Une escapade à la brune

Deux silhouettes se profilèrent dans la quiétude d' un grand terrain plan, sur les terres d'Arquian. L'astre nocturne, dans toute sa rondeur baignait d'une lumière douceâtre l'espace parfaitement dégagé des lieux. La monture qu'elles se partageaient avait abandonné sa cavalcade soutenue aux portes de la baronnie, l'encolure écumeuse et la langue vaguement pendante pour adopter le pas tranquille du retour au bercail. Les sabots silencieux, comme glissant presque sur l'épais tapis de verdure, progressaient confiants dans la pénombre. Sadnezz jeta un bref coup d'oeil aux alentours désertés, s'assurant qu'elle était en tête à tête avec son passager.

Sautant à terre, elle accueilli le sol tanguant un peu, les jambes engourdies par le voyage à bâton rompu depuis la Touraine. Un coup de tête, ou pas. Le petit rendez vous nocturne avait été déjà entreprit par le passé, et finalement c'était ce soir et maintenant qu'ils avaient décidé de jouer. Ses cheveux écourtés depuis peu n'étaient caressés par aucune brise mais elle frissonna, surprise par la fraicheur sèche du moment, si différente de celle qui les avait menés là. Se retournant vers lui elle murmura tout bas quelques mots qui dans le silence ambiant furent parfaitement audible.

Nous y voilà. Tu verras, le terrain est parfait et ici personne ne viendra nous déranger. Bienvenue à Arquian Kaeronn.

Désignant la découpe d'un castel au loin sur les pourtours de la lune et quelques grands espaces qui s'offraient à leur vue, elle sourit un peu en ne précisant pas que ce n'était là qu'un vague aperçu de l'endroit. Celui-ci lui avait paru idéal, et quand bien même le trajet fait à la brune ne fut pas de tout repos, elle avait pensé que la petite escapade lui changerait de sa solitude de la veille, bien trop près des terres maudites Angevines. Théognis appréciait Kaeronn, elle savait qu'elle aurait eu sa bénédiction pour le faire pénétrer chez lui, plus précisément au coeur d'un des lieux d'entrainement des Dragons.

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Il n'avait cessé de regarder autour de lui pendant les derniers instant de la chevauchée. Celle-ci n'avait pas été désagréable, même si Kaeronn n'aimait pas particulièrement être passager. Devoir se serrer contre Sad pour ne pas tomber avait été la compensation. Dans la vie, on ne peut pas tout avoir.

Le tonnerrois profitait en tout cas du fait de s'échapper un peu de Chinon. Pas de doute, depuis le temps qu'il s'était installé dans cette ville, il avait eu le temps de bailler, de remarquer à quel point la plupart des habitants de cette ville étaient aussi ennuyeux qu'un âne devant une rivière à traverser. Sans compter que les escapades nocturnes, il essayait d'éviter. Avec les aubergistes en bas, on ne savait jamais. Lily était bien capable de descendre en pleine nuit apporter une couverture oubliée dans la journée. Il ricana légèrement. Pathétique. Mais bientôt, c'est lui qui rigolerait sous cape.

En attendant, elle le menait dans un endroit nommé Arquian, d'après ses dires. Il n'en n'avait jamais entendu parler, et comme souvent, son instinct repérait les lieux dés son arrivé. Mais de nuit, il ne put voir grand chose. Il soupçonnait la cavalière de ne pas vouloir également lui en montrer plus. Mais après tout, il s'en fichait pour l'instant. Profiter de la nuit, ressortir arc et épée, depuis trop longtemps silencieux. Ses yeux fixèrent ceux de Sad une fois descendu de cheval. Un sourire perça sur son visage.

Merci Sad. Le terrain a l'air bon pour s'entrainer effectivement.

Il dégagea son arc de son épaule, le posa dans l'herbe avant de faire suivre le même chemin au carquois rempli de flêches.

C'est bon de retrouver la nature. Je n'en peux plus de Chinon.

Kaeronn sauta à terre et se para d'un beau sourire dont il semblait être de plus en plus coutumier au fur et à mesure qu'ils passaient du temps ensemble.

Merci Sad. Le terrain a l'air bon pour s'entrainer effectivement.

Il déposa les armes, l'image amusa la brune, distraite par des pensées innatendues. Sadnezz retourna sur ses pas pour décharger une sacoche, solidement liée à la selle de son cheval. Ses mains délivrèrent un petit fléau, tendrement surnomé Caresse, qu'elle apprenait à manier à ses heures perdues. S'en suivit des gants de cuir qu'elle enfila et ajusta autour de ses poignets. Son arc à dos et la taille ceinte de sa lame, on aurait pu la croire perdue, éloignée des rangs d'une guerre de province... Ses yeux commençaient à s'habituer à la faible luminosité et son corps au froid ambiant.

Et pas que. Il a aussi la chanson.

C'est bon de retrouver la nature. Je n'en peux plus de Chinon.

Les mains cuirassées laissèrent tomber le goupillon pres de l'arc de Kaeronn, et s'entrechoquèrent en un geste sec, pour se rechauffer un peu. Sadnezz détailla son hôte, qui n'avait pas de bouclier. Opinant du chef, elle rétorqua:

Franchement, j'en suis lasse pour moins que toi, j'ai hâte que cela soit terminé. *Petit regard en coin avant de reprendre , le geste accompagnant la parole * Je te laisse le choix des armes, je pense qu'un petit duel nous réchauffera, puis j'ai hâte de voir ce que tu vaux.

Sa dernière phrase n'était que provocation, même si amicale. Selon ses gouts et préférences, elle saurait par avance sur quel pied danser, et tenterait de se mettre à la hauteur. Regard posé sur une tour lointaine, la Corleone eut un tic nerveux. Pourvu qu'ils ne réveillassent pas certains esprits ... Ce n'était ni le lieu ni le moment.

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Il sentit son regard le contemplait. Son bras gauche en particulier. Il le leva légèrement, haussant les sourcils, se demandant ce que celui-ci avait. Rien pourtant, juste le tissu du mantel vert sombre, qui ne se distinguait pas très bien dans la nuit. En y pensant... Kaeronn dénoua les liens de son mantel pour le laisser tomber d'ailleurs lui, révélant dessous une robe d'un rouge sang.

Sans cela, je ne sais pas si tu peux bien me voir.

Il avait choisi la couleur de son mantel et de sa cape pour pouvoir disparaitre plus facilement dans l'ombre et les bois. Il se garda bien de lui dire cependant, même si elle l'avait sans doute deviné.

Le choix des armes... intéressant...

Point fort incontesté et incontestable de Kaeronn: l'arc. Il ne savait pas du tout en revanche si c'était le cas pour Sad, et il préféra attendre pour vérifier cela. Tirer à l'arc avant un combat, ou après, ne requérait pas la même concentration. Le tonnerrois de coeur regarda alors Sad en souriant légèrement, puis en tournant légèrement autour d'elle, tâtant le terrain de ses bottes. Il posa alors une main sur le pommeau de son épée.

Et bien... Je crois que l'épée semble toute indiquée pour nous mesurer l'un à l'autre ici. Jusqu'au premier sang?

Nouveau sourire. Comment pouvait on s'entrainer et se battre réellement sans motivation? Un pari... Ils en avaient déjà fais un. Serait ce suffisant? Combattre jusqu'au premier sang permettait aux Hommes de... combattre tout simplement, et non d'essayer d'éviter l'autre.

Kaeronn recula alors de deux pas mesurés puis, toujours souriant, dégaina d'un geste fluide et rapide son épée. Quelques mouvements d'épaules et de poignets, faisant tournoyer la lame devant lui. Puis l'homme se plante dans l'herbe, jambes fléchies. La lame est devant lui, à hauteur de ses yeux.

Prête?

Sans cela, je ne sais pas si tu peux bien me voir.

Le rouge qu'il lui dévoila accrocha au regard de Sad un instant. La lune lui donna l'impression d'un pourpre profond, tres sombre. Rouge, quelle couleur adorée.. Il sera dur d'abimer si belle oeuvre, étoffe si bien taillée aux éclats si... Rouges. Pupilles dilatées, nouveau murmure.

Mhhh... Je te vois.. Je te vois mieux qu'il ne faudrait même.

Il lui tournait autour à présent, et la brune n'aimait pas vraiment ça. Se tordant presque le cou pour ne pas le perdre du vue. Peut-être essayait-il de l'intimider..

Le choix des armes... intéressant...Et bien... Je crois que l'épée semble toute indiquée pour nous mesurer l'un à l'autre ici. Jusqu'au premier sang?

Elle acquiesça , croyant presque pouvoir ressentir le souffle de Kaeronn sur son visage, alors qu'il cessait sa ronde animale. Le premier sang avait-il dit... Cela lui convenait. En un mouvement habile, elle délogea l'arc de son dos et le jeta à terre non loin. Bloody allait revivre d'un nouveau baptême ce soir, l'idée était très excitante mais aussi très présomptueuse. Regard au mâle qui s'était posé en garde, vague sourire, réel premier de la soirée et certainement pas le dernier.

Amen.

Prête?

Délogeant son épée du fourreau, deux main de cuir se nouèrent sur son pommeau, doigts enchevetré jusqu'à la garde, simple et sans grand travail d'ornement. l'épée de Sad se présentait de lame large et droite à double tranchant, avec une extrémité effilée, et une hampe plutôt fine. Les mauvaises langues disaient que combattre à deux mains était d'un style brutal et lent, la Corleone préférait cette technique à toute autre, et comptait bien démentir le tout ce soir. Pour obtenir une plus grande précision, elle ne tenait pas son épée comme un simple marteau, mais passait l'index au delà de la garde et le repliait.

prête.

Elle prit la garde du fou, et après un bref instant à observer son ami, lança les jeux, attaquant avant. Heurtant l'arme adverse avec sa propre lame pour l'écarter, elle offrit une estocade à Kaeronn.

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Et voila qu'après un court instant d'observation, elle attaque. Attaque cependant très prévisible. N'importe quel bon combattant commencerait par un simple coup d'estoc afin d'éprouver les forces de son adversaire. Un bon moyen de voir également si celui-ci sait se battre. Kaeronn s'y attendait donc un peu, et quand la lame heurta la sienne, il se contenta de suivre le mouvement de son arme en tournant légèrement sur lui même, laissant passer Sad et son épée juste à côté de lui.

Faudra faire mieux.

Petit sourire alors que les voila de nouveau face à face. Cette fois, il ne l'attend pas, et levant son épée à hauteur de poitrine, frappa violemment en avançant d'un pas l'arme adverse, pour la plaquer contre la poitrine de la jeune femme. De nouveau il effectue un mouvement de rotation, rapidement, pour tenter de lui porter un coup à la hanche. Il ne retient pas son coup, il sait qu'elle le parera. Elle le doit, il s'en voudrait de lui perforer la hanche.

Jusqu'au premier sang... cela serait peut être long contre une redoutable combattante comme Sad. Il avait heureusement plusieurs bottes secrètes dans sa panoplie, et il saurait bien les placer au bon moment. En attendant, une seule chose importait: trouver le point faible de son adversaire, et ne pas qu'elle découvre le sien. Une fois la faiblesse de l'adversaire à sa portée, il pourrait donner libre cours à ses attaques par enchainement.

Les lames se croisent avec fracas. Elle a facilement évité son coup à la hanche, et d'un mouvement fluide des poignets, le tonnerrois fait riper sa lame contre la sienne avant de reculer d'un pas, pour prévenir toute contre attaque.

Une hanche hachée évitée de justesse et l'oeil Corleonesque s'enflamme d'un éclat pétillant. Les voilà entrés en guerre, dans les tintements métalliques des lames qui se défient, se cherchent et se heurtent. Déjà l'adrénaline ou simplement le plaisir du jeu laisse se réchauffer les corps et s'échauffer les esprits. Sans bouclier, le combat à l'épée longue est aussi plaisant que dangereux, et c'est très certainement ce qui donne tout son attrait à la petite rixe nocturne. La parade au ricasso le laisse néanmoins libre de ses mouvements, le voilà qui déjà recule d'un pas, craignant peut être un petit coup vicieux dont elle aime user... Et il a bien fait, sans quoi elle aurait réussi à bloquer son arme à la sienne.

L'une des règles essentielles est de maîtriser sa posture au combat : n'être ni statique, ni raide, garder son équilibre et connaître sa rapidité de mouvement. Aussi la voilà qui se dérobe plus que lui encore, avant de revenir en attaque, pendante cette fois. Bloody effleure le visage de Kaeronn, manquant de lui entailler la joue. Il la provoque, elle s'en délecte.

Refusant d'en rester là, son épée vient s'abattre sur sa jumelle maintenant une pression constante sur la lame adverse de façon à entraver le blond. Regard acide, elle les immobilise tout deux quelques secondes et lui mande, l'oreille tendue vers le Castel:

Chuuuuut... Tu entends???

Sa pression n'est relâchée qu'au moment de délivrer la touche. Se rapprocher de lui lui permet de le frapper sous l'oeil avec le pommeau sans encore chercher à l'agripper pour le désarmer. Avec les gants, elle aurait pu tenter, mais ce ne serait pas amusant d'en finir aussi vite, grâce à un coup sans lame. Elle se fige à quelques pas , aux aguets, sans le lâcher des yeux. Tout est silencieux désormais...

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L'épée file à nouveau droit sur lui, droit sur son visage. Kaeronn part le coup sans difficulté, déviant légèrement la lame adversaire du plat de la sienne. Elle passe cependant juste à côté du visage, l'œil suivant presque au ralenti le fil tranchant de l'arme. Il avait quand même eu chaud, plus qu'il ne l'aurait cru! Une grave erreur aurait dis Jabor. Toujours s'attendre au pire. Il fallait être sur de sa force, mais pas trop non plus.

Elle n'attend pas. Elle ne souffle pas. Aussitôt a-t-elle porté une attaque qu'une suivante déferle contre lui. Kaeronn pare à nouveau, mais peste en souriant intérieurement. La bougre est rapide, et il n'a pas le temps de taper. La meilleure défense n'est elle pas l'attaque après tout? Concentré, il puise dans ses forces pour empêcher Sad de prendre un avantage irrattrapable. Les épées bougent lentement l'une contre l'autre, aucune ne réussissant vraiment à repousser l'autre. L'œil du tonnerrois est brillant alors qu'il regarde la combattante. Il lève cependant un sourcil, interrogateur, quand celle-ci se penche légèrement pour lui souffler à l'oreille. Kaeronn lève à demi le regard vers la bâtisse qu'il devine derrière lui, mais n'ose lâcher des yeux Sad, de peur que cela ne soit une ruse pour l'avoir. Après tout, la ruse fait partie du combat, et il avait déjà pu se sortir de situations où son adversaire était le plus fort en le déstabilisant.

Non. Je n'ai rien entendu.

Au même instant, le pommeau de l'épée de la jeune femme vint droit sur son œil. Et même si Kaeronn restait sur le qui-vive, il ne fut pas assez rapide pour empêcher le cuir entourant l'acier de frapper sa paupière gauche. Il recula vivement pour se mettre hors de portée, alors qu'il cligne de l'œil sans faire exprès. Rapidement, la peau gonfle, et le voila voyant -d'un oeil et demi- pensa-t-il, amusé et en même temps furieux de s'être fait avoir aussi facilement.

Sad n'en avait pas profité pour continuer son attaque, et elle se contentait maintenant de l'observer, savourant sans doute son joli coup d'épée. Kaeronn lui fit une petite grimace, avant de tourner autour d'elle lentement, cherchant la faille. Il savait déjà ce qu'il tenterait, où et surtout comment. Faire ce que les humains savaient faire de mieux, et ce pourquoi ils avaient été inventés: se débrouiller.

Il chargea alors d'un seul coup, et balança un grand coup d'épée sur celle de Sad, y mettant toute sa puissance. Mais pour contrer la jeune femme qui essaierait peut être d'esquiver le coup en bougeant son corps, Kaeronn fit pivoter son bassin pour lancer son épaule droite en avant, prête à bousculer Sad pour l'envoyer à terre.

La petite manigance ne lui avait pas plu, pourtant elle n'en avait pas fini avec lui, dans le genre agaçante. A peine le calme revenu, il lui fonçait déjà dessus, posture de brute fonçant dans le tas. Sad laissa échapper un glapissement surpris et ne sut trop que faire tant la manoeuvre était inattendue... Se tassant sur elle même, elle fléchit les genoux alors qu'il n'était qu'à quelques pouces d'elle, sa Bloody raclant le sol, pour le faire trébucher en essayant maladroitement de saisir ses jambes. Le résultat ne fût pas à la hauteur d'un combat courtois digne de ce nom, et sembla pendant quelques seconde se transformer en lutte romaine... Des grognements bestiaux se bousculèrent dans sa gorge alors qu'elle se relevait avec difficulté derrière Kaeronn, récupérant son épée au passage.

C'était laid, dangereux, cavalier, mais efficace. Se désarmer ainsi, même le temps d'un soupir était très mauvais , elle le savait. Sur son front commençaient à perler quelques traces de leurs efforts, et sa nuque chaude et transpirante accueillit l'air frais en lui arrachant un frisson. Reculant un peu pour laisser son ami se relever, elle le toisa et ricana en sifflant entre ses dents la réplique à son "non je n'ai rien entendu":

C'est la brise de ma victoire... Elle souffle dans les arbres et caresse ton visage... Ne la sens-tu pas?

Elle remit une mèche derrière son oreille et sitôt qu'il se fut relevé, ne lui laissa pas une seconde de répit, se remettant en jeu avec hargne . Le pourtour de son oeil commençait à prendre une vilaine teinte bleutée, et Sad secoua la tête dans une moue désapprobatrice. Il devait quand même avoir mal... Quelle petite garce, frapper là ou c'est sensible ça ne se faisait pas... La Belladona abattit sa lame sur le fil de sa voisine, se délectant du fracas des armes et leur musique métallique qui dérangeait le chant des hiboux.

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La maligne. Avait elle anticipé son coup d'épaule? Toujours est il qu'elle se déroba par en bas, la ou Kaeronn ne l'attendait pas. A la vitesse où il était, il pouvait difficilement l'éviter. Aussi continua t il sa course sans donner de coup d'épée dans le vent. Il put se préparer à se recevoir sur le sol, et il effectua une petite roulade avant dés que Sad lui lâcha les jambes. Le pommeau resta dans sa main. Ce qui lui permit de se relever rapidement pour voir que la jeune femme avait fait de même.

La brise de la victoire?

Kaeronn regarde en l'air, sourire moqueur aux lèvres, et pose sa main non armée sur sa hanche, dans une attitude provocatrice et ridicule.

Ma foi, je ne ressens qu'un calme plat, que tu n'arriveras à briser pour rien au monde! Et c'est bien pour cela que je vais gagner.

Il cligna de l'œil, pensant qu'il avait eu une bonne idée de naître droitier. Il aurait plus handicapé si son autre œil avait été touché. Sans compter que Sad attaqua dés lors avec vigueur. Elle avait raison de profiter de ce petit avantage. Parade à la hanche gauche, puis au centre. Feinte vers ses jambes, sa cuisse, avant de remonter l'épée pour contrer la pointe qui fuse sur son visage. Le combat se fait plus acharné, plus violent. Bien malin celui qui saura désigner un vainqueur à ce stade.

Il fallait tenter de reprendre l'avantage, de quelque moyen que ce soit, surtout après son échec de la dernière passe d'arme. Savoir se battre, ce n'est pas seulement manier l'épée. Sad l'avait montré, et Kaeronn n'avait pas été assez rapide. A lui cette fois ci de montrer qu'il était à la hauteur du talent de la combattante. Un coup d'épée à droite, et il balance un coup de pieds pour tenter de toucher son tibia... Dangereux, mais généralement imprévisible, surtout quand l'on est concentré sur sa lame...

Le pied vient la mettre en difficulté, le tibia étant terriblement sensible frappé en plein sur le coté front. Il ne l'a pas ratée, et trop concentrée sur le coup haut, elle n'en a pas vu venir le coup bas. Elle riposte du fil, parant sa dextre et entaillant de la même façon l'étoffe délicieusement rouge de sa robe , mais plie genoux face à l'impact osseuse... décidément, les coups qui les mettent en mauvaise postures sont toujours ceux qui ne viennent pas du fer. Elle grimace, étouffant un soupir de douleur, main posée sur l'endroit visé. Sad se traine, mais à quoi bon, elle écope de quelques longues seconde d'immobilisation pour l'avantage de son ami, qui lui ne la ratera surement pas.

Humpf...

Ses yeux lancent des éclairs et sa main libre déjà se pose sur son corset. Les doigts tremblent sur une pique de métal épais, servant à tenir les lacets serrés sur ses seins , occasionnellement utilisée pour jouer au lancer... L'extrémité enfouie est affutée, alors que sa vue générale au premier regard est inoffensive. Elle stoppe son geste, réfrène ses pulsions. Allons Sad... C'est un jeu. Il ne faudrait pas se laisser gagner par des envies moins conventionnelles qu'exigées. Jouer au lancer sur Kaeronn, oublie ça; c'est pour jouer. Le combat est à l'épée, pas de bassesses.

Elle presse le pommeau de son épée, rassemblant au plus vite ses idées, dans un visage froid à l'expression désarmante.

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Waouh! C'est que le coup de pied avait réussi, au delà des espérances de Kaeronn. Sad n'avait pas assez prêté attention à son jeu de jambes, et le tonnerrois s'en sortait bien, il fallait le dire. Voila que la jeune femme, après avoir failli l'entailler, pliait genoux pour porter une main sur son tibia. Il n'y avait pas été mollo, et le pied chaussé de sa botte pouvait faire des dégâts.

Il porta un regard lentement à sa robe, où apparaissait à présent une petite entaille. Bon sang, un beau mantel comme celui-ci... Il secoua légèrement la tête, semblant penser que Sad allait passer un sale quart d'heure à présent. Elle essaye de s'éloigner, à quatre-pattes. Kaeronn réduit à chaque fois la distance entre eux à lentes enjambées, l'épée toujours à la main. Ses sourcils se froncent légèrement, ses yeux se plissent alors qu'il la voit porter la main à son corset. Veut elle le surprendre ou feinter désespérément en lui montrant ses seins? Il n'y croit guère, et sa formation d'assassin ne peut qu'envisager une arme cachée. Il s'immobilise au dessus d'elle, prêt à bondir en arrière au moindre geste de Sad.

Mais la voila qui raffermit sa prise sur le pommeau de son arme. Elle veut encore se battre. Jusqu'au bout. Kaeronn cligne légèrement de son œil blessé. Il pourrait facilement dégager l'arme de son adversaire et lui entailler le poignet, la cuisse ou encore la cheville s'il le voulait. Mais il répugnait maintenant, dans un duel comme celui-ci, à gagner de cette façon. L'honneur, la pitié, tout cela était pourtant inconnu de Kaeronn. Trop d'horreurs dans sa vie pour s'arrêter à des mots pareils, ne reflétant que sentiments de faiblesse pour lui. Celui qui se faisait égorger par derrière était mort, un point c'est tout. Celui qui tuait son adversaire de devant pouvait sortir victorieux, une jambe en moins. Entre les deux, le premier était beaucoup plus intelligent que le deuxième pour Kaeronn.

Il recula alors d'un pas, le visage aussi dénué d'expression que celui de son adversaire. Impossible de deviner ses pensées à cet instant précis. Il avait souvent combattu Mathler et Khroulyr pour s'entrainer. Et le premier n'offrait qu'un visage fermé. Il y était donc habitué. Sans compter les nombreuses batailles aux côtés de son ami Jabor. Le guerrier était aussi expressif qu'une pierre. Seule Khroulyr exprimait toute sa rage dans un combat. Une rage qu'elle avait appris à canaliser au fur et à mesure. Rage qui lui apportait avantages comme défauts.

Le tonnerrois regarda Sad se relever, puis attendant qu'elle tienne sur ses deux jambes, se relança à l'attaque. Il l'aurait. Il frappe de toutes ses forces sur l'arme adverse, se mouvant avec rapidité pour qu'elle ne puisse anticiper ses coups. Il essaye de laisser filer sa lame le long de son bras, puis prés de sa cuisse, pour retourner vers son coude. Les coups pleuvent, les parades aussi. Il pense utiliser un nouveau coup de pied, avant de se rétracter. Trop dangereux, elle ne se laissera pas avoir deux fois de suite. Il tente alors de bloquer son épée avec la sienne, et saisissant son poignet libre du sien, saute sur elle pour la faire tomber à terre.

Il la laisse se relever, à son grand étonnement. Kaeronn aurait pu en profiter mais non, il la suit de pres, sans frapper. Elle se redresse. Sad ne laisse cependant pas le sentiment s'éterniser, parant déja quelques coups francs, peut-être un peu forts même. Elle danse presque, la douleur n'étant qu'un vague souvenir , trop hypnotisée par la véhémence de cette nouvelle façon de jouter, comme pour lui rappeler que oui, elle n'est qu'une femme et que leurs forces sont inégales à contrario de leur envie de gagner le jeu. Elle se mord la langue et son visage passe du serieux au presque rire lorsqu'il rate des attaques, dans un défilé versatile. sa main effleure parfois la sienne, mais elle n'y prête que peu d'attention, jusqu'à ce qu'il la saisisse, sans appel.

Il se rue sur elle, bloquant son arme et elle suit comme un pantin desarticulé que les lois de la gravité ne peuvent aider. Elle s'agrippe à lui, l'entraine dans sa chute. Si je tombe, tu tombes aussi. Les corps s'ecrasent lourdement et sourdement sur l'herbe humide, et elle pince sa chair avec vice avant que de n'étouffer un cri de frayeur. Sa tête brune est tombée juste, à quelques pouces des boucles sombres gît le petit fléau, sagement posé là depuis le début du combat. Moins une pour faire de son minois un tableau d'épouvante, "caressé" par le metal froid et dentelé... Mais par chance elle n'est pas tombée dessus. Se blesser avec sa propre arme aurait été un comble. Le poid de son adversaire la fait souffrir, et deja sa respiration se fait haletante, ses yeux furibonds.

Amateur!

Belladone, capable du pire comme du meilleur; et dans le pire elle est la meilleure. Elle le mord au cou, comme une sauvageonne, épargnant cependant sagement la jugulaire où pulse le sang chaud du blond . Apres tout, à la tournure qu'à pris le combat, le corps à corps n'est même plus surprenant. Nouvelle montée d'adrenaline. Tous les coups sont permis.

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Il bascule sur Sad, exactement comme il le souhaitait. Il n'est pas grand, mais son poids n'est pas le même que celui de la femme. Et il arrive sans trop de difficultés à la coincer sous lui, son bras tendu arrêtant l'épée. Il joue de point fort, la force. Depuis qu'il s'est lancé dans ce voyage entre Marseille et Ste Ménéhould, il avait acquis une résistance à toute épreuve, et les nombreuses épreuves physiques qu'il avait enduré avaient décuplé sa force et sa résistance.

Le combat au corps à corps, à l'arraché. L'une de ses spécialités. Il se souvient du dernier, à Valence, où il avait réussi de justesse à taper violemment la tête de son agresseur contre le mur. Le deuxième garde avait vomi ses tripes sous le coup de poignard. Lui s'en était sorti indemne. Coup de chance, associé à sa qualité de combattant. Cela ne se jouait pas à grand chose ces luttes la. Généralement pour en arriver à ce stade, les combattants étaient de même force. Ce qui semblait arriver maintenant entre lui et la femme.

Elle le tance. Il ne réplique pas, occupé à l'empêcher de bouger. La provocation, il y répond souvent, mais la il sait que cela serait une erreur de sa part. Sadnezz savait très bien qu'un amateur serait déjà sous elle, un poignard sous la gorge. En parlant de poignard... Kaeronn tend brusquement une main vers son dos, pour saisir le sien. Son adversaire bouge un peu, et soudainement le mord au cou. Le tonnerrois clapit, et dans un réflexe incontrôlé, donne un coup de tête de gauche à droite, pour faire lâche prise à son assaillante. Sa main ramène d'un geste fluide le poignard, et il tente d'effleurer son bras, juste de quoi faire perler le sang le long de son bras...

Sad relâche la pression de ses mâchoires sur la gorge chaude de son ami, rentrant les crocs avec difficulté... Son gout du jeu au paroxysme, un seul objectif: triompher. Faire mal plus que de raison est tentant, voir obsédant. Son champs de vision lui offre la vue d'un poignard inattendu, l'image la ramène au jeu dangereux. La fine lame se rapproche dangereusement du tissus de son bras, et dans leur position l'issue semble inéluctable... La brune ne fait pas le poids contre Kaeronn, bien trop svelte pour être en position... de force.

Les femmes sont vicieuses c'est un fait. Sadnezz n'échappe pas à la règle. L'humidité du sol commence a envelopper son dos, sensation désagréable. Il lui faut se tirer de là, qu'importe le moyen à utiliser... Prenant une grande inspiration, elle se contorsionne soudainement sous lui en grondant sa hargne, comme une épileptique en crise. Le haut de sa cuisse s'immisce entre les jambes masculines et dans un sursaut convulsé, heurte de toute ses forces les attributs de Kaeronn. Vile manoeuvre... Mais qui en vaut la chandelle. Elle se dégage de la pression de son corps et se redresse en prenant appui sur son épée.

Elle trébuche, manque de glisser sur l'herbe et jure. Son souffle est court désormais, son coeur frappe dans sa poitrine comme jamais, des volutes de buée s'échappent de ses lèvres, il fait froid. Sous ses vêtement pourtant, elle brûle et se consume, attisée par la promesse d'une victoire imminente. Poussant le vice plus loin encore, elle s'élance sur lui, pour le frapper aux jambes avec son pommeau cuirassé, mains gantées sur le fil de sa lame. Sans pitié, elle se veut reine sans être à l'ombre du roi, faire la belle sans dormir au bois, quitte à s'acharner.

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Son coup de tête frôle la sienne. Elle lâche prise, elle a compris qu'il avait le dessus. Mais cela aurait été étonnant de ne pas la voir réagir plus que cela, tout faire pour ne pas perdre. Chacun possède son égo, les femmes tout autant que les hommes. La lame aiguisée du poignard se rapproche petit à petit du bras tendu. Une goutte de sueur perle sur le front de Kaeronn, dégoulinant le long de ses sourcils pour glisser sur sa joue, et finir par tomber. Elle éclate doucement sur le tissu recouvrant la poitrine de la jeune femme.

Il y est presque, et... Il grogna. C'est qu'elle se mettait à gigoter de plus belle. Elle allait avoir sa tunique toute tachée, massacrée par la terre contre laquelle elle se frottait. La lame se rapprochait, s'éloignait. Un miracle qu'elle ne touche pas son bras pour l'instant. L'homme se contentait à présent d'orienter l'arme pour toucher le bras de Sadnezz. Sa force faisait le reste, empêchant la combattante de s'échapper.

Outch!

Voila qu'une jambe traitresse et malicieuse à souhait venait de frapper fortement ses parties intimes, et sous la surprise et la vive douleur du moment, lui de ne pouvoir retenir Sad qui se redresse un peu plus loin. Il a mal, mais la douleur, il ne connait que trop bien. La résistance, la puissance, tout cela faisait sa force. Il fallait qu'il en profite. Il se relève, presque, serrant les dents, tentant de ne pas faire attention aux cris de protestations et de douleur que son cerveau lui envoie.

La fatigue, le froid n'aident cependant pas. Sad n'a pas l'air dans un meilleur état d'ailleurs. Mais la voila qui fonce à nouveau sur lui. Bon sang, le combat n'en finirait donc jamais! Et à peine relevé, ses jambes légèrement flageolantes se voient prises pour cible. L'épée dans sa main droite, le poignard dans la gauche, il pousse un cri pour annihiler sa douleur.

AAAAAAAAAAHHHHH!!!!!

Il sursauterait presque lui même sous la puissance de son beuglement, dans cette nuit froide sans autre tourment que le vent. Il arrive encore à sauter sur son côté gauche pour tenter d'éviter l'épée adverse, tape de la sienne à terre pour parer, et lance son bras gauche en avant, la lame de son poignard fusant sur le bras droit adverse, désarmé. Viser le bras, simplement le bras... Que le bras, pas la poitrine... Juste un jeu... Juste l'érafler... Le premier sang...

Il a mal, elle exulte. Mais...

Une deux trois gouttes carmines... Et le rideau tombe. La hargne contre la patience, le défi prend fin à la première giclée, glaciale , amicale... Il a réussi à l'avoir à l'usure, et déjà les yeux de Sadnezz perdent de leur éclat. Fixant l'entaille de son bras, elle ne recule même pas, se laissant hypnotiser par la belle couleur dont la nuit avale le sublime. Assimilation de la défaite, visage défait de déception. T'as perdu Corleone, perdu. Une bruine s'est abattue sur les duellistes, peut-être depuis longtemps sans qu'elle ne s'en soit aperçue, trop dans le jeu.

Toute la fraicheur vient déferler en longs frissons sur son visage et son cou transpirants, elle revient à elle, à eux. Elle le regarde enfin sans vraiment le voir, il est à terre. Sourit-il? Elle ne le sait. Elle se repasse mentalement les instants de corps à corps et ceux où le fer fut croisé, cherchant l'erreur, la faille qui l'a conduite à perdre. Ses lèvres s'étirent un peu, une grimace se transforme en sourire et ses prunelles caressent les siennes. Quel était l'enjeu déjà? Aucune idée.

Sadnezz ôte ses gants, tranquillement, doigt par doigt, et les serre de la senestre. Elle avait encore envie de jouter, mais l'esprit et le corps n'allaient plus de pair, ses muscles étirés lui ordonnaient repos, s'opposant à l'esprit farouche et entêté. En prenant une grande inspiration, comme pour se persuader que le jeu prenait fin,elle lui tendit la main, déglutissant sa défaite en tentant de rester humble. Elle persifla sans trop articuler.

sei un fine avversario, fosse un piacere...

Surement qu'il ne comprendrait pas les mots, mais l'idée de ce que pourrait dire une "bonne" perdante ne devrait pas être trop dure à deviner. Non loin, le cheval paissait, comme s'il ne s'était rien passé depuis leur arrivée.

Messages : 12 Date d'inscription : 07/12/2009 Localisation : Sur les chemins

Il se fend, la lame semble riper sur le tissu, et dans un petit bruit de déchirure inaudible pour Sad ou lui, transperce le vêtement. A-t-il touché la peau? Dans un même mouvement, le tonnerrois pivote sur son pied gauche pour contourner le corps de son adversaire. Un pas de recul, pour éviter de se prendre une contre-attaque cinglante. Il regarde le dos de Sad. Il se repositionne face à elle lentement, mais elle ne bouge plus. Haussement de sourcil avant de suivre son regard. Une petite tâche rougeâtre sur son bras. Il l'a touché. Il a fait couler le premier sang. Il a gagné, il a vaincu.

Il souffle, reprenant celui-ci lentement. Il préfère se baisser pour poser son épée à terre, et sous la douleur encore cuisante qu'il ressent en haut des cuisses, il reste à genoux sur la terre. Il lève le regard vers la belle. Même si son sourire semble légèrement forcé, elle est calme. Les yeux de Kaeronn suivent chacun de ses mouvements, alors que sa langue caresse ses lèvres glacées. Il se relève lentement, s'ébroue légèrement pour faire partir l'eau qui ruisselle sur sa robe. Au même moment, il aperçoit une main tendue, afin de l'aider. Il s'en saisit, termine son mouvement.

Merci.

Sad plaça alors quelques mots qu'il ne comprit pas. Jusqu'à maintenant, tout dans son attitude montrait que cette défaite lui en coûtait. Peut être n'avait elle pas pour habitude de perdre? Ou le prenait elle pour plus faible qu'il ne l'était? En tout cas, les paroles sonnaient agréablement à ses oreilles. Le félicitait elle? Se moquait elle de lui, pensant à raison qu'il ne comprenait pas ses paroles? Elle semblait sincère. Kaeronn se contenta d'hocher la tête, dans un geste ne signifiant ni oui, ni non.

L'homme sourit alors que la bruine et le vent lui fouettaient le visage. Il tourna les talons à Sad, se dirigeant tranquillement vers l'endroit où sa cape et son mantel reposaient. Il se pencha, et regardant à nouveau la combattante, lui montra l'arc.

Tu veux sans doute prendre ta revanche?

Sad secoua la tête à la négative.

Non je ne veux pas prendre ma revanche, j'ai joué j'ai perdu, ce n'est rien. Un autre jour... Un autre jeu.

Elle le regarda, malicieuse et se dirigea vers ses armes restées à terre. D'une main lasse elle Jeta son épée à leur coté resserra les liens de son corset, pensive. La défaite n'était pas le sentiment qui la mettait le plus en valeur, mais qu'importe, elle avait aimé croiser le fil avec Kaeronn. Il était de compagnie agréable, bien qu'ils se croisaient peu en taverne et qu'elle se complaisait à jouer la méprisante quand c'était le cas... Jouer la comédie, elle aimait cela. Sad se montrait odieuse avec lui entre deux chope, en rajoutant jusqu'à voir les sourcils de leurs voisins de tablées s'arquer assez légèrement pour sa plus grande satisfaction personnelle... En réalité, il lui plaisait bien. mais.. Il fallait bien sauver les apparences.

J'aurais aimé te faire visiter Arquian, mais il fait froid, et il va bientôt falloir reprendre la route pour Chinon...

Un soupir embrassa ses lèvres. Chinon, dieu qu'elle détestait ce coin. La rixe lui avait fait oublier l'espace d'un instant son clocher morne et ses tavernes sans gout... Sans parler des habitants tous plus inintéressants les uns que les autres. Prétentieuse? Peut-être. mais certainement pas accoutumée à l'inactivité prolongée qui lui était imposée... Quoi qu'imposée... Non elle le voulait bien, peut-être devrait elle même remercier les hautes sphères pour le tuyaux...

Sad s'éloigna un moment, pour ramener leur cheval. Son pelage épais voyait l'extrémité de son poil tout humide et sad y passant la main grimaça.

Messages : 12 Date d'inscription : 07/12/2009 Localisation : Sur les chemins

La peur de perdre à nouveau, hein?

La réplique claque comme un coup de fouet. Seul les yeux malicieux de Kaeronn montre qu'il ne lui en veut pas le moins du monde d'avoir répondu par la négative. Elle n'a juste qu'à le regarder un infime instant pour ne pas répondre à sa fausse provocation. Elle se contente d'un sourire malicieux, et le Tonnerrois sourit tout en reprenant son mantel et le passant sur sa robe. Il finit par se pencher une troisième fois, pour saisir sa cape noire et s'en draper. Sad avait peut être maintenant l'impression bizarre d'un homme avec jambes et tête sans corps. Il se mordit alors les lèvres au ton avec lequel Sad avait prononcé Chinon. Il évita ainsi de rire.

Moi aussi j'en ai ma claque de cette ville. Ma claque de l'auberge ou je suis, je dormirais bien à la belle étoile. Ma claque des habitants. Ma claque de la bière locale. Ma claque de tout Chinon!

Il jeta un regard à la combattante qui ramenait son cheval. Kaeronn s'approcha tranquillement en remettant son épée à sa ceinture, puis il caressa les flancs de l'animal. Il avait toujours aimé les chevaux, au contraire de son fils. Et Mathler et Khroulyr l'avaient initié à l'équitation. Toujours pratique pour voyager rapidement, et sans trop se fatiguer.

Comment s'appelle t il?

Il continuait de caresser le poil du cheval, ignorant totalement l'humidité de sa robe. Cela lui manquait les voyages. Il en frétillerait presque, de devoir attendre pour partir avec des gens qui le saouler depuis déjà presque 4 mois. Et encore fallait il qu'ils réussissent leur coup. Mais cela, il n'avait aucune crainte. Il continuait à doucement caresser l'animal, petit sourire aux lèvres.

Ce combat lui avait plus que du bien. Non seulement, il était sorti de Chinon, mais en plus il avait dérouillé ses muscles. Et ceux ci en avaient bien besoin. Dormir plus de 3 jours dans un lit, et ça faisait presque 4 mois la, cela ne lui était pas arrivé depuis 28 ans. Et il n'aimait pas particulièrement cela. Vivement le pillage. Vivement l'action. Et vivement le voyage.

Sad rit doucement...

Oui, la peur de perdre à nouveau.

La réplique sonnait faux dans sa bouche, mais qu'importe. Vidée de ses forces elles se sentait aussi vidée d'arguments. Contrecoup de la défaite. Il ne fallait pas qu'elle en perde son humour, mais garder le sourire lui était difficile.

Si tu veux dormir à la belle étoile tu peux toujours dormir ici... J'ai bien de quoi te couvrir.

elle avait ramené le cheval vers Kaeronn et avait ramassé ses armes tranquillement. Elle observa en coin sa façon de caresser les flancs de l'animal tout en rangeant ses affaires dans les grandes sacoches de voyages que la selle abritait. Donnant une bonne tape sur son encolure Sad répondit:

Celui ci se nomme Fantagaro, je change souvent de monture. J'en ai même un qui dort dans l'écurie d'Arquian et que je n'ai jamais monté.

Changer ? Ou user, il faut voir. Sadnezz ne compte plus les chevaux qu'elle a eu, elle ne s'attache pas, un peu comme les hommes...

Messages : 12 Date d'inscription : 07/12/2009 Localisation : Sur les chemins

Oui, comme moi quoi. Pas le nom, je ne m'appelle pas encore Fantagaro. Non, je veux dire que je change tout le temps de monture. Je n'en possède pas en même temps. Alors je les prends par ci par la quand j'en ai besoin. Sinon, j'aime bien mes jambes aussi. Il sourit légèrement. Quand je dis prendre, c'est voler hein, ajouta-t-il. On fait avec les moyens du bord.

Puis il la regarda à nouveau, ainsi que le paysage alentour.

Que fais tu toi? Tu rentres à Chinon? Tu dors ici? Dormir à la belle étoile, je le fais tout le temps quand je suis en voyage, ce n'est pas ce qui m'empêchera de dormir, couverture ou pas. Mais j'aimerai rentrer à Chinon avec toi si tu me le permets. Je ne sais combien de lieux nous avons parcouru à cheval, mais je doute mettre le même temps à pieds.

Il avait rassemblé ses armes, repassé son arc à son épaule. Prêt à faire ce que ferait Sad. Dormir, comme rentrer à Chinon. Ou visiter Arquian si elle changeait d'avis.

Sad sourit un peu lorsqu'il précise que 'prendre c'est voler' ... Elle rétorqua tout en vérifiant si la selle de sa monture était bien ajustée:

Je vois... Mes montures, je ne les voles pas, elles proviennent toutes d'endroits très différents.. L'armée, les amis, la foire aux bestiaux, ou alors ce sont des présents. Il y en a bien eu une que j'ai eu de façon... Peu Aristotélicienne mais mon intention première n'était pas de la voler.

Sad pensa à Eroz, car c'était de sa faute à lui, s'il n'avait pas couché avec... Bref. Elle fit un geste vague.

Enfin comme tu dis on fait avec les moyens du bord.

Elle scruta la tour qui se perdait dans d'épais nuages et mit le pied à l'étrier. Une enjambée souple et elle se hissa sur son cheval, ramenant la bride court.

Je n'ai pas envie de te faire visiter Arquian ce soir, Théo ne sait pas que je t'y ai convié... Puis ce n'est pas sûr la nuit, vraiment; nous pourrions faire de mauvais rencontres.... Tu serais surpris du nombre d'hôtes indésirables que ces vieilles pierres abritent.

Frisson en pensant à l'autre , ou aux spectres qui hantent les lieux. Sad lui tendit la main pour l'inviter à monter.

je ne vais pas te laisser seul ici.

Messages : 12 Date d'inscription : 07/12/2009 Localisation : Sur les chemins

C'était la deuxième fois qu'elle sortait la religion comme sujet au cours de la soirée. Avant de combattre déjà, elle avait ponctué son attaque d'un "amen" qui n'avait pas fait réagir pour autant Kaeronn. Voila que maintenant, elle parlait de façon aristotélicienne. Il ne réagit pas physiquement, mais cilla intérieurement. Sadnezz semblait plutôt du genre religieuse, et il ne savait pas pourquoi, mais la pensait plutôt pointilleuse sur ce sujet. Petit sourire naissant au coin de ses lèvres. Il faudrait qu'il essaie de la titiller sur ce sujet un de ces jours. Lui n'avait jamais cru en autre chose que la Sainte Boulasse. Les preuves qu'elle existait, il les avait eu depuis longtemps, au contraire d'Aristote, qui s'il était la haut véritablement, avait fait de sa vie une succession de malheurs.

Il l'écouta tout en continuant à caresser les flancs de l'animal, puis sourit, moqueur.

Surpris du nombre indésirables d'hôtes... Il ricana légèrement. J'en ferais parti de ce nombre d'hôtes, et vu ma vie, je doute franchement que l'excuse du "ce n'est pas sûr la nuit" m'arrête. Mais soit, tu me feras visiter un autre jour! Ou une autre nuit.

Il lui sourit malicieusement, puis saisit la main tendu, posa l'autre sur la croupe du cheval et monta agilement dessus d'un saut.

Trop aimable. Ne pas me voir le lendemain à Chinon, certains trouveraient cela suspect, et à l'aube du pillage, cela ferait mauvaise impression je crois.

Il sourit, puis tint doucement chacune des hanches de Sad pour éviter de se faire désarçonner. Ses jambes le maintenaient en équilibre précaire sur Fantagaro, mais il montrait une aisance naturelle à cheval assez déconcertante pour qui ne serait pas habitué à chevaucher. Ils partirent ainsi au galop, retrouver Chinon, ville mal-aimée et non-aimé par les deux compères. Bientôt, ils auraient de quoi se réjouir en regardant chacun des villageois pleurer sur son sort.