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 Latence

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Breiz
Intendante d'Arquian
Intendante d'Arquian
Breiz


Messages : 131
Date d'inscription : 03/10/2009

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MessageSujet: Latence   Latence Icon_minitimeSam 24 Oct - 17:22

Gauvain n'était pas bien, elle n'aurait pas du sortir. Mais l'ambiance enfumée de l'auberge, son vacarme joyeux, son atmosphère enfumée et avinée, c'en était trop. Ambiance goutte d'eau et vase débordant, elle avait emmitouflé le bébé, l'avait serré contre elle dans son écharpe, et avait filé aux écuries, à l'arrière de l'établissement. Fuir. Fuir ce lieu où la joie de vivre était trop présente. Pas de temps à perdre avec un harnachement, elle se hissa sur le dos de Sombre, noua la longe à son licol, et lui intima l'ordre de partir d'une légère pression des cuisses.
Sortir de Joinville. Errer, n'importe où, mais seule. Ne pas penser. Ne surtout pas penser.
Laisser le palefroi décider du chemin à prendre. Au pas. Tranquillement. Personne ne l'attendait nulle part, de toutes façons. Elle pouvait prendre son temps. Se vider la tête. Ne penser à rien. N'être rien. Plus rien.
Lentement, un pas après l'autre, son périple la conduisit sur les terres d'Arquian. Oui, son regard éteint se posait sur les vignobles, elle les reconnaissait, elle était déjà venue ici.
Se mouvant à l'unisson, lui, un pied après l'autre, lentement, et elle, balançant légèrement son corps au rythme des pas, la femme et le cheval traversaient des terres qui n'étaient pas leurs.
Elle ne tenait même pas la longe que palefroi, un bras enserrant l'enfant fiévreux, l'autre tantôt balancier pour rééquilibrer son poids quand le cheval faisait un faux pas, tantôt main caressante sur le front du bébé.
Et Sombrelance, en brave cheval, reconnaissant les alentours, prit naturellement le chemin des écuries. On y trouvait certes une sale bête aux dents pointues, mais aussi un deux pattes chauve qui avait des pommes. Et ça, quand on est un cheval avec deux sous de jugeote, on savait que c'était une information d'une importance capitale.
Lentement mais surement, le palefroi et sa cavalière morose se dirigeaient donc vers le cœur du domaine. Lui, d'un bon pas, maintenant que l'idée de la pomme savoureuse se concrétisait. Elle, à peine consciente, le regard tourné vers son intérieur, les yeux morts ne reconnaissant pas le chemin, concentrée, refermée sur elle et l'enfant, comme aux derniers jours du Languedoc. Les derniers éclats de sa vie venaient de s'éparpiller aux quatre vents, en quelques jours, en quelques phrases. Ne restait que Gauvain.
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