Préparation à l'accouchement de la Comtesse

Ils entrèrent dans la chambre où il faisait très chaud : le bain prêt attendait qu'on vienne s'y plonger, le feu brulait dans la cheminée, des bougies donnaient une ambiance chaleureuse.

Et Grulus assis, était en train de lire le Livre des Vertus. Le spectacle était surprenant vue la situation.

Macricri rentra la tête dans les épaules en prévision du cri que n'allait pas tarder à lancer Théo. Mais il ne vint pas, Théo réprimanda Grulus qui ouvrit la fenêtre rapidement.

Il aida sa femme à s'assoir.

Qui s'occupe de monter les bagages ? Et le lit du bébé ? Lui demanda-t-elle ?

Macricri n'avait aucune envie de voir la chambre devenir un lieu où tout le monde circulerait pour apporter ci ou ça.
Aussi, elle regarda le bain bien tentant en espérant que toutes les affaires seraient rapidement montées. Elle avait hâte d'avoir un peu d'intimité.

Merveilleux, merveilleux... elle en avait de bonne Archibaldane.
Tout à l'heure cela l'était, quand c'était encore peu douloureux et avec l'excitation du bébé qui s'annonçait. Ou cela le sera quand le bébé sera là.
Mais à l'instant, pas du tout, et ce qu'elle voyait surtout c'était la main de son mari qui lui pétrissait le ventre. La douleur fut amplifiée par la pression qu'exerçait son mari, elle ne put s'empêcher de pousser un cri par la surprise.
Elle posa la main sur la sienne et la serra très fort en lui sifflant entre ses dents serrées.

Tu m'appuies encore sur le ventre avant qu'elle te le dise clairement, et encore... et je t'assure que tu devras te faire remplacer à la Basilique car un chancelier qui ne peut pas écrire ne peut assurer ses fonctions.

Archibaldane lui rappela de souffler pendant les contractions, et demanda à Théo d'y veiller.

Macricri n'y croyait pas de trop. Elle suivit néanmoins le conseil soufflant selon ce que lui avait montrer Archibaldane, concentrée ce qui se passait en elle. Profitant du répit pour récupérer et se resourcer dans les yeux de son mari avant la contraction suivante.
Force lui fut de reconnaitre que cela était efficace. Dans la pièce, le temps semblait suspendu, rythmé par son souffle et les gémissements qu'elle ne pouvait retenir..

Une violente douleur lui vrilla le crâne. Elle s'agrippait à ses cheveux comme des lianes, tout en la morigénant vertement. Il n'aurait pas dû se moquer d'elle! Il ouvrit grand la bouche pour s'excuser, mais ne put émettre un son. Qu'avait-il donc fait à Aristote pour qu'elle se mette dans un état pareil?
Elle le lâcha subitement, et il put enfin reprendre sa respiration. Pas pour longtemps, tant Macricri semblait souffrir le martyre. Il se pencha sur elle, mais cette fois-ci pour lui caresser avec amour les cheveux, essuyant la sueur de son front. Il lui souffla:

Courage, mon amour, c'est bientôt fini.

Il était vraiment devenu docile avec elle. Mais il jeta un coup d'oeil à Archibaldane et à Yäkël, du style:
"à la moindre fausse manoeuvre, je mords!"

Lluna, son bouquet toujours en mains, passaient de couloirs en couloirs pour découvrir le château, tendant l'oreille et son intuition pour retrouver sa filleule.
Et elle finit par se retrouver devant une porte toute cassée.

Rho ...

Sourire, elle avait connu en de tels moments une porte aussi malmenée, son frérôt qu'elle se souvenait. Et à tendre l'oreille un peu plus qu'elle sentit que Macricri était là, et elle comprit même plus.
Euh ... Oh ... Euh ... D'un coup elle serra les violettes qu'elle tenait toujours en main, et hésita vraiment ... Ne plus bouger, courrir, sautiller, devenir toute blanche ... Euh ... euh ...

Bref, elle inspira et retrouva son immense sourire naturel et si inmanquable en de telles circonstances, et zouh elle avança dans la pièce sans même se soucier de qui se trouvait par là. Seul le visage de sa filleule l'attirait.

Macriiiiiiiiiiicriiiiii ! Tu sais pas quoi ?! Y'a un type qui voulait que je picole sous la pluie ?! lui dit-elle tout sourire pour lui faire oublier l'instant présent et la douleur. Et elle se pencha toute sourire. C'est le moment qu'a choisi Violette pour se présenter à nous ?

Sourire, sourire, sourire et sourire !

Quel charmant époux qui avait toujours le mot pour rire rageait Macricri. Sur les indications de la sage femme improvisée, elle s'accrocha à ses genoux.
Lluna fut réquisitionner pour lui soutenir le dos, en d'autres circonstances, elle aurait bien ri de la mine éberluée de sa marraine.

Allez Macricri, on voit la tête du bébé.

Elle poussa tant qu'elle put, relachant ses efforts juste quelques instants avant de devoir les renouveler encore.
Elle sentit le bébé passer avec une intense sensation d'écartèlement. Elle gémit en continuant à pousser.

Encore, ne vous arrêtez pas, il est presque là. Théognis aidez-la davantage, elle est fatiguée. Allez, à la prochaine la tête sort.

Théo lança un regard d'excuses à sa femme avant d'accentuer la pression en même temps que ses efforts.

Un cri de Macricri accompagna Archibaldane :

C'est très bien, il est là. Attendez, soufflez. Allez, une dernière fois, le plus dur est fait.

Une derrière poussée et Macricri sentit le bébé glisser hors d'elle.
Elle donna la main à Théo, inquiète de ne rien entendre.
Mais cela ne tarda pas : un cri puissant résonna dans la chambre.

Archibaldane souleva le bébé rapidement essuyé : toutes mes félicitations aux nouveaux parents. C'est un magnifique bébé.

C'est....