Lettre à Breiz

Citation :

Ma chère Breiz, mon amie,

Je profite d'un court moment de répit dans les combats pour t'écrire cette lettre de félicitations. Je vois bien en Provence que la vie est trop courte pour la méfiance et les soupçons. Aussi je regrette de ne pas être présent à ton mariage avec Milo, vous devez être magnifiques de bonheur. J'espère que je pourrai rentrer dans notre bon duché de Bourgogne pour vous rencontrer et vous présenter mes voeux en face, seulement la vie est trop incertaine pour ne pas s'offrir le temps d'envoyer un mot aux gens que l'on aime.

Si mes phrases avaient des bras, elles t'enlaceraient contre moi, si elles avaient des lèvres, elles t'embrasseraient fort, si elles avaient un coeur, elles te nourriraient de mon sang.
J'aurai une autre lettre à t'envoyer plus tard, car je suis inquiet, mais ce jour où j'apprends ton mariage est voué au bonheur sans partage. Ton sourire est le présent le plus précieux en ce monde, et je compte bien le recevoir à nouveau.
Je te souhaite un beau et grand mariage.

Avec toute mon affection,
Théo.

Citation :

Théognis,

Je trouve particulièrement culotté de ta part que tu aies l'audace de m'appeler ton amie, après ce que tu as osé faire. Peut-être as tu des regrets, moi pas. J'étais ton amie, et je croyais te rendre service - oh, d'ailleurs, essaye de te souvenir que tu as offert des draps de Venise au jeune couple de Beaumont, tu n'étais pas à leur mariage, que tu as d'ailleurs oublié, c'est le dernier service que t'as rendu ton intendante, avant que tu ne la chasse. Et ça t'as couté cher. Après tout un seigneur se doit de montrer sa bonne santé financière à ses vassaux - en acceptant d'être ton intendante.
Jamais je n'aurais cru que tu oserais, toi, m'abaisser à ce point, plus bas que le pire des esclaves, tentant de contrôler ma vie à distance. Qui eut cru que le noble le plus brigand de Bourgogne porterait en lui les pires défauts de la noblesse?

Garde ton amour et ton affection, j'ai un mari. Garde des enlaçages et tes embrassades, j'ai un mari. Et garde ton sang à l'intérieur de toi, c'est signe qu'une épée ne t'est pas encore passée en travers du corps.
Je n'ai pas besoin de toi. Occupe toi donc de rester vivant, il y a, malgré tout ce que l'on a pu entendre comme rumeurs sur les campements queutards des armées mercenaires en Provence, une pucelle blonde qui t'attend ici. Ne te préoccupe donc pas de mon bonheur que tu as essayé de manipuler, ni de mon mariage, et occupe toi du tien.

Puisse Aristote te garder, malgré le mal que tu fais autour de toi,

Breiz
Meyre Rusée.

Citation :

Breiz,

Tu as trempé tes mots dans l'encre noire de l'ingratitude. Je remonte mes souvenirs un peu plus loin que les tiens, car rappelle-toi, tu étais triste et sans repères et je t'ai offert la chaleur, le confort du château d'Arquian. Tu ne cherchais à l'époque qu'une corde pour te pendre! A bras ouverts, je t'ai accueilli chez moi, je voulais que tu retrouves le gout du bonheur. Hélas, tu espérais que ce gout soit celui de mes lèvres....Si je n'avais pas su que ce type de relation aurait détruit toute notre amitié, je te les aurait offert sans ambages.

Maintenant, c'est ta fierté qui détruit tout. De ma demeure, tu as fait une prison. Les arbres des immenses forêts du domaine étaient tes barreaux, le ciel trop bas te pesait sur les épaules, et cette charge d'intendante....Te sentir obligée par rapport à moi, tu n'as pu le supporter.
Souviens-toi comme tu étais fière avec ta jambe cassée, souviens-toi de ton mépris face à mon cadeau d'un fauteuil aussi pratique que joli, souviens-toi comme tu te dérobais à la fête de Noël pour me montrer à quel point tu étais malheureuse....Et pourtant, au plus profond de la nuit, sous les étoiles filantes, nous avons lié la chaleur de nos mains pour contempler le ciel.
Ma décision de faire surveiller ton compagnon, Milo, par le Vougier, fut la suite logique de mes nombreuses erreurs envers toi. Tu ne supportes pas l'idée de ta propre faiblesse. Je croyais bien faire, je voulais me rassurer, mais tu n'as pas eu de mots assez durs pour critiquer ma bienveillance envers toi. J'avoue ma maladresse, oui, mais est-ce un crime si grave d'être maladroit quand on veut aimer et chérir? En semant le soupçon, j'ai récolté la haine, et je l'ai mangé à m'en étouffer d'affliction.

Maintenant, nous n'allons pas endosser le rôle d'animaux blessés qui mordent plus fort à l'approche de la mort. A ton mépris j'oppose un stop irrévocable. Notre amitié est belle et bien finie, vaincue elle agonise sur les lignes de nos parchemins. Nul besoin d'en ajouter davantage.

Dois-je alors me justifier devant celle qui n'est plus, au mieux, qu'une connaissance? L'épée sanglante de la Ruse, à l'époque de ma régence, ne s'embarrassait pas de la puérilité de tes arguments moralistes. Une chose, une seule: sache que je trouverai toujours plus honorable de gagner ma vie par l'épée plutôt que la hache, la gaule, ou le soc de charrue.

Mon bonheur, je le trouverai sans toi, puisque tu me prives du tien. Si tu as oublié que je ne pouvais venir à ton mariage, je t'en prie, n'oublies pas que je ne t'invite pas au mien. Je ne voudrai pas supporter ta mine accablante de reproches, tes coups de poing dans mon ventre, tes yeux à m'arracher le cœur.

Adieu, Breiz.

Citation :

Théognis Montereau d'Arquian,

Tu n'arriveras pas à me blesser en éveillant les souvenirs que j'ai du père de Gauvain. Tu n'arriveras pas à me blesser en salissant son nom.
N'oublies pas que du temps de ta régence, les armées de Bourgogne étaient contrôlées par Vaxilart qui aurait crevé plutôt que de protéger une Bourgogne dirigée par toi. N'oublies pas que si ta régence s'est déroulée sans ambages, c'est parce que les épées de la Ruse étaient rouges du sang des ennemis de la Bourgogne. N'oublies pas que la Ruse n'agit par la violence qu'en dernier recours. N'oublies pas que la Ruse ne pille pas, ne tues pas et ne viole pas. N'oublies pas ceci. C'est la parole que le Pi a transmis. Cesse de croire que tu l'as connu mieux que moi.
N'oublies pas ce que tu lui dois. Je saurais te le rappeler, toujours. Ne m'oublies pas, toi qui fut mon amour. Je serais toujours sur ton chemin. Souviens t'en. Tu voles le peuple. Je le protège.

Tu es aveuglé de jalousie, Théo, et tes lèvres, tu me les as offertes, ne te souviens tu pas? Une nuit glaciale, lorsque tu me raccompagnais jusqu'à mon auberge, Gauvain endormi au creux de mon bras.
Tu me les as offertes parce que tu savais l'attirance que j'avais pour toi, et ton orgueil de mâle savait à quel point j'avais besoin de bras forts. As tu agis par orgueil ou par amitié, je ne le saurais jamais. Et peu m'importe, après tout. Tu as été là quand j'avais besoin de toi, quelles qu'aient été tes motivations, tu as agis en ami.
Jusqu'à ce que tu découvres que j'avais préféré me donner à un autre que toi.
Jamais je n'oublierai ça, Théo. Ne me crois pas ingrate, je sais ce que je te dois. Mais jamais, jamais je n'oublierai ce que ta jalousie a fait de toi. Un homme possessif et méfiant, un soudard sans pudeur.
Tu te fais honneur à croire que je te méprise. Je n'ai guère le temps pour ça. Tu m'indiffères, Théo. Tu ne m'es rien. Après tout ce que tu as été, tu ne m'es plus rien. Je te connais trop. Je ne crois plus en toi. Tu n'as pas d'honneur.
Continues, amuse toi bien. Trempe tes mains dans le sang d'innocents. Jouis de ta puissance, tue. Tu ne m'es plus rien.

Continues donc à me blâmer pour la mort de notre amitié. Continue à refuser d'admettre tes fautes envers moi. Continues donc à croire que tu avais raison d'envoyer un homme espionner mes faits et gestes, mon intimité avec un homme qui était déjà mon fiancé quand tu l'as rencontré, qui est maintenant mon époux et le père de l'enfant que je porte.
Continues à te dédouaner. Continue à te croire supérieur. Étouffe toi avec ta noblesse, Théognis Montereau d'Arquian! Tu ne la mérites pas!

Tu ne m'es rien.

Jamais.

Citation :

Breiz des Rusés,

Si je dois beaucoup à la Ruse, demandes-toi pourquoi l'armée de la Ruse ne put rester en Bourgogne après mon départ, pourquoi l'armée de la Ruse fut abandonnée dans le Languedoc, pourquoi la mort de Pignon fut couverte d'un épais silence. Avec moi, la Ruse fut puissante, sans moi elle ne devint pas grand chose.
Demande aussi à Frim et à d'autres si la justice des épées de la Ruse était bonne. Demande aux maires de l'époque comment Pignon leur extorquait des fonds.
Moi, j'approuvais tout cela. J'avais une armée, forte de plusieurs colonnes de soldats, mais je laissais la Ruse agir ainsi, car je pense que le paysan doit courber l'échine devant l'homme de guerre, comme les bourguignons récalcitrants étaient soumis par l'ordre Rusé.
Toi qui prétends protéger le peuple, je me méfie de toi, car il est connu que l'enfer est pavé de bonnes intentions. La preuve, sous votre mandature, la Bourgogne a connu l'enfer: Macon, Dole, Joinville livrées aux pillages de bandits notoires. Pourtant, je suis certain que personne n'a encore démissionné. La place est bonne au Conseil, n'est ce pas?

Quand je relis la deuxième partie de ta lettre, je ne sais quoi répondre, tant tu divagues et tu t'égares dans des spéculations sans fondement. Breiz, je te l'écris noir sur beige, jamais je n'ai été amoureux de toi. Jamais. Et le désir même de toi ne m'a jamais effleuré les braies. Ne cherches pas à comprendre, je ne comprends pas moi-même. J'ai été heureux pour toi quand tu m'as annoncé la rencontre de ce compagnon qui deviendrait ton mari, Milo. Ai-je été maladroit? certainement. Mais tu t'es comporté en véritable hyène, alors que je bruissais des projets pour vous deux.
Longtemps, la blessure de ces jours restera en mon coeur. Parfois, dans des moments de joie, je pense que tout ceci sera temporaire, que tu reviendras même....Mais tes lettres emplies de haine me démontrent le contraire, et alors je suis jaloux d'Erik et je pleure sur le vide que vous m'avez laissé....Peu t'importe, mes larmes ne te concernent plus.
Je devrai déchirer cette lettre, mais je te l'envoie quand même, sans que j'ai le cœur de pouvoir la signer.

Citation :

De
Breiz Edwinson
Bailli de Bougogne

A
Théognis Montereau
Baron d'Arquian et de Seignelay
Brigand Bourguignon,

Baron,

Il n'est un mystère pour personne que vous recherchez une de vos maître amies.
Une femme du nom de Cathy se trouve en ce moment à Sémur, avec des membres de la Zoko. Ils feront route sous peu vers le Poitou afin d'y rencontrer Eikorc, la femme les accompagnera. Ils sont encore à Sémur ce soir et n'en partiront au plus tôt que demain.
En espérant que ces renseignements vous seront utiles,
Veuillez recevoir d'aristotéliciennes salutations.

Breiz Edwinson
Bailli de Bourgogne
Meyre Rusée

P.S : Ne crois surtout pas que je fais ceci pour toi. B.