Donjons et Dragons, la Saint Noël au Castel

[Acte IV - Le déclin de la nuit ]

Le spectacle lui était apparu comme l'aurore en plein coeur de la nuit. Les couleurs qui dépeignaient la voute céleste semblaient retomber sur le blanc immaculé des terres enneigées, mêlant leurs pigments évanescents à la pâleur diaphane qui baignait Arquian. La blonde semblait avoir bien calculé son coup, la chose était plutôt réussie, les visages s'animèrent de surprise et d'étonnement, partagés entre inquiétude et béatitude. Les prunelles ancrées au illuminations inhabituelles, Sadnezz resserra l'étreinte de sa cape sur elle. Frisson, difficile de rester impassible devant ce qui ressemblait à une pluie d'étoiles filantes défiant toute logique divine, ouvre humaine, beauté renversante .

Pour défier l'immobilité marmoréene qui commençait à la prendre sinueusement, elle frotta un peu le plat d"une poulaine sur le sol verglacé, lisse et froid. Le spectacle cessait déjà, et elle entra avant les autres, recouvrant la chaleur d'une bûche de la nativité qui continuait tranquillement de se consumer. Un jeune homme s'enquit de la soulager du poids de sa cape glacée mais elle le repoussa de la main, attrapant un broc de vin qu'elle porta instinctivement à ses lèvres. De longues gorgées achevèrent de la réchauffer rapidement, les entrailles revigorées, réveillées de l'anesthésie extérieure, elle retrouva des couleurs au pommettes.

Elle fit volte face, couvant du regard le petit attroupement encore dehors, de dos. Bientôt ils rentreraient, et viendraient s'attabler à nouveau, exploser les panses. Un à un elle les détailla, posant le broc au hasard de la tablée. La rousseur de la rusée, la carrure du géant , la posture maternelle d'isa, celle plus sensuelle de Kay, la crinière courte et blonde de l'inconnue, les gestes de Theo... et les autres. Un sentiment étrange l'envahit, cette soirée sonnait comme la fin de quelquechose, suivit d'un renouveau mysterieux. Partage entre douleur et plaisir. La route seerait encore longue pour les dragons...

La cape tournoya silencieusement, glissant, volubile vers la porte de la salle de banquet. Sans se retourner, chargée de leurs visages et de ses souvenirs, de ses craintes et de ses certitudes elle franchit le seuil les yeux au sol. Elle était bien cette nuit divine, elle était à la hauteur de ses attentes. Il fallait juste comme toujours savoir S'en aller. La nuit ouvrit ses bras à la Corleone, qui s'y engagea pour regagner sa garçonnière...

La tête dans une nuées d'étoiles..... Mais celles qui brillent dans les yeux d'Orion ont le reflet de celles qu'il tient serré contre lui. Jamais il n'avait vu pareille envolée de feu follets, comme celle d'un millier d'âmes rejoignant les cieux au bout de leurs petites flammes..... Il sourit, resserre instinctivement son bras atour d'Isa alors que son regard suit les lanternes qui disparaissent à l'horizon.

Dans l'obscurité, il sourit serein en fermant les yeux, ressentant la présence de sa famille qu'il tient dans se bras, et celle des Dragons qui l'entoure.... Petite moue imperceptible quand il en sent l'une où l'autre qui s'efface discrètement. Sans avoir à se retourner pour le vérifier de visu, il sait que la Belladone c'est éclipsée furtivement, de même que Kay..... Kay.... Quand elle est passée à quelques pas de lui, il a senti..... Quelque chose.... à vérifier.... En temps et en heures.....

Là..... ce qu'il ressent surtout, c'est, comme un vieux souvenir qui refait surface, une vieille histoire de celles qu'il garde au fond de lui, comme un trésor..... Et de sentir deux Dragons qui s'envolent pour retourner à leur sommeil la lui fait sentir comme plus présente, un peu comme si les lanternes avaient appelé le récit à se faire entendre, et que le départ de déjà deux Dragons montre qu'il est plus que temps..... Car c'est bien de cela que parle l'histoire.... du départ des dragons.......

Entrainant Cédalia et leurs enfants, Orion retourne calmement vers l'intérieur qui ne ressemble plus en rien à celui qu'il avait vu en arrivant, remerciant de la tête les valets à pied d'oeuvre pour récupérer les capes, prendre un bock de vin chaud et aller s'assoir à table, gardant Lileia toujours serrée contre lui.... Un moment il sirote souriant, attendant que la table se regarnisse de convive, le dessert débordant déjà avec suffisamment d'opulence......

Puis, se levant comme s'il voulait porter un toast, il reste ainsi debout un moment, le verre au bout d'un bras tendu en l'air, l'autre tenant toujours sa fille, attendant que silence se fasse.....

- Mes amis réunis, je vous propose de lever un verre......

Orion pouffe comme un gamin faisant une bonne blague pour qu'on le remarque.....

- Ça sonne bien hein? En vérité, on pourrait lever nos verres à tant de chose - à commencer par Lileia et Goran, ça va de soi - mais s'il faillait trinquer à toutes les bonnes raison, j'ai bien crainte qu'on doive en assécher tout ce que la Bourgogne compte comme vin, même si ce n'est pas mon préféré..... Bref, triquons pour le plaisir et tout le reste.....

Il boit quelques gorgées puis se racle à nouveau la gorge....

- En fait, plus je vous regarde, et plus le qualificatif de Dragon, que certains trouveront surement pompeux, semble au contraire approprié à mes yeux.... Une nouvelle génération de dragons, quand depuis des siècles ils ont disparu des cieux et des montagnes..... Bon, assez tergiversé, et j'arrête de jeter des fleurs.....

Souriant à l'assemblée, il reste un moment silencieux avant de reprendre...

- Sérieusement, c'est de ces dragons d'autrefois que je voudrais vous parler. Plutôt de pourquoi l'on n'en croise plus guère aujourd'hui. C'est une histoire qui parle de ce que signifie l'Espoir dans le sens le plus large qu'on pourrait lui donner..... C'est le récit de ce que j'aime à appeler la Graine de Folie.....

Après en avoir vu les fruits illuminer le ciel, si vous le voulez bien, je vous dirai comment et pourquoi elle fut plantée.....

Intendante d'Arquian Messages : 131 Date d'inscription : 03/10/2009

A la suite de tout le monde, elle était rentrée, marchant péniblement. Elle regagna sa place, calant son fils endormi contre elle, et sirota sa tasse de vin chaud, l'alcool chauffant ses veines, pulsant doucement autour de la fracture. Sans qu'elle n'ait vraiment mal, tant qu'elle ne bougeait pas.

Vint le temps des desserts, de baffrer encore. Elle se tassa dans sa chaise, évitant les regards des valets devant son assiette désespérément vide. Se concentrant plutôt sur l'apaisement que l'alcool apportait, sur la chaleur au creux de son ventre. Triturant nerveusement la lanière de cuir bleu à son poignet.

Elle écouta distraitement le discours de Gorbo, se méfiant du géant depuis quelque temps, depuis le jour où elle avait entrevu autre chose dans ses yeux, lorsqu'il avait pressé sur sa fracture toute fraîche pour l'empêcher de se lever.
Bientôt, viendrait le moment où il leur raconterait une histoire. Un histoire de dragon, pour ne pas changer. A ce moment là, il serait temps pour elle de s'éclipser. Marquant sa non appartenance au groupe de brigands.

En attendant, elle essayait de faire bonne figure, souriant poliment à qui lui adressait la parole, l'esprit déjà alangui de fatigue.

La voix dans sa tête avait fini par faire silence … mais pour combien de temps ?
La Fleur Noire préféra ne pas trop se poser cette question, depuis le temps elle devrait y être habituée pourtant … oui mais là … ce que lui demandait les esprits, ce prix à payer pour avoir aidé était trop pour elle cette fois … jamais elle ne leurs permettait cela, jamais elle n’initierait son propre enfant à devenir comme elle !!

Très lentement, une main posée sur l’écorce du tronc, la petite sorcière se releva … rejetant machinalement ses longs cheveux de la main, elle eut un regard vers la porte qu’elle venait de franchir … bien qu’il ne soit pas vraiment « là » en cet instant, elle pouvait sentir la présence de Surt …

Un soupir et elle détourne la tête … elle n’a qu’une envie, rentrer chez elle, retrouver le calme et la sérénité de sa tanière, loin du bruit, des gens …

( la suite du rp pour ma miss se déroulera dans sa tanière)

Le spectacle se termine... quelques applaudissements retentissent auxquels Isa se joint pour saluer la prestation de la blonde et de son bataillon. Toujours blottie contre le géant, Isa entre avec lui dans la salle qui a été remise à neuf et dont les tables croulent maintenant sous les desserts.

Alors que Gorbo s'installe et se lance dans un nouveau récit, la jeune mère cherche des yeux la mama italienne, crevant d'envie de lui poser son fils entre les bras. Mais la tantine disparait à l'instant , quittant la salle avec sa discrétion habituelle. Alors Isa fait signe à Madeleine, toujours fidèle au poste, veillant tel un garde pontifical, le costume bariolé en moins, sur le précieux cadeau posé depuis tout à l'heure sur une des tables non loin de feu le sapin.

Fière comme un paon, la jeune fille s'empare avec délicatesse du précieux gros colis et suivant les indications de sa "patronne", elle se dirige vers le baron et amorce une révérence... peu aristotélicienne. En se relevant, ses pieds s'emmêlent dans ses jupons et son précieux fardeau amorce un vol plané très réussi pour se terminer dans un atterrissage forcé sur les genoux de Théo.

L'Eclat de Prométhée Messages : 607 Date d'inscription : 06/11/2007

Surpris, il contemple le lourd paquet souple. Le rattrape avant qu'il ne glisse à terre.

Heureusement, ce n'est pas en verre!

Il rit, un peu bouffon en cette fin de nuit où ils ont bu et mangé en surcapacité. Vite, il déchire l'emballage et découvre le gambison en velours, d'un rouge foncé, fort seyant.
Mais à l'essayer? Le Baron se regarde. Des taches de vin ornent sa chemise de lin grossier. Du bon Beaumont qui tâche. Sans évoquer les belles trainées pâtissières qui zèbrent son torse et ses cuisses. Pas de fête digne de ce nom qui ne se termine pas en combats de gâteaux à la crème. La nourriture est sacrée, pas les desserts.
Déjà, le mantel de Sad est rangé dans une armoire de sa chambre. Mais il ne peut pas envoyer le gambison le rejoindre. Alors, en se levant, il se déshabille. Pas complètement! Torse nu. Par-dessus ses larges épaules, il enfile le gambison, sensation chaude et confortable.
Devant Isa, il tourne sur lui-même. Prend la pose. Roule des muscles. Admire l'horizon. Danse. Manque de se casser la figure dans le brasier. Se rattrape....au tablier de la Vieille.
Dangereux. Il ôte vite sa main, comme s'il craignait l'amputation sur l'instant. Sourire de connivence: loupé. Sourire de Baron: grommellements. Bon, Théo s'en contentera.

Sans se soucier davantage du quintal de graisse, il se dirige vers Isa, et s'incline devant elle. Il est un peu ivre, ne l'oublions pas.

Isa, jeune mère de deux petites merveilles, me voilà tout honteux devant vous. Vous m'offrez ce magnifique gambison, et moi, ignorant de Noël, je n'ai rien à vous donner. Aussi, vous êtes libre de me punir, je suis à votre disposition.