Arrivera-t-il à destination ?

Citation :

Cléa,

Je ne sais si ce pigeon vous atteindra. J'ai entendu dire que vous étiez du coté d'Arquian. Aussi j'espère que ce pigeon vous offrira sa lettre.

Je me permets de vous joindre, depuis tant de temps, pour vous informer, hélas, d'une bien triste nouvelle : mon époux, William, est mort.

Je tenais à vous le dire, vous qui étiez fiancée à son fils. Il ne vous reprochait pas sa mort savez vous. Mais je me retrouve seule, maintenant. Il ne me laisse qu'un fils : William.

Je vous le demande à nouveau : revenez en Angleterre. Mettez vous à genoux devant la Reine, et implorez son pardon. Vous étiez de grandes amies, et je sais que le Roy pourrait mettre un terme à votre mise à prix, si vous faites preuve d'humilité.

J'ai besoin de vous à mes cotés, pour le petit frère de Lou.
Je sais ce qui vous attends en France, j'ai reçu la visite, avant son départ, du Duc de Somerset, Thomas, que vous connaissez. Il fera tout pour vous avoir, et il était le meilleur ami de Lou. Ce serait un bon partit pour vous ... Savez vous que, dès son retour, la Reine le nommera Comte de Cambridge ?

Mais je ne m'attarde pas. Je vous demande simplement de vous occuper de mon fils comme s'il était votre. Le votre et celui de Lou. Revenez nous ...

Je sais que vous restez en France contre votre gré, que ce Baron vous retient de force, par je ne sais quel sortilège de sorcier noir ! Vous devez vous battre contre lui, et retrouver votre dignité !!! Ne perdez pas espoir.

Je vous attends, ma jeune amie ...

Cécile de Neville, Comtesse de Rutland et de Cambridge, Duchesse d'Albemarle et d'York.

A l'arrivée du pigeon, la jeune femme plisse les yeux. Et tandis qu'elle lit la missive, son visage se ferme, laissant filtrer la colère à travers ses yeux noirs. C'est avec un effort surhumain qu'elle s'asseoit, tachant d'écrire le plus calmement possible sa réponse.

Citation :

Cécile,

La nouvelle que vous m'offrez m'attriste au plus haut point. Richard était un homme bon, et loin d'etre sot. Je sais qu'il était homme de confiance, et qu'il connaissait les raisons de la mort de son fils, et donc par conséquent, de celles de mon frère. Il était noble, fier, et courageux. Sans aucun doute, le Baron d'Arquian aurait apprécié de le rencontrer. Mais ce sont toujours les meilleurs qui s'en vont ...

Oui Thomas est bien ici, j'ai eu, malheureusement, le droit de croiser sa route. Il est obstiné, c'est certain. Et toujours aussi dangereux.

Je sais qu'il était le meilleur ami de Lou, mais ce n'est pas pour autant que je deviendrais sa femme. Car ... Lou n'avait pas d'égal ... Meme dans la mort.

Je ne sais ce que vous a raconté Thomas à propos du Baron, je ne me risquerai dont pas à le traiter de menteur sous vos yeux, et risquer de perdre ainsi cette amitié qui nous lie.

Sachez toutefois que je suis ici de ma propre volonté.

Moi, Cléa Von Stauffenberg, Colonelle de l'armée anglaise, fiancée de Lou Von Fire, Comte de Rutland et de Cambridge, Duc d'Albemarle, ancienne maitresse de Richard d'York, Comte de March, de Cambridge, d'Ulster, et troisième duc d'York, je ne m'abaisserai pas à m'agenouiller devant la Reine.

Certes nous avons été amies, mais ce temps est révolu. Le Roy n'enlèvera pas la mise à prix de ma tete. Et je ne peux revenir vers vous. J'ai juré allégeance au Baron.

Prenez bien soin de William. Qu'il devienne comme son frère ...

Cléa Von Stauffenberg, Comtesse de Staffordshire et Herefordshire, Duchesse de Gloucester, pupille de Richard d'York.

Citation :

Ma chère Cléa,

Votre missive m'attriste grandement, et en meme temps me rassure sur un point : vous ne devez pas etre vous meme pour parler ainsi de l'homme qui fut votre amant, si ma mémoire est bonne. Amant qui a dont repris les terres de mon époux, et est maintenant officiellement Comte de Cambridge.

Je me suis permise de montrer votre missive à la Reine, qui l'a plutot bien pris. Elle reconnait là votre main et votre caractère, et m'enjoint de vous dire ceci : Elle va discuter avec le Roy, et voir s'il est possible de mettre en oeuvre quelque chose pour venir vous chercher des griffes du Baron satanique. Pourquoi pas des prètres, aussi, pour l'exorciser. Vous également par la meme occasion.

Je m'arrete là, William réclame mon attention. Reprenez vous ma jeune amie, vous etes encore capable de vous plier à la volonté de vos Suzerins.

Cécile de Neville, Comtesse de Rutland, Duchesse d'Albemarle et d'York.

La jeune femme regarde le pigeon, songeuse. Plusieurs souvenirs taraudent son esprit. Certains anciens, d 'autres non.
Mais le souvenir qui fait el vide autour de lui, c'est bien celui du Bourgignon. Comment ose-t-il dire que les anglois n'ont aucun gout ? Si elle n'avait eu peur de l'air désaprobateur du Baron s'il avait apprit qu'elle les espionne, bien sur qu'elle lui aurait passé sa lame en travers de la gorge ! Mais passons.

Son attention se rapporte à la lettre. Elle se souvient bien du pigeon qui n'était pas pour elle, et cela la tracasse. Frelon, sur son épaule, miaule doucement. Si quelqu'un comprend ses sentiments, c 'est bien ce Fils des Enfers. Venin, lui, est couché à ses pieds. Il devient de plus en plus accro au Baron, réclamant toujours à corps et à cris des caresses de sa main ... expèrte ... La jeune femme secoue la tete. Et doucement, elle saisit une plume, sa main tremblant d'une rage contenue.

Citation :

Cécile,

Je ne sais ce qu'a pu vous racontrer Thomas. Je ne sais pas non plus à qui est destiné ce pigeon que vous avez envoyé, et qui pourtant était marqué à l'aile du sceau du Roy en personne.

Je voudrais simplement, par cette présente, mettre les choses au clair : J'ai juré allégeance au Baron d'Arquian. Je ne sais pourquoi je tiens tant à cet homme, mais moi seul décide vers qui je tourne ma lame. Faites en sorte que ce ne soit vers vous. Avec tout le respect que je dois à la mère de mon ancien fiancé ...

Je ne sais ce que vous manigancez, mais sachez une chose : je sais quérir de l'aide lorsque j'en ai besoin. Nombreux sont les anglais cachés en France, mélangés aux soldats de l'Etat Major, mêlés aux paysans et autres domestiques, couchés près des épouses infidèles, getant le moindre de mes caprices, la moindre parcelle de ma volonté. Si j'avais réellement besoin d'aide, ma vieille amie, cela fait longtemps qu'aucune ame ne vivrait plus au sein d'Arquian. Vous le savez aussi bien que moi.

Pour la dernière fois, vous ne toucherez pas au Baron. Je me suis opposée à la Reine, je le ferais sans hésiter à la Duchesse d'Albemarle.

Avec toute mon amitié,

Cléa.