Pendant que les autres s'amusent ...

Quelques pas de féline dansante sur un sol rutilant. La jeune femme se sent bien, dans cette pièce qu'elle découvre. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait dansé de la sorte. La chanson raisonne dans sa tete, et l'entraine inlassablement. Et petit à petit, sa voix raisonne doucement dans la salle.

Ses deux amis sont restés au banquet, ce n'est pas plus mal. Venin collé à son Baron, et Frelon attiré à nouveau par un homme étrange. Haussement d'épaules, ce n'est pas le moment ... Pour le moment, elle se laisse simplement aller par ces paroles qu'elle fredonne doucement, sur la ligne de ses mouvements.

Grande fête au château il y a bien longtemps
Les belles et les beaux, nobliaux, noble sang
De tout le royaume on est venu dansant
Tournent les vies oh tournent les vies tournent et s'en vont
Tournent les vies oh Tournent les violons...

Grande fête aux rameaux et Manon a seize ans
Servante en ce château comme sa mère avant
Elle porte les plateaux lourds à ses mains d'enfant
Tournent les vies oh tournent les vies oh tournent et s'en vont
Tournent les vies oh Tournent les violons

Le bel uniforme, oh le beau lieutenant
Différent des hommes d'ici blonds et grands
Le sourire éclatant d'un prince charmant
Tournent les vies oh tournent les vies oh tournent et s'en vont
Tournent les vies oh Tournent les violons...

Redoublent la fête et les rires et les danses
Manon s'émerveille en remplissant les panses
Le bruit, les lumières, c'est lui qui s'avance
Tournent les vies oh tournent les vies oh tournent et s'en vont
Tournent les vies oh Tournent les violons...

En prenant son verre auprès d'elle il se penche
Lui glisse à l'oreille en lui frôlant la hanche
"Tu es bien jolie" dans un divin sourire
Tournent les vies oh tournent les vies oh tournent et s'en vont
Tournent les vies oh Tournent les violons...

Passent les années dures et grises à servir
Une vie de peine et si peu de plaisir
Mais ce trouble là brûle en ses souvenirs
Tournent les vies oh tournent les vies oh tournent et s'en vont
Tournent les vies oh Tournent les violons...

Elle y pense encore et encore et toujours
Les violons, le décor, et ses mots de velours
Son parfum, ses dents blanches, les
moindres détails
Tournent les vies oh tournent les vies oh tournent et s'en vont
Tournent les vies oh Tournent les violons...

Posté sur la fenetre, il regarde. Le Baron pense qu'il est mort. Hausse les épaules. Indifférence. Sourire. Se laisse tomber du rebord. Avance. Cléa cesse de danser. Regard. Sourire encore. Prend ses mains. Danse avec elle. Plus de paroles. Approche de son oreille. Souffle chaud.

Tu as gagné, ma belle. Je repars dès l'aube pour l'Angleterre. Je me demande pourtant comment ton Baron réagirait s'il apprenait que tu t'es offerte pour lui sauver la vie ?

Sourire. Excellent. Mauvais. Froid. Yeux brulant. Enfer. Chuchottements.

Tu danse toujours aussi bien ... J'ai hate que tu nous rejoignes, je commence à me lasser de la Reine. Et tu sais comment ça se finit, lorsque je me lasse ... Chut, ne dis rien. Je sais ce que tu penses.

Sourire. Encore. Manipulation. Pouvoir. Possession. Envie. Douleur. Meurtre. Haine.

Ce que je regrette, vois tu, c'est de ne pas avoir pu profiter de la jeune rouquine ...

Pas de réponse. Manque de temps. S'éloigne. Sourire. Clin d'oeil. Soupire. Silence. Vide. Larmes ...

Le voici repartit, comme il est venu ... Oui, elle ne sait que trop bien ce qu'il advient des femmes qui l'ennuient. La jeune femme souffle, c'est une bonne chose qu'il n'ai pas fréquenté de trop près la rouquine - comment s'appelle-t-elle déjà ? - mais la sueur sur son front la met mal à l'aise.

Elle sait qu'il retourne, il l'a promis, mais elle a un net mauvais pressentiment ... Il faudra qu'elle garde un œil sur le Baron ... pendant un mois encore. Après, elle pourra partir ...

D'un coup dégoutée de la piste de danse, elle s'assoit ou elle est, les jambes croisées. Elle ne dormira pas de toute façon. Alors autant réfléchir ... Comment a-t-on pu en arriver là ? Pourquoi le Serpent a-t-il décidé de mordre le Faucon ? Des larmes lourdes de sens perlent sur ses joues roses. Venir en France n'a apparemment pas fait que du bien ...

» Pendant ce temps, à Forcalquier....