaution d'allumer la cheminée. Bientôt, le foyer des cuisines ronfle d'une bonne flamme, mais le cœur du Baron n'en est pas réchauffé pour autant.
Se redressant, il avise avec une certaine surprise qu'Orion est....

Toujours là? Et Breiz, elle a pas besoin d'aide?

Plaignons un instant ce pauvre Géant qui s'en prend plein la figure pour pas un rond...... Un ordre sec, une mauvaise humeur à peine contenue.... D'un coup, Orion se sent comme l'enclume entre la flamme de Prométhée et l'acier de Vulcain..... Mais il s'exécute, laissant glisser le courant et tomber la foudre sur ses stoïques épaules..... Enfin, le plaignons pas trop non plus, il s'est fourré la de son plein gré quand même! Son pied a beau lui crier à tue tête qu'il va marcher sur un nid de vipères depuis le moment où le Baron a ramené la rusée blessée, le Chauve est du genre à préférer écraser les serpents lui-même plutôt que de laisser ce soin à un autre..... Un idiot au grand cœur, quelque chose du genre peut être......

Orion rend le feu à Prométhée...... Quelque gestes et le foyer s'embrase..... le géant qui offrit aux hommes le feu pour se réchauffer et se protéger..... Et lui dans l'histoire?..... Orion n'est pas le plus à plaindre en vérité....... Quel nom porte donc l'aigle qui lui ronge le foi en cet instant?

Breiz.....

Gorborenne s'est entre temps assis sur un tabouret et se penche un peu en arrière pour s'adosser au mur...... regard rivé au plafond..... Par qui commencer? Elle ou lui? Baste la galanterie, la Rusée est loin, et à moins que Grandenoreilles, frétillant des-dites grands oreilles, ne cafarde, elle n'en saura rien..... D'abord rassurer Theognis...... Il lui doit bien ça......

- Elle s'en remettra..... rapidement.... je lui ai mis une attelle pour tenir sa jambe en place.... pour que l'os se ressoude.... et un cataplasme pour les blessures aux tissus.......

Voilà, ça c'est fait..... maintenant, la Meyre.... Le timbre grave d'Orion amical, presque fraternel, au delà des convenances que les deux Titans conservent aux yeux du monde.....

- Breiz m'envoie te dire qu'elle est désolée..... qu'elle ne voulait pas te fâcher.....

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Un grand coup de hachoir pour trancher la viande et ensuite la découper en dés, avec une grande dextérité. Ceci faisant, Théo écoute Gorborenne. Question médecine, il a toute sa confiance. Le Baron n'y connait pas grand chose, sauf à se recoudre lui-même avec du fil et une aiguille trempée dans l'alcool. Guérir les blessures des autres, entre les cris, les regards indignés, les amis oppressants, non merci.
Puis, si cela dégénère, c'est l'infection, la gangrène, l'amputation. Un triste éclopé que l'on voit tous les jours, avec la sensation que sa jambe fantôme vous poursuit pour vous mettre des coups de pieds au derrière. Alors, non merci. Il taille en mirepoix les carottes et les oignons, imperturbable.

- Breiz m'envoie te dire qu'elle est désolée..... qu'elle ne voulait pas te fâcher.....

Impossible de rester impassible. Le hachoir en l'air, près de son oreille, Théo se tourne vers Gorbo et le regarde sans ciller, l'air courroucé.

Elle est encore désolée? Bon sang, mais c'est à cause de mes jeux stupides qu'elle s'est épuisée à me poursuivre! Si elle est tombée, c'est bien de ma faute! Alors, ensuite, j'ai voulu la secourir, mais tu la connais: rien de ce que je faisais n'était bien pour elle. A chaque pas, je me maudissais....Je me disais: pourvu qu'il n'y ait pas d'amputation, pourvu qu'il n'y ait pas d'hématome, pourvu qu'elle ne meurt pas dans mes bras!
Et elle, encore, elle voulait absolument s'excuser, elle contenait ses gémissements, elle retenait ses larmes, à la bouche elle n'avait que le pardon! Je l'aurai abandonnée aux loups qu'elle m'aurait compris....Alors, non!

Il planta le hachoir dans la planche de bois et lança un doigt déterminé vers Gorborenne. Sa voix était claire et méthodique, sans ambiguités.

Je vais lui préparer le meilleur des boeufs bourguignons que la Bourgogne n'ait jamais enfanté, et elle comprendra enfin peut-être combien je l'aime, combien je tiens à elle, combien elle m'est précieuse comme amie!

Haussant les épaules, il retourne à son ouvrage. Ton boudeur dans la voix.

Mais Aliènor m'a agacé tout à l'heure. Parfois, j'ai envie de lui coller une bonne tarte, car elle a souvent raison sur moi. Mais elle, au moins, s'en fiche de ma colère.

Gorborenne contemple la viande s'amenuisant à mesure que Théo passe ses nerfs dessus. Un état qu'il connaît bien, quand l'esprit à besoin de se déconnecter du corps un moment, laissant celui-ci vaquer presque par réflexe à une quelconque tâche..... et d'expérience il sait que cuisiner s'y prête souvent bien.

Pourtant, quand le Baron se tourne vers lui, hachoir levé, le Géant ne peut s'empêcher de se poser la question de si oui ou non il va devoir l'esquiver..... Mais finalement pas.....

- Elle est désolée, tu t'en veux..... Excuse moi mais vous tournez en rond là... Vous vous arrachez la responsabilité comme des gamins se disputent un jouet.... et aussi têtu l'un que l'autre...... Vous voulez que l'autre vous pardonne pour vous défaire d'un poids que vous vous infligez vous même....

Mais qu'y peut l'autre si tu t'enfonces toi même le couteau dans la jambe? Si tu veux qu'il te soigne, enlève d'abord le couteau......

Le Géant aussi à les nerfs qui s'échauffent un tantinet, sa voix toujours grave se fait légèrement plus résonnante..... Cuisiner.... pourquoi pas?..... Il se lève de son tabouret et va voir dans le cellier, laissant quelques souvenirs culinaires s'associer avec ce qu'il trouve devant lui, puis renvient avec quelques côtes d'agneau et d'autre pots qu'il dispose sur un plan de travail voisin de celui du Baron..... Lui chipant un oignon qu'il se met à éplucher et tailler finement, Gorborenne sourit légèrement.

- Tu sais, c'est bien plus dur de se pardonner à soi-même..... Depuis le temps, je te connais, et si il y a bien un point sur lequel on se ressemble, c'est à plus souvent guérir que prévenir....

La main d'Orion qui se pose calmement sur celle de Prométhée agitant le hachoir, un sourire qui se fait malicieux....

- Et ça ou le reste, c'est jamais agréable qu'on nous le pointe sous le nez, que ça soit Aliénor où n'importe qui..... Par contre, si tu veux que ton bœuf bourguignon soit meilleur qui mon agneau au miel, si tu veux qu'il ait le goût de ton affection pour Breiz, mets un peu moins de rage dans ton hachoir.....

Retournant à ses moutons, enfin, encore ses oignons pour le moment, Gorborenne les mets à dorer sur le feu dans un peu d'huile au fond d'une sauteuse, saupoudrant de larges brassées de thym dont le parfum ne tarde pas à se répandre.... Petit fou-rire et ton blagueur....

- Et puis Epona n'est pas seulement la mère des chevaux hein? Elle sait être "maternelle" avec tout le monde...... Tu sais, le plus à plaindre dans l'histoire, c'est encore le Vougier..... Entre les Princesses, les Géants, les Dragons et tout ce monde auquel il ne peut finalement qu'obéir sans pouvoir assouvir ses désirs profonds, ben franchement, question frustrations, je crois qu'il est grand gagnant......

À côté de la sauteuse, un marmiton empli d'eau mis à chauffé, avec dedans un petit broc attendant le bain-marie. Orion se retourne vers Prométhée, l'air grave, le regard plein de défi....

- Trêve de plaisanterie, je suis entrain de concocter un petit plat qui va ramener l'été d'où il s'est enfui, alors, t'as intérêt à te surpasser!

.......Ce duel-ci, essaye au moins de le gagner........

..... Sifflotant l'air de rien, surtout pour réprimer un fou-rire, Gorborenne retourne à ses oignons en rajoutant une autre poignée de thym sur le tout.

L'Eclat de Prométhée Messages : 607 Date d'inscription : 06/11/2007

En écoutant Gorborenne, il soupire et se calme un peu. Le hachoir est moins frénétique sur la viande saignante, et les gestes mieux concentrés. Néanmoins, la force de l'habitude n'altère pas la puissance de ses pensées interlopes. Elles assaillent son esprit de réflexions amères, fatalistes. Une seule cependant franchit la barrière de ses lèvres:

Ce n'est même pas la saison du bœuf bourguignon....Enfin, au moins je ne mets pas de miel sur la viande....

Moue dubitative. Dérive. Les mots flottent autour de ses yeux.

Comme on ne met pas d'amour sur l'amitié.

Des pincées, des soupçons, des larmes et des rasades, pour le bonheur du palais et la joie du gosier. Théo met un peu de ceci et de cela, sans s'occuper du reste, sauf son ami Gorborenne qui le mijote à feu doux. Son duel le fait sourire. Profusion au cœur de l'hiver, que demande le peuple?
Désormais, la marmite est accrochée au-dessus de l'âtre, le temps le plus important de la cuisine commence, celui de l'attente.

Une partie de dés?

Les oignons embaument à point dorés à souhait sur leur lit de thym. Quelques mouvement vifs d'une large spatule de bois les envoient de la sauteuse au broc baignant dans une eau maintenant à ébullition. Les côtelettes viennent prendre la place des oignons dans la poile, grésillant au contact du métal chaud, puis quelques larges pelletées de miel viennent se fondre dans le broc.

- C'est pas forcément vrai.... amour, amitié.... la frontière entre les deux est floue, et plus souvent qu'on ne le croit. Ton cœur n'a pas besoin d'une définition pour comprendre ce qu'il ressent. Ça t'aidera pas de mettre des mots dessus.

Gorborenne dépose le pot pour un autre, l'ouvre, en hume le contenu avec une grimace, dépose quelques cuillerées de son contenu jaunâtre et granuleux dans le broc avec le miel, une autre dose de thym, et les oignons. Il touille quelques instants, mélangeant le tout de façon homogène, humant l'arôme se dégageant des fumerolles, la goutant du bout des lèvres au bout d'un doigt..... Il retourne la viande avant de se retourner lui avec un large sourire vers Théo.

- Tu vois, cette sauce, les oignons et le thym même indispensables, sont finalement relativement secondaires... Les premiers ne sont que la base d'un quotidien apportant une consistance à l'existence..... Le thym, et bien, on pourrait le comparé au parfums d'aventure.... Tu sais, comme l'arrière-goût d'aventure qui baignait dans l'air quand on a sellé nos chevaux pour partir en Artois.

Petite vérification et il remets les viandes sur leurs premières faces avant de déverser la sauce dans la sauteuse.... Ça bouillonne un peu, mais la chair tendre de l'agneau ne s'en imprègnera que mieux.

- Après, ce qui lui donne surtout son goût, ça n'est pas seulement le miel. Bien sûr, ça lui donne une saveur douce et sucrée à ravir les sens, comme la chaleur d'un soleil de fin d'été sur la Bretagne.....mais de sens, justement, elle n'en à que parce que s'y mêle aussi l'acidité de la moutarde. Une vie trop mielleuse en deviendrait écœurante, de même que trop acide en serait à force invivable..... Mais savoir s'accommoder des deux et de leur subtil mariage........ ça n'est pas seulement réussir une bonne sauce......

Un regard à la cuisson, une large inspiration, mine satisfaite et on déplace le tout à feu doux.....

- Les dés? hum...... On mise quoi?

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