Entraînement à l'épée légère

Une pluie fine et froide tombait depuis l'aube sur les collines du Morvan, une pluie sans flaques ni ruisseaux minuscules, une pluie qui s'enfouissait dans la terre avant de subir le baiser glacé de l'hiver. Mais les gouttes s'écoulaient sur le visage buriné du Vétéran sans qu'il ne s'en aperçoive.
Il contemplait fixement quatre personnes debout, devant lui, prêtes à en découdre. Le châtelain Theognis d'Arquian, les coustilleurs Gorborenne et Oderay, et Kay qui voulait apprendre à se battre. Ils se trouvaient en plein centre du terrain d'entraînement. A la gauche du Vétéran, une table avait été disposé, objet incongru sorti des entrailles du château. 4 belles épées aux fines lames s'y trouvaient disposées, de taille et de poids similaires.

Ces armes ne sont pas faites pour la force, contre une armure de métal elles se fracasseraient. Mais un bretteur habile peut vaincre un homme bien équipé, en frappant entre les interstices. Il en aura le temps, grâce à sa vitesse, à son agilité.
Celui qui combat avec l'épée bâtarde doit la tenir à deux mains. D'où son nom, car elle ne permet pas au chevalier de porter l'écu orné de son blason. Au contraire, la rapière laisse une main libre, mais un bouclier serait là aussi malvenu, car il gênerait l'escrimeur dans sa quête de rapidité....Muni de cette arme, vous ne devez jamais être plus lent que votre adversaire....
Maintenant, vous allez prendre vos épées, et commencer à combattre....

[HRP: Ici tirage au sort
Si je sors un chiffre pair pour Théo, il se bat contre Oderay. S'il est impair, il se bat contre Kay.

Sur le duel en lui-même:
Chacun devra lancer le dé, qui se trouve sur le topic du terrain d'entrainement. Lisez bien le mode d'emploi avant de tenter votre chance!
Voici un barême sur lequel vous pourrez baser votre RP:

Chaque participant dispose de 6 points de vie.

de 1 à 4: vous manquez votre coup! vous perdez 1 point

de 5 à 8: vous touchez votre adversaire sur les jambes ou les bottes./ Votre adversaire perd 1 point de vie!

de 9 à 11: vous touchez votre adversaire sur le torse ou les bras: votre adversaire perd 2 points de vie!

12: coup fatal au coeur! Heureusement, la lame est mouchetée...Mais vous gagnez le combat!
/[HRP]

[HRP: le lancer de dés pour le tirage au sort des combats a donné 8, Théo contre Oderay, Gorborenne contre Kay

Le lancer de dés pour le duel a donné 10..../HRP]

Il ne connaissait pas bien cette arme, nouvelle, venant d'Espagne, où le duel était aussi courant que les prières des moines. Plutôt habitué aux armes lourdes, depuis qu'il avait cessé d'utiliser son arc, Théo sentait l'arme voler entre ses doigts. Elle fouettait l'air au moindre coup en avant, et on voyait à peine l'éclat de la lame en effectuant les passes d'échauffement. Il en était contrarié...Comment être précis dans ce cas? Comment sentir son épée comme le prolongement de son corps?
Il se mit en garde contre Ode. Ses yeux ne quittaient pas les siens. La troubler, pour qu'elle ne puisse plus savoir où elle est. Sentir chacun de ses mouvements, anticiper ses gestes....Théo tourna lentement autour de son adversaire, cherchant son point faible. La pluie ne le dérangeait pas, au contraire, il se sentait bien éveillé, concentré sur le duel.
Les premiers engagements l'étonnèrent. Il avait à peine l'impression de tourner le poignet que la lame fusait, et il pouvait ainsi défendre et attaquer avec des réflexes remarquables. Parant une attaque audacieuse d'Ode sur son ventre, il écarta son épée et fendit en avant.

Touché!

Et le visage de Théo se fendit d'un sourire. Il se sentait maintenant en confiance.

Un peu lente, Ode....N'aurais-tu pas assez dormi cette nuit?

Dit-il pour la taquiner un peu, en se déplaçant autour d'elle pour prévoir sa prochaine attaque.

[ Hrp le tirage a donné : 6 ]

J'écoutais les indication du vétéran et regardais avec intérêt les armes présentées. Elles ne ressemblaient point à ma lame. Plus fine et plus légère surtout, une nouvelle façon de combattre assurément.

Le duel avait commencé. Regardant fixement Théo qui me tournait autours tel un félin autour de sa proie, je tachais de prendre en main l'épée.

Il fut sur moi plus vite que je ne le pensais et franchissant ma parade me toucha.

Un sourire, une taquinerie et le voila en mode défense.

Je lui répondis sur le même ton : en effet la nuit fut rude mon cher!

Et alors qu'il tournait encore, lentement, j'avisais une ouverture.
Me retournant prestement, de la main droite, je portais l'estocade derrière son genou, m'abaissant rapidement pour esquiver sa défense.

Suite à mon attaque, je me relevais aussi vite et me mis à distance en position de défense, prête à parer sa prochaine attaque...

Il s'en doutait. Depuis la séparation du Baron et d'Aelyce, le château était assiégé par les jolies femmes, et le Vétéran, à court de munitions, espérait secrètement que le Vougier ou la Dame s'en mêlent. Insensible aux généreuses courbes et autres sourires ravageurs, trop vieux pour ces "c....", son esprit s'occupait d'autres passions, comme la chasse au trésor....L'or, les gemmes, l'ivoire, voilà ce qui faisait briller ses yeux. Pour le reste....Il agita les bras en vociférant, sa barbe tremblait de colère:

Hé Connétable, ne venez pas troubler mes élèves au combat, et retournez vous occuper des chevaux, non mais!

Trop tard, le mal était fait, en se retournant, Théo perdit le fil de son entrainement, et Ode porta une botte gagnante, sur le genou plié.

[HRP
Ode 4 points de vie
Théo 4 points de vie
/HRP]

[résultat : 7]

Au matin, le Chauve s'était levé de bonne heure. Le Vétéran l'avait prévenu la veille qu'ils s'entrainerait à plusieurs aujourd'hui. Il s'était préparé. Des braies en laines doublées de cuir, sa chemise de lin épais et un léger gilet matelassé. Sur le terrain d'entrainement, il retrouva le Baron, une damoiselle dont il avait entendu vaguement parler et l'autre qu'il avait rencontré dans les bois du domaine...

Il écouta le Maitre d'Armes. Un entrainement à la rapière... Rapide, précis, Gorborenne l'était avec un couteau, ne l'étais pas du tout avec une épée comme lui avait prouvé la débâcle champenoise qui choisit cet instant pour se rappeler à son bon souvenir. Il soupira en constatant à lui même tout ce qu'il lui restait encore à apprendre.

Le Chauve se saisit d'une de ces rapières et la soupesa, exécuta quelques mouvements du poignet pour tâter de son équilibre. Sa légèreté lui permettait de virevolter dans les airs, mais Gorborenne doutait quand même de son efficacité réelle.

Il se plaça face à Kay et la jaugea du regard. Il sourit quand elle laissa glisser sa lame, mais resta en garde. Au fond de lui, il trouvait la situation un brin comique. Le Vétéran ressemblait à un prof de danse, et eux quatre, à des jouvenceaux entrain de prendre la leçon. Sauf que le vieux barbu n'enseignait que valses mortelles et gigues fatales.

- Damoiselle, voulez vous ouvrir le bal?

Puis sans prévenir, plutôt que de galamment lui tendre la main comme l'aurait fait un cavalier, il s'approcha d'un pas rapide et envoya la pointe de son épée faire une petite claque sur la cuisse de son adversaire.

[Résultat : 8]

Pour toute réponse au Chauve la belle émit un petit grognement … elle ne s’était pas attendue à ce que ce grand machin soit aussi rapide ! …
Elle aurait cent fois plus aimé le défier en forêt … ou alors lâcher cette maudite épée et lui sauter à la gorge … mais c’est elle qui avait voulu apprendre alors … elle se devait de se concentrer et faire bien mieux que lâcher l’arme sur son pied …

Elle scruta le regard de Gorborenne … il semblait tout aussi impassible que le sien mais … elle se mit à faire de petits pas de côtés, tourner lentement autour de lui sans le quitter une seule seconde des yeux … elle aurait aimé connaitre les pensées de cet homme en cet instant … Apparemment il n’était pas comme Théo et ne se laisserait pas facilement distraire … autrefois elle avait ouverte grand sa chemise pour déstabiliser les adversaires pendant un jeu mais elle doutait fortement d’y parvenir avec lui … elle repoussa cette idée au tréfonds de sa petite tête … La jeune femme n’avait aucune technique de combat, jamais encore elle n’avait eu à se battre, les guerres et autres ne l’avait jamais vraiment touchés assez pour qu’elle pense à y participer …

Elle rejeta d’un geste de sa main libre une mèche rebelle qui s’était échappée du ruban de velours … la pluie bien que fine faisait coller sa chemise contre sa peau, elle eut un frisson et le bout de ses seins se tendirent sous la fine protection … elle n’y prêta pas la moindre attention … c’était bien la première fois ! … mais là elle devait faire le vide en elle … pourtant elle savait très bien le faire quand il s’agissait d’une certaine chasse … elle inspira profondément … se concentrer … ne penser à rien … l’épée devait devenir le prolongement de son bras …

Une chose jouait en sa faveur, son agilité et sa vitesse … et oui, elle aussi savait se déplacer telle un félin et fondre sur sa proie … mais bon là ce n’était pas vraiment les mêmes circonstances … elle tournait autour du grand très lentement … puis … mouvement rapide … vif quand elle fond sur lui et que d’un mouvement du poignet elle vient faire claquer à son tour la lame sur la cuisse du chauve avant de se retrouver de l’autre côté …

Petit sourire de satisfaction aux coins des lèvres, elle le toise du regard, le nargue sans doute un peu aussi … passant le bout de sa langue entre ses lèvres elle lui adresse un petit clin d’œil …

Et bien dansez alors Messire !

[résultat 3]

Le Chauve a marqué une touche. C'est vrai que ces cure-dents d'acier sont fort maniables au demeurant. Mais il trouve la sienne trop légère, il sent à peine son poids et à un mal à sentir la lame prolonger son bras. Il a plus l'impression d'une brindille qui lui colle au doigts que d'une arme réellement mortelle.

Face à lui, Kay se déplace lentement. Gorborenne l'observe. Elle lui rappelle une autre, il n'y a pas si longtemps que ça. Les mêmes manières de tigresse empreintes de douceur. Ses cheveux mouillés tombant sur sa chemise détrempée l'aurait certainement déconcentré dans d'autres circonstances, mais dans un duel, le Chauve focalise toujours son attention sur les yeux, les épaules et les hanches de son adversaire. Car c'est là qu'on peut y lire le départ des coups. Elle cherche une ouverture dans sa garde. Son épaule fait un imperceptible mouvement en arrière, annonçant le coup de taille. Alors qu'elle frappe, lui pare. Enfin, juste un peu trop vite. Gorborenne à négligé le poids plume de son arme dans l'impulsion qu'il donne et sa lame se trouve déjà bien loin de la trajectoire de celle de Kay au moment où elle touche. Résultats, une parade manquée, un coup à la cuisse, et un poignet foulé en raison du mouvement trop brusque.

Décidément, la rapière, c'est pas son truc, et ça ne risque pas d'aller en s'arrangeant maintenant qu'il la prends main gauche pour soulager son poignet droit. Les pieds fermement ancrés dans la terre, il se remet en garde face à son adversaire.

[HRP]
Récapitulatif des scores:

Ode : 4 points

Théo: 3 points

Kay: 4 points

Gorborenne: 4 points

En cas d'égalité à 0, une ultime passe d'armes déterminera le vainqueur, dans un dernier lancer de dés.
[/HRP]

Diable soit de la femme! Écoutant d'une oreille la passe d'armes entre le bougon Vétéran et la fine fleur de chair aux yeux de braise, Théo baissa la garde devant la belle Ode à la grâce, et se retrouva par terre, les mains glissantes sur le sol mouillé, la lame de son épée recouverte des feuilles boueuses. Elle l'avait frappée dans la région la plus sensible de son intégrité physique, le sanctuaire de ces dames, le champ des lices de sa virilité.
Ses yeux s'enflammèrent.

Comment as-tu osé?

D'une roulade sur le côté, il se remit debout, face à son adversaire. A pas chassés, il commença à tourner autour d'elle, fouettant l'air de coups d'épée. Elle est prudente, et astucieuse, comptant sur les attaques du Baron pour mieux contrer son arrogance. Mais arrogant, il ne l'est plus. Ode lui a montré ses talents d'escrimeuse. Lui s'habitue peu à peu à cette arme, où l'habileté compte bien plus que la force. Canaliser chaque mouvement, être rapide, et subtil dans les feintes, l'œil plus attentif que jamais, surtout que la pluie tombe et coule sur leurs fronts.
Croisement de fer. Les têtes se rapprochent et les muscles se tendent. Leurs corps ne se touchent pas, sauf par le crissement du métal. Pause dans le combat, renvoi de sourire, défi.Théo fait jouer sa fine lame sur la rapière d'Ode, comme un musicien qui apprend à maîtriser son instrument en découvrant les sons. De plus en plus aigus au fur et à mesure qu'il s'approche de sa garde. Il tend alors ses lèvres et lui souffle un baiser, taquin....
Soudain, il la repousse, avec un rire de défi, les pieds campés au sol. La symphonie lance les notes vibrantes de l'assaut. Le rythme trépidant ne laisse aucun répit à Ode, mais elle se défend bien, elle pare tout ses coups, elle ne veut pas lui céder un pouce de terrain. Jusqu'au moment où il enroule son bras dans de rapides mouvements autour de son épée, emprisonnant sa lame dans un tourbillon d'acier. D'un coup sec, il envoie en l'air son arme, et avant qu'elle n'ait pu se baisser, il envoie une botte mouchetée en direction du sein, droit sur le cœur.[i]
Touchée! Tu m'a mené la vie dure, Ode, mais il ne fallait pas me provoquer...

[i]Sur le visage de Théo, le sourire s'élargit, il est heureux d'avoir battu si vaillante et si provocante adversaire. Baissant son arme, il incline la tête pour lui rendre hommage, puis se tourne vers Aliénor, spectatrice de son triomphe.

Voilà ce qui arrive quand le lion sort ses griffes.

[HRP: Lancer de dés :12

Combat terminé, victoire de Théo.[/HRP]

[résultat : 11]

Le Chauve scrute attentivement les mouvements de son adversaire. Elle se déplace avec de plus en plus d'aisance. Grâce féline toute griffes dehors, tel un chat sauvage qui donne des coups de pattes fulgurants, la rapière s'approche de plus en plus rapidement, sans pour autant passer la garde. Dans les yeux de Kay, il lit comme une attente.

Gorborenne, au jeux de jambe rapide oppose une stature fixe, fermement campé sur ses positions. Il est le rempart, elle est l'assiégeant. Il la sent qui cherche la brèche dans le mur, mais il ne se laisse pas démonté et répond au tirs de catapulte cadencé de la rapière de Kay par des volées de flèches de la sienne.

Pendant un moment, l'échange se prolonge, entre les étincelles de leurs lames et les flammes de leurs regards qui se jaugent sans cesse. Puis l'éclair, à la fois dans son regard et dans l'impulsion de ses hanches. Il l'a vu, se met en garde alors qu'elle lui fonce dessus, mais il se laisse piéger par la feinte et pare dans le vide alors que la Belle plonge et roule à terre. Il n'arrêtera pas le coup, il le sait, alors il se prépare à l'encaisser.

"Si un fauve te coince un bras entre ses crocs, ça veux dire qu'il t'en reste un de libre pour lui planter un couteau dans le ventre."
Telle était une des première leçons de chasse qu'il avait apprise dans sa jeunesse. Celle qui venait juste après disait "Et si le fauve est plus fort que toi, ruse-le, n'hésite pas à sacrifier ton bras pour lui prendre sa vie et sauver la tienne." Cette façon de combattre s'appelait "le don du corps", et ne valait pas seulement pour la chasse. Dans un duel, elle pouvait se montrer tout aussi efficace.

Autour de lui, le temps se ralentit le temps d'un battement de cœur.
L'angle qu'a son épée et la position de son bras ne lui permettront pas de parer le coup. Il voit déjà l'estoc de Kay se redresser et filer vers son poignet. D'un geste vif, le Chauve envoie sa rapière dans son autre main. Serrer le dents et oublier la douleur le temps d'un coup. Il pivote légèrement son bras libéré pour encaisser la frappe en protégeant ses points vitaux.

La lame lui entaille l'avant bras sur une longueur de trois pouces, laissant une vilaine estafilade qui commence déjà à perler au travers de la chemise déchirée. La coupure est nette et peu profonde, la douleur en est bien moins aigüe que celle qui lui à barré le flanc sur la frontière artésienne. Il serre les dents, pivote sur ses talons, tournant le dos une fraction de seconde à Kay qui glisse encore et alors qu'elle se redresse sur ses jambes et se met en garde, il fait le petit pas nécessaire, se tend en avant, petit moulinet du poignet - décharge de la foulure et grimace adéquate - et son épée pivote autour de celle de Kay, pour toucher au dessus du pommeau, sur l'avant bras.

Botte offensive contre défensive... Un prêté pour un rendu...

Avec un petit sourire taquin, il se remet en garde. Ses deux mains lui font mal. L'entaille à son bras gauche se fait lancinante, mais il ne se déconcentre pas. Heureusement que ces lames ne sont pas bien lourdes finalement, sinon, il n'en aurait pas supporté le poids de son poignet foulé, mais Kay ne lui laisse guère le choix. C'est qu'elle est vivace la tigresse!

[résultat 8]

"Redoutable. Cette fille est dangeureuse"

Sous ses dehors fragiles de jeune femme, la Belle a l'agilité et la précision mortelle d'un prédateur sans pitié. Même si son bras en gardera trace sans doute à tout jamais, et que pour l'instant, il cherche à le déconcentrer par des lancements douloureux, c'est quelque chose que le Chauve apprécie grandement. Ce côté de fauve qui préfère mourir plutôt que de se rendre. Pas un orgueil démesuré, non, ce que Gorborenne perçoit au fond des yeux de Kay, c'est cette fierté de celui qui combat jusqu'à son dernier souffle, faisant payer chèrement chaque pouce de terrain à son adversaire. Même dos au mur, elle n'en serait que plus redoutable.

La pluie... Elle se fait plus présente dans le champ de perception du Chauve en même temps qu'un souvenir s'agite devant ses yeux. Un pont sur l'Oise, un orage violent, quelques semaines plus tôt. Lui aussi alors avait refuser de céder face à ses ennemis. De ça aussi son corps en garde quelques cicatrices auxquelles viendront se joindre celle laissée par Kay.

Kay... Il focalise son attention sur elle. La Belle semble avoir perdu un peu de sa contenance. Ses yeux toujours plongés dans ceux de son adversaire, voir les nuances agiter des éclairs tantôt de rage, tantôt de glace au fond du regard de la Belle lui suffit presque pour anticiper ses mouvements. Un rictus de colère mêlé au ruissellement de l'eau sur son visage se forme peu à peu pour lui donner une grâce de saint courroux. Seulement, quand le corps suit des impulsions et non des ordres, il se met à agir de façon plus mécanique et prévisible.

Taille à gauche, deux fois à droite, en haut puis d'estoc, les enchaînement se répètent, le rythme s'accélère mais la mélodie ne varie plus. Puis elle recule, sa garde légèrement s'abaisse, le Chauve y voit l'ouverture qu'il attendait et s'y engouffre de quelques moulinets. Elle pare, vivace et rapide, mais cette fois, c'est Gorborenne qui mène la danse et porte les passes où il veut.

Malgré la foulure à son poignet, il commence à sentir les possibilités qu'offrent la légèreté et la souplesse de la rapière. Même si la vitesse de frappe importe toujours, quelque soit l'arme. Dans le cas d'une bâtarde, ou même d'une hache, c'est la force d'impact due au poids de l'acier qui importe. Ici, tout est une question de cadence et de mouvement. L'épée offre des valses lentes, la rapière des gigues effrénées.

Musicien à ses heures, le Chauve sait aussi quand vient le temps de la dernière mesure. Les lames chantent leur duo final, accélérant la course. Taille, estoc, feinte, taille, moulinet, enroulement de la garde et ... salut. D'une petit impulsion du poignet, Gorborenne accroche la rapière de Kay du bout de sa lame et l'envoie voltiger dans les airs.

Douleur due à la foulure? Le fait de ne vouloir faire cavalier seul alors que la danse se termine et que la cavalière à mal au pieds? Simple geste mû par un quelconque subconscient poétique? Toujours est-il que sans vraiment le vouloir, le Chauve lâche son espadon au moment même où il arrache celui de la Belle et les deux s'envolent côté à côte pour venir se planter dans la terre détrempée du terrain à deux bonnes toises de là.

Pourquoi il a lâché? Lui-même ne pourrait le dire. Son regard étonné quitte les deux rapières plantées pour revenir sur celui de Kay. D'un petit mouvement de la tête, il salue avec un sourire où la moquerie et la provocation ont fait place au respect échu à un valeureux adversaire.

- Damoiselle, tournoyer en votre compagnie fût un honneur. Et si notre Ménestrel de Maistre d'Armes nous entraine sur un autre mouvement, ce serait pour moi un grand plaisir que d'exécuter avec vous une autre de ses danses endiablées.

J'avais visée juste, les parties était sensibles et je vis, satisfaite de moi, passé une lueur d'orgueil dans le regard de Théo.

Citation :

Comment as tu osé?

Me dit il. Aurais je outré le Baron? La réflexion me fis sourire mais je restais attentive à ses coups; Le bougre voulait mener la danse car cela y ressemblait fortement. Une sorte de ballet à deux, rythmé par le choc des rencontres de nos lames. Le rythme devenait intense, il ne voulait me laisser aucun répits et je tachais de ne pas faiblir quand...il me fis se sourire qui me déconcentra un instant. L'inattention fut brève mais fatale...Je vis s'envoler ma lame dans les airs et sentie aussitôt la sienne sur mon sein...

Citation :

Touchée! Tu m'a mené la vie dure, Ode, mais il ne fallait pas me provoquer...

Touchée, oui je l'étais et vexée de mettre laissé avoir. Petit pincement des lèvres et je m'inclinais à mon tour, après tout le combat avait été intéressant et Theo, un très bon cavalier.

Bien joué Théo, lui dis je d'un ton enjoué mais la prochaine fois, c'est moi qui te vaincrais!
Petit air de défi et sourire charmeur, j'aurais plaisir à recroiser le fer avec lui.