un vent glacial...

Messages : 5 Date d'inscription : 19/02/2008

Alors que le soir tombait et que la lune se voilait pudiquement de nuages, une bourasque de vent pénétra dans le couloir par une fenêtre laissée ouverte...

Le courant d'air sinua le long du mur et alla se blottir dans l'ombre d'un garde assoupit...

L'homme maugréa dans ses songes et fronça les sourciles... Il ne vit pas apparaître une silhouette pâle à la chevelure rousse.

L'apparition caressa son visage mais n'y reconnu pas celui de son aimé... Elle soupira et se dirigea vers la fenêtre ouverte, dans une longue plainte tel un murmure du vent...

Tant pis, elle attendrait...

L'Eclat de Prométhée Messages : 607 Date d'inscription : 06/11/2007

Le Baron ne se rendait que rarement à son domaine. Il n'en avait guère le temps, occupé des affaires de l'État, puis de son mariage, puis de ses relations. Un château au toit percé, aux murs humides, tout juste habitable, n'était pas non plus un lieu de repos idéal au cœur de l'hiver.

Néanmoins, le printemps venait de faire apparaitre ses timides rayons de soleil. Il ne gelait plus toutes les nuits. Le Général Hiver se repliait progressivement dans le Nord. C'était encore peu perceptible, mais les jours avançant, Théo pensait au mois de Mai ou Juin. Il serait bon d'inviter un peu de monde au domaine, et Macricri serait certainement heureuse, une fois rétablie de l'accouchement, de venir visiter le lieu. Alors, il faudrait que tout soit prêt pour la recevoir.

Il méditait ainsi sur les chantiers à venir en parcourant le couloir menant à sa chambre. Un garde l'accompagnait, en lui racontant par le détail un étrange rêve sur une femme venue hanter ses pensées. Il ne l'écoutait pas. Il avait déjà tellement entendu d'histoires de ce genre concernant Arquian! Théo prenait cela au mieux pour de la superstition villageoise. Il avait d'ailleurs payé le curé à prix d'or, pour qu'il chasse dans l'esprit de ses fidèles, toute idée de démon au château. Seulement, on ne pouvait empêcher les vieilles histoires d'exister.

Lassé de son récit rocambolesque, Théo congédia le garde, et se retrouva seul, le chandelier à la main. Un souffle de vent vint soudainement éteindre les bougies. Le Baron pesta. Dire qu'il ne se connaissait même pas assez son propre château pour s'y retrouver dans le noir...

Messages : 5 Date d'inscription : 19/02/2008

un rire, ou une plainte, ou un simple mugissement du vent résonna dans le couloir.

Le froid se posa comme deux mains fines sur la nuque de Théognis et un parfum de femme semblait émaner de ce courant d'air...

Ne voyant pas le visage de l'homme, l'apparition prit forme humaine, dans un halo translucide tel un rayon de lune.

Elle se pencha et souffla doucement sur les bougies, ce qui fit réapparaître la flamme...
Il la vit. Une jeune femme au port de tête noble, au visage doux et au corps gracieux. De longs cheveux roux, quelques taches de son sur sa peau si fine, transparente... Et ses yeux... Des yeux sombres, des yeux qui avaient trop aimé, trop pleuré...

Théo... Mon amour te revoilà enfin.... Théo... Mon Théodebald...

Le visage de la jeune femme, pris d'émoi, s'illumina d'une sombre tristesse et, alors qu'une larme perlait sur ses joues, elle disparut dans une bourrasque de vent, laissant le baron seul dans le couloir avec son chandelier allumé...

L'Eclat de Prométhée Messages : 607 Date d'inscription : 06/11/2007

La larme roula sur sa joue, et vint s'écraser sur le sol dans une large auréole humide. Théo eut à peine le temps de la contempler, que la femme s'enfonça dans les abysses, aussi vite qu'elle n'était apparut. Il la chercha du regard, en vain, les ténèbres recouvraient tout, sauf le maigre espace de lumière de son chandelier. Ses doigts crispés s'y tenaient comme un pilier de raison dans la démence qui venait de le saisir.
Fallait-il donc qu'il soit aussi influençable? L'histoire de ce garde, pour bien racontée qu'elle fut, n'était en aucun cas digne de vérité. Il fallait qu'il se reprenne...Tout cela n'était qu'un mauvais rêve, qu'il fallait analyser. Théo ne croyait pas aux fantômes, c'était contraire à l'honneur d'un noble, pensait-il. Bien entendu, il y avait Aristote, donc les démons, mais pourquoi à lui? Il n'avait rien fait. Il lui fallait donc disséquer en détail cet évenement.
Théodebald, dit "le Triste".....Pourquoi le nom de son aïeul avait-il été prononcé? Théo connaissait très vaguement son histoire tragique, veuf inconsolable, aigri au point de ne plus sortir de son château, une mort suspecte...Il réfléchit à mieux compulser les archives de la famille.
Mis à part cela, tout semblait sortir directement des arcanes de son imagination. Il contempla son chandelier: comment alors avait-il pu se rallumer? Surement un effet du vent, sur des mèches mal éteintes...Il n'y avait pas d'autre explication.
Et cette larme tombée au sol, étrangement réelle? Théo porta la lumière au niveau de l'auréole. Un effet de l'humidité ambiante, en toute probabilité. Cette bâtisse était plus difficile à chauffer qu'une chaumière en paille!
Ainsi faussement rassuré, Théo reprit sa marche dans le couloir, le chandelier à bout de bras, et la main sur son épée...