A l'ombre du rempart...

Messages : 5 Date d'inscription : 19/02/2008

La lune caressait les flands du château et il semblait n'y avoir plus aucune âme en vie dans ses entrailles... Le peu d'occupants qui y vivaient avaient disparu dans le monde du sommeil et les chandelles allumées dans les chambres s'éteignaient avec le temps ou le vent...

Au fond de la cour pourtant une ombre semblait se mouvoir...

Longeant le chemin de ronde jusqu'à une porte dérobée, elle stoppa sa progression macabre au pied d'un immense chêne. Elle, c'était cet espoir qui survit après la mort, un amour trop grand pour être contenu dans une seule vie... De cet amour et de cette vie, il ne restait plus qu'une ombre qui glissait vers cette arbre...

Les yeux sombres de la silhouette féminine se posèrent sur une branche et de funestes souvenirs lui revinrent à l'esprit. Elle se laissa choir aux pieds du chêne, voyant d'ici l'interstice dans la muraille, près de cette porte inexistante pour un oeil non initié... Depuis cette minuscule fente lui revenait la vision de l'agonie d'un homme, ne pouvant que crier son amour au vent...

THEOOOOOO!!!!!!!!

L'Eclat de Prométhée Messages : 607 Date d'inscription : 06/11/2007

Troublé par l'apparition dans le corridor, Théo considérait son lit avec une sorte de découragement. Parvenu dans la chambre sans encombre, mais accompagné d'une perpétuelle angoisse, il se rendait compte à présent qu'il ne pourrait dormir ainsi, tout les sens aux aguets, sursautant au moindre bruit.
Il avait décidé de ne pas faire appel aux gardes. A quoi bon? Ils auraient tous désertés sur l'heure. L'histoire se serait répandu dans la vallée, les paysans partis, l'Inquisition aurait purifié par les flammes le château. Théo serait devenu le Baron d'une terre fantôme.
Il empoignait le chandelier à se faire blanchir la jointure des doigts. Son bras avait beau le fatiguer, inlassablement il portait haut la lumière sur les murs de la chambre, où il s'attendait à voir surgir à tout instant l'esprit maléfique. Non pas qu'elle semblait agressive, au contraire, elle paraissait animée d'un profond désespoir. Si pur, qu'une larme avait roulé sur sa joue pour s'écraser au sol. Une vraie larme....Qui le croirait? Il serait enfermé, déclaré comme fou, on lui prendrait ses terres.
Théo tournait dans la chambre avec le chandelier à bout de bras, et son autre main sur la fusée de son épée, arme qu'il savait pourtant bien inutile. Mais il ne voulait pas avouer son impuissance. Il fallait déjà qu'il ne soit pas déstabilisé par la surprise de cette apparition. Alors, il portait la lumière de partout. Les ombres des hauts rideaux dansaient devant lui comme pour le narguer. Il ne savait plus où regarder. Il était en sueur, et tremblait de froid. On lui aurait demandé de jeter un coup d'oeil sous le lit, qu'il aurait refusé catégoriquement. Son état de confusion mentale était extrême.
Il entendit crier. Un cri d'effroi, à glacer le sang, un désespoir absolu, capable de vider toute énergie. De grands battements d'ailes, dans une cacophonie de criaillement: les corneilles affolées se sont envolées du toit.
Théo se précipite à la fenêtre, le visage blême, il observe soigneusement le paysage. Lorsqu'il la voit....Allongée sous un arbre, es bras tendus vers la muraille, elle semble hoqueter de douleur. Une curieuse sensation de pitié étreint le coeur de Théo. Il décide sans réfléchir de descendre, remet son manteau. Elle lui a paru si fragile, qu'il a déterminé qu'elle ne peut lui être dangereuse. Elle dégage en outre un magnétisme puissant, mais cela, il ne se l'avouera pas. Il sort de la chambre comme un soldat au pas de charge, les yeux dans le vide, utilisant à peine la lumières des bougies pour avancer.
Un vent puissant balaye toute lumière dès qu'il se retrouve dehors. Il commence à fléchir, à se poser des questions. Mais il continue tout de même. Il marche à présent le long du chemin de ronde, et tire son épée, protection misérable qu'il place au travers de son corps. Mais elle a disparu....Décontenancé, il regarde autour de lui....Personne, en apparence.
Il s'accroupit à l'endroit où elle était étendue. Nulle empreinte d'une présence humaine à cet endroit. Soupirant, il finit par ranger son épée, et se relève. Choc. Le vent a soulevé un pan de lierre, on distingue une fente qui court le long de la paroi, étroite, mais qui dessine le contour d'une porte.
Poussé par la curiosité, et conscient d'avoir découvert quelque chose d'important pour la résolution de cette énigme, il commence à tâter les pierres. Nul doute possible, une fois qu'il a arraché tout le lierre. Il s'agit bien d'une porte, qui se découpe dans la muraille. Il cherche alors un mécanisme pour la faire tourner sur ses gonds rouillés, mais ne trouve pas. Il s'impatiente, donne des coups sur les pierres. Elle se refuse à lui.

Messages : 5 Date d'inscription : 19/02/2008

Le vent s'était levé et la lune observait le baron avec son demi sourire agaçant. La nuit cependant était calme, nul cri, nul halo blanchâtre annonçant la présence du fantôme...

Pourtant la porte ne cédait pas et un froid glacial semblait provenir de cet endroit morbide...

Qui pourrait comprendre ce qu'il s'était passé ici, qui voudrait surtout d'une tragédie aussi terrible... Dans l'ombre, un murmure, toujours le même...

Théo.....pardonne-moi Théo....

L'Eclat de Prométhée Messages : 607 Date d'inscription : 06/11/2007

Un frisson lui parcourut l'échine. Une voix emplissait l'espace de mots glacés, sans qu'il ne puisse rien faire que l'écouter, au supplice, en fermant les yeux.
Il les réouvrit dans un instant de silence. La porte aux gonds couverts de mousse le défiait toujours. Il trembla. Cet endroit semblait maudit. Pourtant, il fallait bien qu'il trouve pourquoi l'esprit rôdait ici, et quelle était la cause de son désespoir. Il sentait bien qu'il n'aurait jamais la paix dans le cas contraire.
Il alla chercher des outils dans la vieille grange, et revint en se méfiant à chaque pas d'une subite apparition du fantôme. Le vent jouait dans les branches aux feuilles menues une composition funèbre, qui ressemblait tant à cette voix d'outre-tombe! Il trébucha plusieurs fois sous l'assaut des vagues venteuses. Mais il fallait que la porte cède. Il voulait savoir, il croyait que la vérité se cachait là.
Aussi, il se mit aussitôt au travail. Par chance, l'humidité autour des gonds se coulait aussi dans la muraille, le ciment était friable. Il attaqua la pierre à la barre de fer, et il put non sans mal la déloger de son emplacement, emportant le gond avec.
Alors la porte pivota sur elle-même dans un grincement inquiétant, et il entra dans une pièce aux murs blanchis à la chaux. Il se trouvait à présent à l'intérieur des remparts de son château. Un bureau à la surface vide lui faisait face, et il vit les éclats d'un encrier éparpillés au sol. Un tableau était accroché au-dessus. Mais il voyait mal. De grandes ombres recouvraient des parties entières de la pièce. Et lorsqu'il voulut utiliser sa chandelle, il fut mécontent de s'apercevoir que la mèche était mouillée.
Il s'apprêta donc à ressortir, en se promettant de revenir pour le lendemain.

Messages : 5 Date d'inscription : 19/02/2008

Mais alors qu'il sortait de cette étrange pièce, minuscule et étouffante, il se trouva face à l'arbre.

C'est avec effroie qu'il vit l'espace d'un instant un homme pendu juste au dessus d'ou se trouvait la jeune femme. Des corbeaux s'emblaient s'envolé de son corps mutilé...

Mais l'apparition ne dura qu'une fraction de seconde avant de laisser place à la nuit et au silence. Un silence trop vide ou même le vent se taisait...

Seule une lumière s'alluma sur la façade sombre du chateau...Celle de la bibliothèque...