Visite sous un ciel bleu

Depuis le temps qu'il était là, il lui fallait a-bso-lu-ment visiter les lieux. Après tout, sa maitresse ne comptait pas repartir de suite, alors autant commencer à s'habituer. Il avait déjà rencontré le chef des lieux, avec qui Venin semblait si bien s'entendre. Il lui semblait aussi avoir rencontrée une humaine pleine d'odeur de chevaux différents, peu être servait elle à les nourrir ? Espérons qu'elle soit gentille, car il n'aimait pas les gens agressifs et trop sûrs d'eux. Mais c'était tout, il ne connaissait pas le reste des humains ni des animaux d'ailleurs. Il lui semblait vaguement avoir reconnu l'odeur de cette humaine qui passait son temps à pleurnicher sur une plaque toute blanche au milieu de la foret. D'après l'explication de sa maitresse, les humains appellent cela une tombe. Mot bizarre pour un caillou bizarre. Ha ! Il y avait aussi cet humain très effrayant avec cette lance très effrayante ! La prochaine fois qu'il le croiserait, il demanderait à Venin de lui sauter à la gorge ! Brrr, quelle frayeur ! Comment peut on accepter de côtoyer un animal si effrayant ? Pour se changer les idées, il se mit à galoper doucement autour d'une petite écurie pour humains toute ronde et très jolie, secouant sa crinière pour se débarrasser des mouches, et des noeus.

Il y avait tellement d'arbres par ici qu'il en était tout étourdi. Il ne pourrait jamais tous les marquer ! Tant pis, sa maitresse disait souvent qu'il faut toujours commencer par ce qui se trouve à ses pieds. Il n'a jamais bien compris ce qu'elle entendait par là, mais étant la chef de meute, elle avait sûrement raison. Ha, et cet homme aussi, on dirait le maitre de sa maitresse. Il a une très jolie odeur, pleine de couleurs. D'après sa chef, il est le chef de cet endroit. Il a bien essayé de le retrouver aujourd'hui, mais sa maitresse lui a dit de rester près d'elle, alors il reste près d'elle. Il n'y a que son ami Carnassier qui ose lui désobéir. Apparemment, c'est dans son caractère. Secouant la tête doucement, il se mit donc à marquer les arbres les plus proches, puis, voyant son ami Carnassier se mettre à courir, il se dit que c'était une bonne idée. Il partit donc à sa poursuite, marquant quelques arbres au passage.

Pfff ... cet endroit plein d'arbres est vraiment grand, pour un petit bout comme lui. En plus, ses pattes si délicates se prennent dans les ronces ! Il faut qu'il aille dire deux mots à ce cheval si désobéissant. Mais surtout, ils se sont éloignés de l'endroit ou il y avait la grande montagne, comme dit sa maitresse. C'est vrai qu'il était effrayant, en tout cas il avait fait très peur à Carnassier. Pourtant, lui il l'avait trouvé chou, et en plus, il lui aurait donné sûrement chaud ! Il aime bien avoir chaud, lui. Mais là, il est tout mouillé, assit au milieu des fleurs. Tiens, un petit truc qui vole, de plein de couleurs ! Hop, on l'attrape, et on le secoue très fort entre ses petites canines. Ho, il ne bouge plus. Il devrait attendre la nuit, pour se reposer, ce petit truc plein de couleurs. Ha ! Voici Venin qui vient le chercher, pour aller jouer. Courir après Carnassier ? C'est sûrement fatiguant. Alors non, lui il préfère se poser sur un petit bout de branche, et les regarder en mordillant le petit truc coloré. Le soucis, c'est qu'il n'est pas très solide. Ha ! Un oiseau, ce sera mieux ! Et hop là ! Capturé !

Tigrounette arrive tranquillement à la suite de ses animaux. Aujourd'hui, c'est visite des lieux. Carnassier se met à courir autour du kiosque comme un fou, suivit par Venin. Frelon, lui, est en train de jouer avec un oiseau. Il est trop mignon !!! ^^ Elle entre dans le kiosque, suivie des yeux par Frelon, qui s'est désintéressé de son petit oiseau. Il saute de sa branche pour venir la rejoindre, et grimpe le long de son pantalon pour venir se poster sur son épaule.

Une fois la visite faite, elle ressort, et va s'asseoir sur un tronc, se perdant dans ses pensées.

Pfff, c'est fatiguant de courir. En plus, ce pays semble tout rond, il avait l'impression que cela fait plusieurs fois que il voyait sa maitresse assise chaque fois au même endroit. Bizarre ... Et ce chien qui ne cessait de lui courir après ! Bien fatigué donc, il faut qu'il rejoigne sa maitresse et qu'il se couche près d'elle. Se reposer. Maintenant, au cas ou quelqu'un voudrait lui faire du mal, il doit être près à partir au galop.

Ha, le voici enfin qui s'arrête celui là ! Il a donc compris que ce n'est pas aussi drôle que cela de tourner autour du même truc pendant des heures ? Le voici qui va s'allonger. Bonne idée, gros bourru ! Lui va plutôt continuer à marquer son territoire aux alentours. Ha, ce maudit chat qui ne veut pas jouer avec lui !

Ils ont enfin fini ces deux à. Pas trop tôt, sa mignonne petite tête allait avoir des vertiges. Le petit oiseau entre ses pattes ne bouge plus. Il n'est pas très gentil de ne plus jouer avec lui. Tant pis, on le jette, et on va en chercher un autre ... Tiens, il y a une drôle d'odeur par ici ... Il semble la connaitre ...

La jeune femme entend bouger près d'elle, imperceptiblement. Elle sourit, et se retourne. Le voici, il est bien venu. Prestement, elle se lève, et se dirige lentement vers lui. Toujours aussi doué, même Venin ne l'a pas sentit. L'homme s'approche, dévoilant une rangée de crocs dorés sous un sourire carnassier. Il la saisit doucement par la hanche, lui glissant quelques mots à l'oreille. La jeune femme tressaille, et pose son doigt sur sa tempe, suivant de l'ongle une fine cicatrice. Ses mots se font murmures, tandis qu'elle lui répond.

Non, pas encore ... Je veux m'amuser encore ...

L'homme dévoile à nouveau ses dents, et ne répond rien. Il la regarde quelques instants sans rien dire, puis, comme il est arrivé, repart.
Tigrounette le regarde, songeur, hausse les épaules, puis sourit. Quel phénomène, toujours aussi dangereux. Elle tourne les talons, et appelle d'un claquement de langue ses amis à venir près d'elle. D'un pas alerte, elle quitte l'endroit, dans la ferme intention de mettre la main sur le Vougier.

Et voila ! Ils avaient marché des heures, attendu plus encore, juste pour trouver cet homme terrifiant avec une arme super dangereuse !!! Ils sont fous, les deux pattes sont fous. Sa maitresse aussi. Enfin ! Il l'aime quand même, c'est le principal. Et l'autre principal, c'est qu'ils n'aient pas retrouvé le monstre. Et tant pis pour ce sale chat ! Ho, une odeur qui fait peur, il ne la connait pas. Bon, si ce maudit cabochard ne dit rien, c'est que ce n'est pas dangereux. Prudence, prudence ...

Enfin ! Ils avaient cessé de tourner en rond et abandonné l'idée de trouver la grande montagne ! Ils étaient maintenant revenus près de la petite cabane ronde pour humains, et heureusement, ce bête canasson avait décidé de se coucher bien sagement, attendant ... ha ! Cette odeur ... Il l'avait sentie souvent sur sa maitresse, autrefois ... Bah, le chaton doit savoir, lui, alors attendons voir sa réaction. Patience, patience ...

Pfff ... Ses pauvres pattes ... Pourquoi, mais pourquoi, les humains mettent ils des petits cailloux pointus partout ? Ils ne pensent pas à ses tendres et mignons petits coussinets ? Les hommes sont ingrats et stupides. Mais pas sa maitresse. Voyons ! Les voici de retour à la petite cabane, et voici un petit tronc très pratique pour ... Tiens, il connait cette odeur. Voui voui voui. Il connait beaucoup de choses ... Normales, pour un chat garou. Il a tellement de vies, à gaspiller, et à prendre ... L'odeur se rapproche ... Doucement, il se couche sur le bois. D'ici, il peut tout voir, tout sentir. Silence, silence ...

Tss, ils ont passé je ne sais combien de temps à chercher le Vougier, et plus encore à l'attendre, et au final, il ne s'est pas montré. Du coup, les revoilà près du kiosque. C'est pour faire plaisir à la connétable. En restant ici, Carnassier ne dérange personne, et ne risque pas de tourner autour des femelles en chaleur. C'est stupide d'ailleurs, parce que la seule qu'il veut, c'est Camilla. Comme sa petite anglaise lui manque ...

Tiens tiens ...
Avec un sourire, la jeune femme s'approche d'un pas dansant de l'arbre le plus proche. D'un coup sec, et aussi rapidement qu'un oiseau qui s'envole, un bras jaillit de derrière l'écorce, pour l'arrêter net. Tigrounette sourit, tandis qu'apparait une tête châtaine, ornée de beaux reflets rouges, tandis que deux yeux brûlant la détaillent de la tête aux pieds. Un léger sourire vient remonter le coin des lèvres rosées, tandis qu'il laisse échapper quelques mots, dits lentement, l'homme prenant son temps pour parler. Exactement comme lrosqu'il tue ...

Tu as l'air de te porter à merveille ...

La jeune tigresse lui sourit en retour.

Tu n'as pas l'air trop mal non plus ! Mon très cher William ...

Le sourire se fait plus clair, pendant que l'homme sort de derrière l'arbre. frelon en profite pour venir se jucher rapidement sur son épaule. Venin se lève et vient le renifler. Après tout, si le chat a le droit, pourquoi pas lui ? Carnassier se contente de le regarder, et à sa plus grande surprise, l'homme ne l'approche pas. Ses yeux rouges le regardent, appréciant les courbes de sa musculature, et lachant dans un souffle :

Ce n'est pas Camilla ...

Tigrounette regarde carnassier, puis répond doucement. la suite de leur dialogue se sera faite en un murmure, et aucun oiseau ne viendra troubler leur discussion, aucun animal quelconque, ni Frelon, ni Venin, ni meme Carnassier. On n'interrompe pas des tueurs qui se retrouvent.

En effet, je te présente Carnassier. La première chose que je l'ai vu faire, c'est arracher la peau des loups qui me menaçaient. D'ou son nom !

Le jeune homme émet un léger sifflement, suivit d'un rire clair et discret.

Tu as le don d'attirer des êtres étranges ... Mais cela ne me surprend pas ... J'ai appris que la Reine t'avait en grippe, depuis que tu lui as préféré ouvertement les français ... Le prix de ta tête monte en flèche ... C'est très dur pour nous de ne pas te tuer ... D'autant que tu ne te caches pas ...

Je n'ai pas peur de vous. Et je vous fais suffisament confiance pour venir me tuer de face, et en pleine possession de mes moyens.

Hhhhh ... Cela pourrait te perdre ... Tu as toujours été aveugle ... C'est ce qui a couté la vie de ton frère, si je ne m'abuse ...

La ferme William !

Pourquoi ... Tu as honte peut etre ...

Pourquoi es tu là ?

Prendre de tes nouvelles ... Et t'avertir ...

Les paroles sont toujours aussi lentement prononcées, ne laissant transparaitre aucune intonnation. L'homme s'est rapproché de Tigrounette, effleurant du bout du doigt les courbes de son visage, soulignant des cicatrices imaginaires. Ses mains sont glacées, et terriblement douces. Combien de femmes ont perdues la vie sous ces caresses ? Un Démon dans un corps d'Ange ... Redoutable ... Son souffle léger caresse la nuque, qui tremble de frissons contenus, et ses lèvres forment un léger sourire amusé.

Tu es bien seule ... Ce n'est pas raisonnable ...

Tu me tuerais ?

Tu frissonnes ... Tu as peur ... Non je ne te tuerais pas ... Bien sur ... Simplement, je n'aime pas ces gens qui t'entourent ... Sans parler de ce ... Baron ... Tu nous appartiens Tigresse ... Tu es Notre Colonelle ... Ce serait ... Regrettable ... Que toi ou eux l'oublient ... Oui ... Très regrettable ...

La main s'éloigne, entre les arbres disparait le sourire moqueur, et le souffle de Tigrounette reprend son cours normalement. Mais les frissons sont toujours présents, et ils resteront tant que cet homme sera présent. Autrement dit ... Pour un paquet de temps ... Les anglais ont toujours été très excessifs en tout. Mais les lèvres de la jeune femme se muent en un sourire, tandis qu'elle lance, à travers les arbres et dans l'ombre :

Je t'attends de pied ferme, William !

Un rire léger et souple éclaire les alentours, pendant qu'une réponse lui parvient entre les feuilles :

A vos ordres, mon Colonelle ...

La jeune femme sourit, et une larme perle sur sa joue. Son ami n'a décidément pas changé. Son meilleur compagnon de combat ... Comment a-t-on pu en arriver là ?

Pfff ... Du froid. De la pluie. Manque plus que la neige ! Quel pays étrange. Et cette odeur qui rode, qui ne le quitte pas. Il a peur, lui ? Oui. Il sent bien qu'il tremble. Meme le chien est sur ses gardes. Il lui a parlé d'un serpent. Mais il ne sait pas trop de quoi il s'agit. En tout cas, sa maitresse a une bonne nouvelle : il va pouvoir rester ici, près de la maison toute ronde. Formidable. Mais cela ne l'empeche en rien d'avoir un peu peur. Pourtant la grande montagne avec son arme ennemie héréditaire n'est pas là ... Heureusement !!!

Hhhh ... Hhhh ... Il a soif, et il a faim. Il faudra qu'il aille faire un tour aux cuisines. Pourtant il a déjà mangé. C'est un goinfre, comme dit parfois sa maitresse. Il ne sait pas ce que c'est, mais elle a surement raison. Sa maitresse a toujours raison. En fait, il mange pour oublier. Le serpent. Un frisson lui parcourt l'échine. Il est dangereux, le Serpent. D'après sa maitresse, il a été le premier à la rejoindre lorsqu'elle a créé sa guilde d'assassin. Ca a l'air fort, une guilde. Surtout avec sa maitresse en tete. Forcément, c'est elle la chef. Il faut quand meme faire attention au serpent qui rode ...

Voila. Le petit oiseau ne bouge plus. Dommage, dommage. Il s'amusait bien pourtant. Cette nuit il n'a pas fait trop de dégats. Il a été captivé par le Serpent, et il a bien sentit qu'il était le male de sa maitresse, à une époque. Ils ont presque la meme odeur. Lui, il aime. Comme la grande montagne, il aime. Un curieux mélange de mort, de souffrance, de colère, de haine, et de tout un tas de péchés capricieux. Dé-li-cieux. En tout cas, sa maitresse est nerveuse en ce moment. Est ce à cause de ce qu'elle appelle "Nouel" ? Il ne sait pas ce que veut dire Nouel, mais c'est surement très important. Nouel ...

En quelques pas, Tigrounette a rejoint ses amis, qui l'attendent. Frelon posté sur sa branche, comme d'habitude, Carnassier couché tout près, et Venin qui se balade en mettant son odeur partout. Il va finir par avoir des soucis avec le loup ... Haussement d'épaules désabusé, la jeune femme secoue la tete pour chasser les pensées noires, et se dirige vers ses animaux, sortant de derrière son dos ...

Tadam ! Une corde ! Voui voui ! Et savez vous pour faire quoi ... ?

Venin est revenu, et renifle la corde avec intéret.
La jeune femme sourit et leur explique.

C'est pour attacher le Baron. Comme je lui ai dis, il dois montrer l'exemple. Donc comme Carnassier va se retrouvé enfermer ici, il est normal que ce soit meme chose pour lui. Vous pensez que cela lui sierait ?

Son chien aboie trois fois, désaprobateur, tandis que Carnassier s'éloigne de quelques pas, ne voulant pas etre la cible malencontreuse de cette liane. Tigrounette éclate de rire.

Allons mon chou, ce n'est pas pour toi ! Et Venin, tu es hors course ! Tu manques cruellement de partialité !!!

Cela faisait longtemps, Ho, si longtemps ! Qu'il n'avait couru ainsi. Les arbres se mélangent, et Venin, à ses sabots, est aussi fou que lui. Il est content de revenir ici. Il y a plus d'espace qu'à Joinville. Et sa maitresse a voulut changer d'air. Est ce à cause du nouveau mâle dominant ? Il ne saurait le dire. Bah, les ennuis des humains ont toujours été ... énervant. Mais bon, les ennuis de sa maitresse sont ses ennuis. Alors pour chasser ses ennuis, rien de tel que de courir en rond autour d'une maison ronde !

Allez, encore un effort, et il va le chiquer, ce maudis cheval ! C'est rigolo cet endroit. Et les voici de retour à la maison ronde. Tout va presque bien. Mais pas sa maitresse. Elle ne va pas bien. Et comme dit le proverbe : quand le chef de meute va mal, tout va mal. Mais bon, tant qu'elle le caresse encore, il n'est pas inquiet. C'est plutôt le nouveau mâle qui a intérêt de se tenir tranquille avec sa maitresse ! Non mais ! Tiens, il est mordu l'étalon, pour la peine !

Pff, que de pas. Que de course. Pourquoi les chiens et les chevaux passent leur temps à courir pour rien ? Il ne faut pas se presser ainsi, ça mène plus rapidement à la mort. En plus, il a marché dans une flaque de boue, et sa délicate petite patte est toute sale. Il va devoir la nettoyer. Ça va lui prendre un temps fou. Mais bon, ça passera. Tout passe. En plus, sa maitresse a besoin de se reposer. Il a l'impression qu'elle a prit du poids dernièrement d'ailleurs ... Il va falloir qu'il surveille tout ça de plus près ... Patience, patience ...

Hhhh ... Les voici de retour. Tigrounette s'est assurée que tout va bien, par ici. Le Roy n'est plus très fâché après elle, l'assassin aux serpents non plus ... Et ses hommes continuent d'engrosser des françaises à tord et à travers. Donc tout va bien, non ?
Ses yeux se posent sur Frelon, qui a salit l'une de ses pattes, et sur Carnassier, qui galope en rond, derrière Venin. Apparemment il veut lui marcher dessus ... La jeune femme rit, et puis s'assoit sur un tronc, portant une main à son ventre. Frelon la rejoint bientôt, et se roule en boule sur ses jambes. Le soleil est magnifique ...

Il s'avance doucement entre les arbres. Tsss, elle n'est meme pas à couvert. Comment elle peut faire pour survivre si elle ne fait pas plus attention à elle ? En plus, vu le boucan que fait son cheval, on la repère à dix mille lieues à la ronde. Qu'importe. Ce n'est pas son soucis.

Il est bientôt près d'elle, et lui glisse lentement le couteau sous la gorge, lui lâchant un léger :

Et hop, tu es morte ! ^^

Radieux, il secoue sa longue crinière, et vient s'asseoir près d'elle. Il remet une mèche rebelle derrière son oreille, et lui adresse un sourire charmeur.

Félicitations ! ^^ Je ne pensais pas que ça t'arriverai un jour. Tu as été voir l'infirmière là ? Non je crois que tu préfères accoucher seule, je me trompe ?

Devant sa surprise, il sourit plus encore, et prend un air malicieux.

Tu pensais que tu pourrais le cacher longtemps ? A moi ? Tss. Allons, je te connais, Colonelle. Tu ne peux rien me cacher. Je sais tout de toi. Je peux même te donner le nom du père ...

Il pose son regard sur la dague, qu'il a sortie de sa ceinture, et tripote négligemment. Ses yeux se perdent, puis se posent à nouveau sur sa supérieure. Il est soudain sérieux.

Tu sais que ta mère voudra l'enfant pour lui donner tes terres. Elle le gardera jalousement, et fera en sorte qu'il ne se rebelle jamais. Un bon chien de noble !

Le bel Apollon crache, de dégout, par terre. Sa main douce et ferme vient caresser la tête de Venin, qui s'est couché à ses pieds.

Tu sais que je suis de ton coté. Mais ne provoque pas ta mère. Elle est folle.

La jeune femme sursaute en sentant une lame sous sa gorge. Décidément, il fut une époque ou elle l'aurait sentit à des lieues à la ronde ... Elle ne se serait jamais laissée surprendre comme ça.

Tigrounette se tourne, souriante, vers son ami, qui s'assoit près d'elle. Mais lorsqu'il parle d'infirmière, elle frissonne. Il est donc au courant ...
Les yeux dans le vague, elle l'écoute parler. Mais lorsqu'il mentionne sa mère, elle voit rouge, et ses yeux lancent des éclairs.

Ma mère n'aura pas mon fils ! Je sais ce qu'elle est capable d'en faire : un chien, inutile de penser par lui même ! Pensant seulement à lécher les bottes des barons et autres nobles ! Jamais mon enfant ne deviendra comme ça, jamais ! Et si je dois la tuer moi même, je le ferais, tu le sais !

Puis, sa voix s'adoucit, et elle prend la dague des mains de son ami, lui caressant la joue.

Tu dis être avec moi ... Et je n'en ai jamais douté. J'ai toujours eu une confiance aveugle en vous tous. Vous êtes mes meilleurs éléments. Et c'est peut être ce qui me perdra, comme le dit si bien William.
Alors dis moi : qui est au courant ?

L'homme rit, face à la colère de sa supérieure. Bien sur, elle aurait vraiment été en colère, il n'aurait pas fait long feu. Mais bon, il a toujours été provocateur ...

Tes hommes, Colonelle. Simplement tes hommes. Le Serpent aussi d'ailleurs. Mais ... Il ne dira rien. Je veille personnellement. Quand comptes tu revenir chez nous Colonelle ?

Mais à sa tete, il connait déjà la réponse. Un faible sourire illuminant son visage d'éphèbe, il se penche vers elle. Pose un léger baiser sur ses lèvres.

Dans ce cas, c'est nous qui resterons ici. Après tout, il y a encore des catins vierges en France ^^

Le rire de la jeune femme éclate, clair et vibrant. Ses yeux se posent, aimant, sur son ami.

Je ne reviendrais pas, mais tu l'as compris. J'ai ... Quelqu'un ici. Deux, bientôt. Pourrais je jamais compter sur toi, Kim ? Mon vieil ami ?

Dans ses yeux elle lit la réponse, et lui sourit. Puis, elle prend une décision. Son regard plonge dans les yeux violets, et elle parle d'une voix douce mais ferme.

Je veux voir mes hommes, Kimi. Arrange toi, je veux tous les voir. Le Serpent aussi. Je veux tous vous voir.

Ses sourcils se font interrogateurs, et un coin de ses lèvres se redresse légèrement.

Il sourit. Ses yeux brillent. Se penche doucement vers sa supérieure, et lui effleure la joue. Son autre main se pose sur son ventre :

Tu les verras Colonelle. Et je surveillerai de très près ce qu'il adviendra de toi. Mais tu ne doutes pas de moi depuis le temps, n'est ce pas ?

Dans un souffle, il s'est levé. Il adresse un signe aux bestiaux, repousse sa longue et belle chevelure, et, d'un pas de danseur, s'éloigne en sifflotant.